Coronavirus en Belgique
D’une « légère grippe » au « pays le plus touché » : les déclarations, les mesures… et puis les chiffres
« On est à un tournant parce qu’il y a deux cas de figure qui peuvent se produire. Soit il y a des chaînes de transmission qui se déroulent en dehors de la Chine, des chaînes qui n’ont pas pu être identifiées […] et ce que l’on voit, c’est juste la partie émergée de l’iceberg d’une transmission plus importante. Soit on arrive à contrôler toutes ces introductions en provenance de Chine dans les pays avoisinants. »
Ces propos, tenus par Marius Gilbert au micro de la RTBF, datent du 10 février 2020. Il y a tout juste un an. À l’époque, le virus SARS-CoV-2 est comparé à « une légère grippe ». Il n’est alors pas question de fermer les écoles et la notion de commerces « non essentiels » nous est encore totalement inconnue.
Les événements ont pris un ton bien plus sombre au fil des semaines au fur et à mesure que la première hypothèse avancée par l’épidémiologiste de l’ULB se réalisait. La Belgique a traversé une crise inédite ces douze derniers mois. Quels sont les experts qui, les premiers, nous ont avertis du danger ? Comment a réagi le monde politique face à cette menace inconnue ? Quels enseignements pouvons-nous tirer des douze premiers mois de cette crise ?
Nous avons passé en revue toute l’actualité autour du Covid-19 entre janvier et décembre 2020. Depuis la confiance du début de l’année face à une « pneumonie » venue de Chine jusqu’à la deuxième vague, en passant par le confinement du mois de mars et le répit accordé par l’été.
Nous avons sélectionné des données qui nous sont, pour certaines, devenues familières. Et nous les avons mises en regard avec des moments clés de l’actualité sur une ligne du temps. L’objectif est ici de mettre en perspective les faits et les décisions avec les chiffres suivants :
- Le taux de reproduction du virus tel que calculé à la date de l’événement sélectionné. Ce chiffre indique le nombre de personnes qui peuvent être infectées, en moyenne, par une personne porteuse de la maladie. L’objectif a toujours été de le maintenir en dessous de 1 pour limiter la propagation de la maladie. Sciensano a commencé à publier cette donnée à partir du 23 mars 2020 ;
- Le nombre total de patients hospitalisés à la date concernée. Un enjeu majeur dans la mesure où le but du confinement, sorte de frein d’urgence avant de se prendre un mur, est avant tout d’éviter la saturation de notre système de santé ;
- Le nombre de décès enregistrés à la date concernée ;
- Et enfin, c’est ce qui apparaît en grand sous vos yeux ci-dessous, la courbe des décès quotidiens. D’un point de vue épidémiologique, ce n’est pas le principal indicateur pour suivre l’évolution de l’épidémie. Dans le fil des événements, les décès arrivent en dernier lieu, après la hausse des contaminations et des hospitalisations. Mais c’est sans doute le chiffre le plus frappant au cours de cette crise qui a fait à ce jour plus de 21.000 morts. Cette courbe est exprimée en moyenne glissante sur sept jours pour « lisser » les fluctuations d’un jour à l’autre.
26/01
Des premiers cas hors de Chine
Tout commence par un discours confiant porté par Maggie De Block. Des premiers cas ont été détectés hors de Chine, mais la ministre fédérale de la Santé insiste : « Nous avons pris toutes les mesures de précaution ».
De premières voix s’élèvent pour affirmer que la question n’est pas de savoir si le virus touchera notre pays, mais quand. Les autorités se disent « vigilantes ». Le 30 janvier, le nom de domaine « info-coronavirus.be » est enregistré par le fédéral. Le même jour, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) déclare l’épidémie « urgence de santé publique de portée internationale ».
04/02
Un premier cas diagnostiqué en Belgique
Un test de dépistage du Covid-19 réalisé en Belgique se révèle positif. Le patient est un quinquagénaire originaire de Flandre occidentale revenu début février de Chine. L’homme, qui ne présente aucun symptôme, est aussitôt hospitalisé. Son isolement se termine deux semaines plus tard avec cette promesse de l’intéressé : « Je vais d’abord rendre visite à mes parents et ensuite je vais manger une pita et boire une bière. »
« Nous avons pris toutes les précautions. Nous avons un comité scientifique qui suit ce qu’il se passe », lance Maggie De Block, toujours rassurante.
10/02
Marius Gilbert, Emmanuel André… L’émergence médiatique des Experts Covid-19
Ils commencent à défiler dans les médias, au moment où l’OMS parle de « très grave menace pour le monde ». On ignore alors que leurs visages vont nous devenir familiers, qu’ils seront presque des stars quelques semaines plus tard. Marius Gilbert, Emmanuel André, Marc Van Ranst… Ces spécialistes quittent leur laboratoire pour nous expliquer le danger qui vient.
Le 10 février, Marius Gilbert, épidémiologiste à l’Université Libre de Bruxelles, estime que la Belgique « est à un tournant ». Trois jours plus tard, Emmanuel André, médecin microbiologiste à la KULeuven, déclare pour sa part que « la Belgique a encore du temps. On essaie encore d’en gagner, pour pouvoir mieux se préparer, mieux voir l’épidémie naturellement diminuer ».
24/02
Porter ou ne pas porter un masque ?
Pour l’épidémiologiste Marc Van Ranst, il ne faut certainement pas passer sa vie avec un masque sur le visage. Cela serait même selon lui très peu utile. « Cela ne met pas à l’abri de l’épidémie. Par contre, le masque est judicieux pour les personnes potentiellement contaminées, qui toussent et qui éternuent. Cela pourra éviter une transmission à d’autres », nuance-t-il fin février.
25/02
La stratégique « pas de panique »
Ça y est, la Belgique a un plan. Alors que des centaines de touristes sont placés en quarantaine dans un hôtel de Tenerife, Maggie De Block présente sa stratégie en trois phases. Le pays reste en phase 1, celle qui vise à « maintenir le virus hors du pays le plus longtemps possible grâce à une surveillance adéquate du territoire ».
