Une leçon de "Diplomatie" magistrale

Diplomatie

L'action de "Diplomatie" se déroule la nuit du 24 au 25 août 1944. Le général Von Choltitz est gouverneur de Paris et se prépare, sur ordre d’Hitler, à commander la mise à feu de bombes placés sous les ponts de la Ville Lumière, pour détruire Paris avant l'arrivée des alliés... Le consul de Suède Raoul Nordling, amoureux de la capitale, s'introduit au Quartier général de Von Choltitz pour tenter de le dissuader de mettre son plan à exécution...

A l'origine, "Diplomatie" est une pièce de théâtre de Cyril Gély, André Dussolier et Niels Arestrup l'ont joué plus de 200 fois sur les planches. Et c'est Volker Schlöndorff, cinéaste allemand polyglotte qui a autant fait carrière dans son propre pays qu'en France qui s'est emparé de ce sujet franco-allemand pour son nouveau film.

Schlöndorff est "the right man at the right place" : parfaitement à l’aise dans les deux cultures, sensible et raffiné, le cinéaste orchestre ce bras-de-fer psychologique entre les deux hommes de main de maître. Certes, "Diplomatie", c’est du théâtre filmé, mais quand il est filmé avec autant d’intelligence, quand le texte est de cette qualité, et que les deux acteurs sont au sommet de leur art, c’est un véritable régal.

The Monuments Men

A la fin de la Seconde Guerre Mondiale, Frank Stokes (George Clooney) est chargé d’une mission délicate : constituer une équipe d’historiens de l’art, de conservateurs de musée, bref de spécialistes pour tenter de sauver ce qui peut l’être du patrimoine culturel européen. Car les Nazis sont en train de faire main basse sur les trésors artistiques des différentes villes pour satisfaire le grand fantasme d’Hitler, à savoir créer son propre musée… Voilà donc ces hommes – dont un Anglais (Hugh Bonneville) et un Français (Jean Dujardin)- s’improviser soldats et partir vers la Belgique, la France et l’Allemagne pour sauver "L’agneau mystique" de Van Eyck et la Madone de Michel-Ange…

Sur le papier, "The Monuments Men" donne l’eau à la bouche : un bon sujet, et un casting trois étoiles (Clooney, Matt Damon, Bill Murray, John Goodman, Cate Blanchett…). Au début du film, on voit que le beau George veut renouer avec le bon vieux film d’action "à l’ancienne", façon "les sept mercenaires" ou "les douze salopards"… Mais d’action, hélas, il n’y en a guère dans son film : la mise en place est laborieuse, chaque membre de l’équipe a droit à sa petite scène de bravoure, le tout est entrecoupé de laïus sur l’importance de la sauvegarde du patrimoine de l’humanité… Tout cela est très convenu, très laborieux, jamais passionnant. Un coup d’épée dans l’eau. Dommage.

La cour de Babel

Ils sont une vingtaine de jeunes adolescents. Ils viennent de Chine, du Mali, d’Ukraine, de Tunisie, du Sri Lanka… Ils arrivent dans une classe d’accueil d’un lycée parisien. L’objectif de leur professeur ? Les familiariser avec la langue française pour qu’ils puissent rejoindre l’enseignement général.

La réalisatrice Julie Bertuccelli a observé ces enfants de vingt nationalités différentes pendant une année scolaire : les efforts pour s’intégrer, leur jusqu’auboutisme pour trouver leur place dans la classe. Elle les suit pendant et en dehors des cours, observe les rencontres parents/professeur…

Dès le début de son documentaire, elle trouve la bonne distance : sa caméra est empathique sans condescendance ni angélisme, son regard est curieux sans voyeurisme… "La cour de Babel" (le jeu de mots du titre est parfait) est un film passionnant et émouvant, qui redonne foi en l’école. En son temps, Laurent Cantet avait remporté la Palme d’Or avec "Entre les murs". Julie Bertuccelli réussit un film de cette trempe, avec, de surcroît, le parfum unique de l’authenticité.

Hugues Dayez

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