Pendant ce temps, des Belges profitent de leurs vacances de carnaval un peu partout en Europe, notamment dans des stations de ski italiennes où le virus se propage. À tous les niveaux de pouvoir, on invite à ne pas céder à la panique. « Nous comprenons l’inquiétude, mais il faut rester calme », rassure le SPF Santé publique.
28/02
La première lettre ouverte de Marc Wathelet
Une voix discordante émerge dans le discours médiatique, celle de Marc Wathelet. Ce docteur en science adresse une lettre ouverte à Maggie De Block. Le texte est publié dans plusieurs médias, dont la RTBF. Il met en garde la ministre de la Santé : « Vos déclarations publiques suggèrent que vous n’appréhendez pas complètement la nature du danger auquel la Belgique et le reste du monde font face. »
Il se livre à une série de calculs, évoque une échelle logarithmique et un « nombre de reproduction » encore mal connu du grand public. Avant de poser cette question qui deviendra centrale quelques semaines plus tard : « À partir de combien de cas symptomatiques le système hospitalier belge viendrait-il à court de lits d’hôpitaux pour les cas sévères et les cas critiques ? » Réponse de Maggie De Block, dans un tweet depuis effacé : « Nog een drama queen. » (encore une drama queen en français).
01/03
Et si c’était un peu inquiétant finalement ?
Olivier Maingain (DéFI), bourgmestre de Woluwe-Saint-Lambert, est le premier à esquisser un début de confinement. Il prend un arrêté de police interdisant à toute personne revenant d’un voyage privé ou professionnel dans une zone à haut risque d’accéder à une série de lieux publics. Une mesure qualifiée de « disproportionnée » par Maggie De Block.
La Belgique passe à ce moment-là en phase 2. Maintenant que le virus est identifié sur le territoire, il faut éviter sa propagation. À ce moment-là, on espère encore isoler les malades. Mais faute de tests massifs et sans dépistage des asymptomatiques, la tâche relève de l’impossible.
Sur le plateau du journal télévisé de la RTBF, le virologue Steven Van Gucht exclut de « fermer des entreprises ou de faire des quarantaines d’un village ou d’une ville parce qu’on trouve que ça n’a pas de sens en Belgique, sûrement pas à ce stade de l’épidémie et peut-être même pas dans une prochaine phase. » Le 5 mars à la Chambre, la ministre de la Santé qualifie le Covid-19 de « nouvelle forme de grippe modérée » appelée à devenir saisonnière.
08/03
Un confinement ? « Notre pays est trop petit pour ça »
La situation s’aggrave dans le nord de l’Italie où 10 millions d’habitants sont placés en confinement. Sera-ce bientôt le tour de la Belgique ? « Dans le contexte belge, ça n’a que peu de sens de prendre des mesures comme en Italie. Notre pays est trop petit pour ça. Tout est connecté. Nous n’avons pas de zones séparées des autres », déclare Steven Van Gucht. Le 9 mars, notre pays reste en phase 2, mais « renforcée ».
La Foire du livre est maintenue, tout comme le salon Batibouw. Le 10 mars, le discours change un peu : les rassemblements couverts de plus de 1000 personnes sont déconseillés, le télétravail est encouragé. Mais les écoles restent ouvertes.
10/03
Un premier décès enregistré par Sciensano
Sciensano comptabilise une première victime du virus. Il s’agit d’une femme âgée de 90 ans qui présentait plusieurs pathologies chroniques. À cette époque, le comptage des cas est encore balbutiant. Les tests positifs se comptent en dizaines, puis en centaines. Il faudra attendre plusieurs semaines et l’appel de scientifiques et de médias pour que certains chiffres soient mis en accès libre pour tous, scientifiques, journalistes et citoyens.
12/03
Un Conseil national de sécurité qui entre dans l’histoire
Le 11 mars, dans De Morgen, le virologue Marc Van Ranst durcit le ton : « Si les politiques ne veulent pas le dire, alors je le fais, il faut interdire tous les événements. ». Une voix qui tranche avec l’attitude des élus au nord et au sud du pays. Bart De Wever (N-VA), bourgmestre d’Anvers, craint que l’annulation des rassemblements de plus de 1000 personnes en intérieur ne crée « un bain de sang économique ». Quant à Philippe Close (PS), bourgmestre de Bruxelles, il ne veut pas d’une ville morte et d’un pays qui ne bouge plus ».
Le 12 mars en fin de soirée, le verdict tombe : fermeture des restaurants, fermeture des magasins non essentiels le week-end, suspension des cours dans les écoles… Sophie Wilmès présente des mesures inédites dans l’histoire de la Belgique qui entreront en vigueur les jours suivants. Le 15 mars, le gouvernement fédéral en affaires courantes obtient les pouvoirs spéciaux pour 6 mois.
17/03
Des vies suspendues à des courbes sur des graphiques
Le premier confinement démarre officiellement dans 24 heures. Pour la première fois, une conférence de presse du centre de crise est diffusée sur la chaîne YouTube du SPF Santé. Les Belges vivent alors au rythme des chiffres et des courbes dans la crainte d’un désastre qu’on ne cesse de prédire. Le système de santé sera-t-il saturé ? Nos efforts suffiront-ils à aplatir la courbe ? Les masques manquent, leur prix s’envole, mais la solidarité s’organise. On applaudit au balcon pour encourager le personnel soignant, on apprend à jongler entre télétravail – pour ceux qui peuvent se le permettre – et organisation de la vie confinée.
23/03
Les premières polémiques : pas de masques, pas de tests, pas de plan
La Belgique, comme ses voisins européens, fait face à une pénurie de masques. Le 21 mars, 5 millions d’exemplaires sont livrés depuis la Chine. Problème : il s’agit de masques chirurgicaux et pas de masques FFP2. D’autres cargaisons arriveront dans les jours qui suivent, à flux tendus dans un contexte de concurrence entre pays. Mais aurait-on pu éviter cette situation ? Le 23 mars, on apprend que la Belgique a détruit plusieurs millions de masques arrivés à leur date de péremption en 2019.
Marius Gilbert déplore aussi qu’« on n’avait pas anticipé des tests massifs au moment où la maladie a été introduite sur notre territoire. C’est ce qui explique qu’on est contraint de devoir donner la priorité aux patients dans des situations sévères ».
24/03
Les maisons de repos abandonnées
« Pas de panique, nous sommes habitués à gérer des virus », disait Vincent Fredericq, secrétaire général de Fermabel, la fédération qui joue un rôle dans la prise en charge des personnes âgées, le 2 mars. En quelques semaines, le discours a bien changé. Des résidents de maisons de repos sont infectés par le Covid-19. Le 24 mars, la société belge de Gérontologie et de Gériatrie adresse une directive aux médecins invitant à ne pas hospitaliser les patients âgés affaiblis.
« Il n’est pas question que les personnes âgées, malades et en détresse respiratoire, ne soient pas hospitalisées parce qu’elles sont âgées ou en maison de repos », dénonce Christie Morreale (PS), la ministre de la Santé en Wallonie. Pendant que ces établissements sont qualifiés de « bombes à retardement de l’épidémie », un dépistage systématique s’organise. Pas de quoi éviter une augmentation du nombre de cas et de décès. À certains endroits, l’armée est appelée en renfort.
29/03
Le cap des 1000 décès est atteint
Selon les chiffres consolidés de Sciensano, un premier seuil symbolique est atteint fin mars. Sur le moment, la situation est floue. Le nombre de décès fait l’objet de vives discussions pendant la première vague. Comment les comptabiliser au plus juste ? Le monde entier a alors les yeux tournés vers la Belgique qui apparait comme le pays « le plus touché par le coronavirus ».
08/04
« La situation semble s’approcher d’un pic »
Après une première lueur d’espoir le 6 avril où « on s’oriente vers une stabilisation », la tendance se confirme deux jours plus tard. Le nombre total d’hospitalisations diminue pour la première fois. « Il est important de maintenir les efforts que nous faisons », tempère cependant Emmanuel André, alors porte-parole interfédéral de la lutte contre le Covid-19.
10/04
Ça va (un peu) mieux… et si on déconfinait ?
Presque un mois après l’annonce du premier confinement, plusieurs secteurs demandent un déconfinement progressif à partir du 20 avril. Pour les spécialistes, c’est trop tôt, il faut tenir bon même si le temps printanier donne envie de sortir. Steven Van Gucht en appelle à la patience : « Il est normal que les gens se lassent des mesures. Mais nous devons être conscients que le virus continue de circuler. Si nous devenons plus laxistes maintenant, nous en verrons les effets dans deux semaines. »
« Cela fait une semaine qu’on est sur un plateau au niveau du nombre d’hospitalisations nettes, et ce plateau est plutôt préoccupant car il faut qu’une descente s’amorce avant qu’on puisse parler de déconfinement », explique Simon Dellicour, épidémiologiste à l’ULB, le 12 avril.
15/04
« Nous n’en sommes pas arrivés au stade du déconfinement »
Sophie Wilmès douche les espoirs de la population en annonçant une prolongation du confinement jusqu’au 3 mai. Une demi-surprise étant donné la situation à la mi-avril, mais qui pèse sur le moral des Belges. Le fédéral autorise alors la réouverture des magasins de bricolage et des jardineries à partir du 20 avril.
La suspension des cours est elle aussi prolongée. Et, c’est historique, tous les examens de primaire et de secondaire sont annulés.
16/04
« Le gouvernement belge n’a rien vu venir »
Les autorités belges auraient-elles pu être mieux préparées à l’arrivée du Covid-19 sur le territoire ? Pour Nathanael Goldman, médecin installé à Shangaï, c’est oui. Dans le courant du mois de février, il a publié des vidéos sur YouTube pour faire le point sur une situation tendue qui pourrait atteindre l’Europe. « Le 23 janvier, Wuhan ferme. Ça pour moi, c’est un fait majeur », explique-t-il par la suite à la RTBF.
Le médecin poursuit : « Entre la fin du mois de janvier, quand on a eu l’information, et la mise en place du confinement, un mois et demi s’est écoulé. Qu’est-ce qu’on a fait pendant cette période ? Maggie De Block et d’autres disent qu’ils ont beaucoup travaillé. Qu’ont-ils fait pour éviter la situation actuelle ? On vit dans une démocratie, on se doit de faire la vérité par respect pour les personnes qui sont mortes et les familles endeuillées. »
Certaines réponses politiques arrivent au compte-goutte, dont celle de Jan Jambon (N-VA), ministre-président flamand, le 17 avril : « Nous aussi, les autorités, faisons des erreurs. Experts et politiques sont également des humains, qui font de leur mieux pour gérer cette crise, que l’on n’avait jamais connue. »
24/04
Bientôt, la liberté (surveillée)
Après des semaines d’efforts, place au plan de déconfinement. Sophie Wilmès se livre à un difficile exercice de communication, deux jours après la fuite dans les médias de la première version d’un rapport rédigé par les experts chargés de penser « l’Exit strategy », le GEES.
Une fois encore, l’annonce est tardive. Il faut attendre jusqu’à 22h pour découvrir les détails de cette remise en marche des activités. Il y a des promesses (dont un retour progressif à l’école le 18 mai, sans oublier - certains en rient encore - le kayak) et des hypothèses (une reprise de l’Horeca le 8 juin si les conditions le permettent).
Pour y parvenir, les différents gouvernements tentent de mettre en œuvre le triptyque de l’OMS : tester, tracer, isoler. Il sera aussi obligatoire de porter un masque dans les transports en commun. Communes, Régions, Fédéral, associations, entreprises… tous se mettent à en commander en ordre dispersé.
26/04
Yves Van Laethem remplace Emmanuel André
Les tensions entre politiques et experts auront agité la première vague. Le 24 avril, Emmanuel André, le porte-parole qui avait accompagné les citoyens pendant plusieurs semaines, est absent de la traditionnelle conférence de presse. « Nous sommes passés dans une autre phase de l’épidémie, une phase qui prendra du temps. C’est le moment pour moi de prendre quelques jours avec mes enfants que je n’ai pas beaucoup vus ces derniers mois, et de repenser la façon dont je pourrai continuer à contribuer à l’avenir », écrit-il sur Twitter.
Yves Van Laethem le remplace deux jours plus tard. Autre ton, autre style pour cet infectiologue et spécialiste en médecine interne du CHU Saint-Pierre reconnaissable à ses lunettes aux verres fumés. Le médecin se tient à distance des réseaux sociaux… où ses conseils pour « vivre avec le virus » seront abondamment parodiés. Par exemple avec cette chanson du « Grand Cactus » en octobre 2020.
04/05
La liberté à pas de loup, début du déconfinement
Après plus d’un mois et demi de confinement, ce nouveau terme qui a mis la vie sur pause, la population entrevoit un retour à la liberté. Mais prudence. Hors de question de prendre à la légère un risque de rebond de l’épidémie. Après le confinement soudain, le déconfinement va se faire très progressivement, par « phases ». Et d’ailleurs ce 4 mai ce ne sont que les entreprises en B2B qui peuvent reprendre du service.
Ce déconfinement doit aussi être accompagné de « garanties »... et de matériel de protection pour la population. Alors que l’on a manqué cruellement de masques au cours des derniers mois, ils vont maintenant pouvoir être vendus à la population directement dans les supermarchés. Cela ne se passe pas sans remous, plusieurs experts, dont Jean-Luc Gala, dénoncent « la piètre qualité » de ces masques.
07/05
« Faire semblant que les masques ne seraient pas soumis à l’offre et la demande, ce serait mentir à la population »
Avec le début des libertés retrouvées viennent aussi les premiers questionnements. Le cas de la pénurie des masques scandalise dès le mois de mars. La pénurie des masques, des réactifs pour tester ou encore des écouvillons a été mondiale. Mais comment est-ce possible que nous nous soyons retrouvés dans cette situation ? À qui la faute ?
Sophie Wilmès n’échappe pas aux questions de la Chambre. Sur la pénurie des masques, la Première ministre répond : « Faire semblant que les masques ne seraient pas soumis à l’offre et la demande, ce serait mentir à la population. »
09/05
Voir ceux et celles qu’on aime, « un déplacement essentiel »
Le 9 mai c’est la fête des mères. Cela fait un moment que les réunions familiales ont dû être annulées à cause de ce satané virus. Alors que les courbes du coronavirus ralentissent, des voix commencent à s’élever pour avoir l’autorisation de célébrer ne serait-ce qu’un moment en famille à cette occasion. Un appel entendu par la Première ministre.
Avec cette nouvelle phase de déconfinement, c’est le début de la bulle sociale à 4 personnes. Si cette annonce est une bonne nouvelle, c’est aussi le début du casse-tête pour dessiner les plans de tables. Mais « on a estimé qu’aller voir les gens qu’on aime est un déplacement essentiel », dit la Première.
11/05
Shopping, bulle sociale et prévention
Après les plans de table et le goûter avec distanciation, place cette fois au « vrai » bol d’air. Ce lundi, les commerces non essentiels rouvrent leurs portes et font face à des files interminables. Mais c’est un nouveau monde qui attend la population : distanciation sociale et gel hydroalcoolique à l’entrée des magasins, une personne par 10m2 et pas plus de 30 minutes. Le port du masque n’est pas obligatoire mais il est « fortement recommandé ». C’est donc un bol d’air assorti d’une multitude d’appels à la vigilance. D’ailleurs, le porte-parole du centre de crise, Yves Van Laethem prévient : « Une deuxième vague, ça peut arriver très vite, dès mai ou juin si nous ne respectons pas les gestes barrières. »
18/05
Rentrée scolaire et métiers de contacts
Avec le confinement, ce sont aussi les écoles du pays qui ont dû fermer. Ce lundi, des centaines d’élèves vont pouvoir retourner sur les bancs de l’école. Mais c’est un retour tout en prudence et non dénué de polémiques.
Pour rouvrir, les écoles doivent être équipées de matériel de protection. Approvisionner les établissements n’est pas simple. Le matériel arrivera in extremis, à la veille de la rentrée. À noter, cette phase 2 du déconfinement marque aussi la réouverture des métiers de contacts comme les coiffeurs, les esthéticiennes. Les musées et les salles de sport peuvent rouvrir. Les mariages et réceptions avec un maximum de 30 personnes sont autorisés.
20/05
La haie du déshonneur
Alors que Sophie Wilmès se rend à l’hôpital Saint-Pierre de Bruxelles, le comité d’accueil est pour le moins glacial. Le personnel soignant tourne le dos à la Première ministre. L’image fait le tour des médias étrangers. Cela fait maintenant plus de deux mois que le personnel soignant est sur le front. Certains chiffres parlent de 600 soignants décédés du Covid-19.
08/06
Sophie Wilmès : « Désormais la liberté est la règle et les interdictions constituent l’exception »
Waar is da feestje ? Ce lundi, c’est une bonne vieille drache qui recouvre le pays . Qu’à cela ne tienne, c’est aussi le jour où l’horeca va pouvoir rouvrir ses portes. De même que la culture et les sports. C’est la phase 3 du déconfinement. Pour l’heure, la diminution des contaminations a ralenti. « Ce n’est pas inquiétant », réagit le porte-parole du centre de crise, Steven Van Gucht. Alors place aux libertés, maitrisées certes, mais libertés quand même. D’ailleurs, Sophie Wilmès le dit, « désormais la liberté est la règle, les interdictions constituent l’exception ».
15/06
Ouverture des frontières européennes
La Belgique ouvre ses frontières avec l’Union européenne, offrant ainsi la perspective des voyages et déplacements.
Un parfum d’été règne. D’ailleurs, Sciensano, annonce le 22 juin, passer « en mode été ».
27/06
Le défi du suivi de contact
En Wallonie, on annonce que 3/4 des « traceurs » des call centers vont être remerciés sur les 400 personnes employées à cette tâche. Depuis quelques jours, le personnel des call centers se plaint que le travail manque. La situation sanitaire est pour l’heure assez favorable.
Il faut dire que le suivi de contact est en quelque sorte « mal né ». Dès l’évocation de sa mise en place, la question épineuse de la protection des données émerge. Que ce soit pour l’application Coronalert ou pour les call centers la mise en place est laborieuse et les retards s’accumulent. Il faut parfois plusieurs jours avant d’être mis au courant lorsque l’on a été cas contact, le suivi des quarantaines n’est pas optimal et certaines personnes passent entre les mailles du filet. Quant à l’application, elle ne sera pas opérationnelle au cours de l’été et son lancement est reporté plusieurs fois, jusqu’à fin septembre, soit bien après les retours de vacances.
01/07
Phase 4 du déconfinement
C’est le lancement de la phase 4 du déconfinement. La bulle passe de 10 à 15 personnes. Piscines, salles de cinéma et de spectacle sont autorisés à rouvrir. Les salles de réception peuvent accueillir jusqu’à 50 personnes. Les événements peuvent réunir 200 personnes en intérieur et 400 personnes en extérieur. Malgré des appels à la prudence, le déconfinement se passe relativement bien et peut donc se poursuivre. L’été marque aussi le début des déplacements de population vers l’étranger.
17/07
« Deuxième vague » ? « Vaguelette » ? « Rebond post-première vague » ?
Depuis le 12 juillet, on enregistre une augmentation des cas. Dès le 14 juillet, on parle de l’émergence d’un foyer en Flandre. Mais les experts peinent à s’entendre sur l’intensité du rebond. Le 16 juillet, pour la première fois depuis le 4 avril, le taux de reproduction est supérieur à 1 et 69% des nouvelles contaminations sont situées en Flandre.
20/07
L’insouciance de l’été
Le virus semble bien loin. Marius Gilbert s’en inquiète : « On se donne quelques jours, voire une semaine, mais on ne va pas attendre fin août pour réagir. La norme s’est complètement déplacée dans les cercles sociaux, on s’embrasse à nouveau, etc. comme s’il n’y avait plus rien. Il faut ramener la norme vers quelque chose de beaucoup plus sûr en matière de transmission. »
22/07
Anvers à l’action
Face à la recrudescence des cas principalement concentrée dans la province d’Anvers plusieurs actions sont prises, tant par la gouverneure de la province Cathy Berx que par le bourgmestre Bart De Wever. Un quart des nouvelles contaminations se situe en province d’Anvers. Alors on réagit, rapidement. Le 22 juillet, on annonce notamment l’interdiction de vente d’alcool entre minuit et 6h du matin et le renforcement des contrôles de l’Horeca. Objectif ? Eviter les rassemblements à la fermeture des établissements. Des mesures qui visent les fêtards. La majorité des cas se situe alors chez les 20-29 ans.
Dans les jours qui suivent, les mesures se succèdent. Le 25 juillet, la bulle de contact est réduite, elle passe de 15 à 10 personnes. Le 29 juillet, à Anvers, un couvre-feu est imposé dès 23h30, les tables au restaurant sont limitées à 4 personnes et le port du masque est généralisé. Et en cas de non-respect, l’amende est salée : jusqu’à 1600 euros. Le 30 juillet c’est un « village testing » qui est installé pour dépister massivement.
27/07
Conseil national de sécurité au pas de charge
Ce 27 juillet on va faire un pas en arrière, mesuré mais en arrière quand même. Un conseil national de sécurité est réuni en urgence, sous pression de la Flandre, notamment de son ministre-président Jan Jambon.
Résultat : le Conseil national de sécurité décide de réduire la bulle sociale de 15 à 5 personnes par foyer. Les événements publics peuvent accueillir 100 personnes en intérieur et 200 en extérieur. Les événements privés ne peuvent excéder 10 personnes Et, à quelques jours des soldes, c’est la fin du « fun shopping » puisque l’on ne peut faire ses courses que seul et pas plus de 30 min. La fête n’est pas finie, mais on coupe le son.
28/07
Anvers vs. Bruxelles : le Covid est une affaire politique
Pour Bart De Wever, « le désavantage à Anvers, c’est que les foyers sont vite mis en lumière et la ville est ainsi pointée du doigt. Je le regrette profondément et je trouve que certaines déclarations politiques sont en dessous de tout niveau ».
Réponse d’Ahmed Laaouej : « Acculé et mis face à ses responsabilités, le Bourgmestre d’Anvers préfère pointer Bruxelles et les autres grandes villes. Qu’il assume ses responsabilités au lieu de persiffler ». Une joute verbale qui montre aussi que le coronavirus est une affaire d’image politique. C’est à savoir qui gère le mieux la crise. D’ailleurs, la cote de popularité de Sophie Wilmès, Première ministre par interim propulsée capitaine du navire en pleine pandémie, a explosé pour atteindre 55% d’opinions favorables en juin, selon le Soir.
Le fait est que, si Bart De Wever semble s’agacer que les regards soient braqués sur Anvers (par exemple, l’Allemagne place Anvers en zone rouge), il n’a pas vraiment tort puisque dès le 2 août, soit un peu moins d’une semaine après cet épisode, on constate une augmentation des cas dans la capitale.
31/07
Ostende et mouvements de foule
Alors que les chiffres sont de plus en plus préoccupants, c’est une foule importante qui se
retrouve bloquée dans la gare d’Ostende. Plusieurs trains sont supprimés, des milliers de touristes se retrouvent bloqués sans aucune distanciation sociale.
Au cours de l’été, plusieurs communes de la Côte vont prendre des mesures concernant le flux de personnes, par exemple le fait de devoir « réserver » sa place pour une escapade à Ostende ou encore l’interdiction des touristes d’une journée. Cette dernière mesure est notamment prise à Blankenberge où, comme on le voit dans la vidéo ci-dessus, une bagarre générale s’est produite début août.
07/08
L’épicentre de l’épidémie se dirige vers la capitale
À Anvers, l’épidémie semble ralentir, à peine trois semaines après une situation sanitaire inquiétante. En revanche, les cas explosent à Bruxelles.
« Au niveau local, cette tendance est variable : à Anvers, on constate une hausse actuellement ramenée à 10%. Ce qui est certainement le résultat des effets des mesures prises. Par contre, à Bruxelles, on remarque une augmentation soutenue de 150% par semaine. On constate une baisse des moyennes hebdomadaires en Flandre et au Limbourg », analyse Frédérique Jacobs, porte-parole du centre interfédéral de crise.
10/08
Frédérique Jacobs : « On s’écarte de la deuxième vague, la croissance exponentielle semble avoir été interrompue »
Entre le 7 et le 13 août Sciensano note une diminution de 5% des contaminations et un ralentissement des hospitalisations. En revanche, on observe une nette augmentation des décès : +115% entre le 7 et le 13 août par rapport à la semaine précédente. Rappelons qu’il y a toujours une latence entre les contaminations et l’augmentation de la courbe des décès.
19/08
L’adhésion de la population est partie en vacances
Si la situation sanitaire s’améliore, c’est en partie grâce aux mesures mises en place, mais aussi et
surtout à l’adhésion de la population pour les appliquer. Or, une étude de l’université de Gand montre que l’adhésion de la population est passée de 85% à 31% pendant l’été.
Maarten Vansteenkiste du groupe d’experts Psychologie et Corona plaide pour des mesures qui augmentent la satisfaction de la population et des perspectives et des informations précises. Parmi les idées évoquées : un code couleur indiquant la puissance de l’épidémie et le but à atteindre, afin de donner des perspectives.
21/08
« Nous devons apprendre à vivre avec le virus »
C’est un nouveau narratif qui apparaît en amont de la rentrée, celui de la « gestion de crise ». Dans cette même idée, le GEES (le groupe d’experts en charge de l’exit strategy, la stratégie de déconfinement) est remplacé par un organe consultatif, le Celeval. Ce dernier sera composé d’experts dont, pour la première fois, une psychologue, Ariane Bazan. Son rôle sera notamment de considérer l’impact des mesures sur le moral des Belges. La prise en compte de la psychologie de la population aura des répercussions sur la façon de prendre et de communiquer les nouvelles mesures.
25/08
Le défi du testing pour les retours de zones rouges
Alors que la rentrée approche, les autorités sont soumises à un autre défi ; celui du testing des personnes revenant de zones rouges. Au cours du mois d’août, ce sont près de 50.000 personnes qui sont revenues de ces zones à risques. Mais la capacité du testing est à la traîne, notamment à Bruxelles où les délais sont parfois longs pour obtenir des résultats. 20.000 tests par jour sont effectués en moyenne dans le pays et « l’objectif est d’arriver à 90.000 », indique Karine Moyskens présidente du comité interfédéral Testing et Tracing.
En attendant, et alors que les retours de vacances et la rentrée ont été pointés pendant l’été comme étant des périodes pouvant contenir des risques, Yves Van Laethem insiste : « Un test ne suffit pas, il faut rester en quarantaine pendant 14 jours. »
01/09
Caroline Désir : « Je ne m’attends pas à une année facile »
Ça y’est , c’est la rentrée et elle se fait en code jaune. Certains élèves n’ont pas mis les pieds à l’école depuis 6 mois. Les défis sont importants : il faut gérer une rentrée où le port du masque est obligatoire passé l’âge de 12 ans, la mise en place de gel hydroalcoolique un peu partout et le respect des gestes barrières.
Mais, cette fois, tous les élèves entrent en classe à raison de 5 jours par semaine. Seule exception pour les élèves qui reviennent de zones rouges : ils doivent respecter une quatorzaine. Le principe du code couleur permet de changer les règles dès que la situation sanitaire l’exige. Caroline Désir l’affirme : il faut rattraper le retard accumulé. Dès lors, même en code rouge, les élèves du secondaire seront, au moins à mi-temps, en présentiel. Mais la ministre le sait, l’année ne risque pas d’être « facile ».
09/09
Egbert Lachaert est positif au coronavirus
Nous sommes en pleine négociations fédérales pour la formation d’un gouvernement. Le gouvernement provisoire de Sophie Wilmès doit remettre les clés du pouvoir le 17 septembre, soit dans 11 jours. Oui mais voilà, le préformateur Egbert Lachaert est testé positif au coronavirus et doit se mettre en quatorzaine. Cela va bousculer l’agenda politique. Tous les présidents de partis et le Roi devront à leur tour effectuer un test qui s’avérera négatif. Mais ils doivent aussi tous se mettre en quatorzaine, même si certains sont plus réfractaires que d’autres, à l’instar de Georges-Louis Bouchez.
Quoi qu’il en soit, les négociations se poursuivent par vidéoconférence. En attendant, quid de la gouvernance ? Eh bien le gouvernement Wilmès finira par être prolongé jusqu’au 1er octobre. Une période de flottement politique où l’on ne prend pas de mesures pour tenter d’endiguer la propagation du virus qui repart à la hausse. Entre le 3 et le 9 septembre, Sciensano constate une augmentation de 38% des cas et de 58% des hospitalisations.
12/09
Emmanuel André : « On est toujours aussi inquiets, mais on ne voudrait pas agacer »
L’épidémie repart à la hausse en Belgique. Entre le 6 et le 12 septembre, les cas ont augmenté de 52% et les hospitalisations de 57%. Et cette fois les augmentations sont notables sur une vaste majorité du pays. Néanmoins, l’ambiance n’est pas la même que celle du milieu d’été. Tant les experts que les politiques semblent moins présents. Silence ne veut pas dire absence d’inquiétudes : Le virologue Emmanuel André ironise : « On est toujours aussi inquiets, mais on ne voudrait pas agacer. » Il évoque aussi le fait que plusieurs experts ont été placés sous protection policière au début du mois. « Dans un pays où il faut une protection policière pour protéger ceux qui s’expriment, on peut comprendre que certains hésitent à s’exprimer non ? ». Ambiance.
15/09
Yves Van Laethem : « On est au seuil de la deuxième vaguelette de l’été »
L’inquiétude du côté des experts commence à se faire sentir. Face à l’augmentation des cas, mais « l’alchimie est délicate » comme le dit Yves Van Laethem. C’est qu’il faut aussi maintenir l’adhésion de la population face aux nouvelles mesures. Ce sera d’ailleurs le gros défi du prochain Conseil National de Sécurité. « On va se trouver devant une alchimie délicate entre des mesures au long cours qui doivent simplifier notre vie avec le virus et ne pas prendre des mesures inadéquates lorsque la courbe épidémiologique va vers le haut. »
17/09
La rentrée et le Covid
Selon un rapport de l’Office National de la Naissance et de l’Enfance, (ONE), il y a eu 354 cas de coronavirus depuis la rentrée dans les écoles en Fédération Wallonie-Bruxelles. 2006 élèves et 104 membres du personnel ont été placés en quarantaine entre le 7 et le 13 septembre.
18/09
Explosion des cas à Liège
L’épicentre de l’épidémie semble se rediriger vers Liège. Yves Van Laethem y constate quasiment « un triplement des contaminations », avec une augmentation de 134%.
19/09
La barre des 100.000 cas est franchie
Sept mois après le premier confinement, quasiment jour pour jour, la barre des 100.000 cas de contaminations au coronavirus vient d’être franchie.
21/09
La rentrée étudiante, ce qui fait tout basculer ?
« La moitié des nouvelles contaminations concerne des jeunes de moins de 33 ans », met en garde Steven Van Gucht. Une semaine après les universités francophones où tout s’est déroulé en « code jaune », les universités d’Anvers et de Gand démarrent l’année académique en code « orange », afin de limiter le nombre d’étudiants présents en même temps sur le campus. Mais n’est-il pas trop tard ? Alors que les cas continuaient à augmenter, mais de moins en moins vite, l’épidémie remet un coup d’accélérateur dès le lendemain, notamment sur les campus de Liège et Louvain-la-Neuve.
23/09
Le CNS qui assouplit au moment où il ne fallait surtout pas
Le Celeval, le comité d’experts qui conseille le gouvernement, fait désormais la part belle aux psychologues. On ne parle plus d’imposer des règles, mais de faire adhérer la population. Le dernier Conseil National de Sécurité sous l’égide de Sophie Wilmès annonce ainsi des mesures qui sont vues par beaucoup comme des assouplissements trop importants : il lève l’obligation généralisée du port du masque et la limitation des contacts personnels, et ramène la quarantaine de 14 à 7 jours seulement.
24/09
Marius Gilbert quitte le Celeval, et regrette le rejet des experts
L’un des experts les plus emblématiques de la crise quitte le Celeval pour retrouver du temps pour ses activités académiques. Il regrette qu’il ait fallu lâcher du lest pour retrouver l’adhésion des citoyens de plus en plus méfiants envers les experts : il faudrait « qu’il y ait de nouveau des personnes dans les hôpitaux », pour « qu’on reprenne conscience que l’épidémie est toujours là et qu’elle affecte aussi des gens... »
28/09
Ça s’emballe à Bruxelles : des mesures spécifiques
Le taux de positivité est de 9,5% à Bruxelles (contre 4,4% sur l’ensemble du pays), qui passe en stade d’alerte 4, une phase où tant les autorités locales que fédérales peuvent prendre des mesures localisées. Il est décidé que, dès le lundi 28, les rassemblements de plus de 10 personnes sont interdits de 23h à 6h, et les cafés devront fermer dès 23h.
30/09
Le nouveau gouvernement prête serment
Alors que le décompte de 10.000 morts du Covid-19 en Belgique est désormais officiel, le nouveau gouvernement est présenté au Roi : le sp.a obtient le portefeuille de la Santé et son jeune président Conner Rousseau surprend tout le monde en rappelant le vieux briscard Frank Vandenbroucke comme ministre. Dès sa nomination, il donne le ton, et dit qu’il conseille « à ses amis » de limiter les contacts. En parallèle, l’application Coronalert est officiellement lancée. Mais elle va mettre du temps à réellement fonctionner.
01/10
Les décès reprennent
Pour la première fois depuis le 4 juin, on dénombre à nouveau plus de 15 décès en un jour.
Les contaminations montent et la Belgique devient un mauvais élève pointé du doigt par ses voisins : l’Allemagne émet un avis de voyage négatif pour l’ensemble de notre pays.
06/10
Premier comité de concertation de De Croo : la patte Vandenbroucke et la « règle de 4 »
Face à l’accélération de la pandémie et le risque de saturation des hopitaux, le comité de concertation prend de nouvelles mesures. C’est le premier présidé par Alexander De Croo, et on voit tout de suite un changement de style : le nouveau ministre de la Santé occupe toute la place. Frank Vandenbroucke lance la « règle de 4 » : pas plus de 4 personnes par rassemblement. Les bars doivent fermer à 23 heures, le télétravail est « fortement » recommandé.
07/10
Record de la vitesse d’accélération des contaminations
Deux semaines après la rentrée universitaire en Flandre, trois semaines après la wallonne, on atteint un record dans la vitesse d’augmentation du nombre de contaminations, qui progressent de 108% sur 7 jours, c’est-à-dire que le nombre de nouveaux cas double tous les 6 jours. Yves Van Laethem tente pourtant encore de rassurer : « On n’est pas vraiment devant une maison qui brûle, mais on est devant un feu de cave, donc il faut de véritables pompiers pour éviter que le reste ne s’enflamme. »
08/10
Bruxelles, deuxième ville la plus contaminée d’Europe ferme complètement ses bars et buvettes
Selon le porte-parole fédéral interfédéral de la lutte contre le coronavirus, Yves Van Laethem, Bruxelles occupe à présent la deuxième place à l’échelle des villes d’Europe où le Covid-19 se propage le plus vite, derrière Madrid et avant Paris. La Région sort les grands moyens et décrète la fermeture des bars et cafés, salles de fêtes et buvettes. La consommation d’alcool sur l’espace public est interdite.
19/10
Quand ça dérape
Le pays perd tout contrôle sur l’épidémie. Les mesures se durcissent encore, à l’échelle du pays cette fois : fermeture des cafés et restaurants sur tout le territoire et instauration d’un couvre-feu, dont l’heure dépendra cependant des Régions. Deux jours plus tôt, le taux de reproduction avait atteint 1.56, soit le plus élevé qu’on ait connu au cours des deux vagues.
21/10
Explosion des contaminations : débordée, la Belgique décide de ne plus tester les cas à risque qui ne présentent pas de symptômes.
La Région bruxelloise a atteint son pic de contaminations avec 2991 cas en un jour. La tendance va s’inverser dans la capitale à partir de là, mais pas dans le reste du pays, où les contaminations explosent. Les labos sont débordés. Il faut parfois une semaine pour recevoir le résultat d’un test. Il est décidé de changer officiellement la stratégie : les contacts à haut risque et les voyageurs revenant de zone rouge ne seront plus testés, à moins de présenter des symptômes.
23/10
À « #minuitmoinsune », le comité de concertation durcit les mesures, et Marius Gilbert lance un appel aux influenceurs
#ilestminuitmoinsune : Marius Gilbert lance avec ce hashtag sur les réseaux sociaux un appel à l’aide aux influenceurs. Selon certains calculs, la saturation complète des soins intensifs est proche. De nouvelles mesures sont prises par le comité de concertation, mais pas de confinement généralisé. « Il faut éviter de changer tout le temps de stratégie », justifie Alexander De Croo. Les compétitions sportives doivent se faire à huis clos, la présence est limitée à 20% dans l’enseignement supérieur, les parcs d’attractions doivent fermer. Walibi dénonce des mesures « incohérentes ».
28/10
Vers la saturation des hôpitaux ou quand le cauchemar d’avril refait surface
On vient de dépasser le triste record de 20.000 cas en un jour le 27 octobre. « Malgré un nombre de tests toujours important, on atteint un taux de positivité de ces tests de 29,2%. » Cela veut dire que 3 personnes sur 10 qui se font tester sont positives. La Belgique ne le sait pas encore, mais on vient d’atteindre le pic. Des cas, mais pas des hospistalisations encore.
Face à la pénurie de lits, il est demandé à tous les hôpitaux de passer à la phase 2B à partir du 2 novembre, c’est-à-dire de réserver 60 % des lits en soins intensifs aux patients Covid-19, et de créer des lits supplémentaires. Il leur est demandé aussi de reporter les soins réguliers non urgents. Le cauchemar d’avril revient dans toutes les mémoires.
30/10
« Les mesures de la dernière chance »
C’est parti pour un quasi deuxième confinement. Le pic de l’épidémie a été atteint, mais on ne le sait pas encore, et les hospitalisations continuent d’augmenter. La Belgique est le pays le plus atteint d’Europe. Un nouveau comité de concertation se résout donc à prendre les mesures « de la dernière chance », comme les appelle Alexander De Croo : les commerces dits non essentiels sont fermés, les contacts sont limités à une seule personne, les vacances scolaires sont prolongées d’une semaine, et la rentrée se fera en « hybride » en secondaire, et en distanciel dans le supérieur.
03/11
Un record d’admissions à l’hôpital encore jamais atteint
Un jour après le début du confinement, on atteint le record du nombre d’admissions à l’hôpital en un jour : 881 hospitalisations en 24 heures, un nombre jamais atteint lors de la première vague. Le nombre de lits occupés atteint 7461, c’est le record jusqu’ici. Le mouvement de descente n’est donc pas lié au confinement, trop proche, mais celui-ci a sans doute permis d’accélérer la « descente ».
09/11
Au bord du débordement dans les hôpitaux
Une semaine après le début du nouveau confinement, on atteint le record de lits occupés par des patients Covid-19 en soins intensifs : 1285, un nombre jamais atteint lors de la première vague. Sans le déclenchement de la phase 2B, c’était le débordement. L’Académie royale de Médecine de Belgique rappelle les critères de priorité pour faire le « tri » des patients.
12/11
« On ne fêtera pas Noël par Skype »
Si nos hôpitaux sont saturés, les mesures font cependant sentir leurs effets : le taux de reproduction passe en dessous de 1, signe que l’épidémie régresse. « On ne fêtera pas Noël par Skype », affirme Georges-Louis Bouchez, le président du MR en interview.
Bien qu’il reconnaisse qu’il faille « être prudent et prendre des décisions sur base des chiffres », il s’avance : « on peut imaginer fêter Noël à trois ou à quatre personnes ».
27/11
On pourra aller acheter des cadeaux de Noël, mais pas les offrir
On est retombé sous les 3000 contaminations par jour. L’engorgement des labos est résorbé et les tests pour les contacts à haut risque peuvent reprendre. Les règles changent donc à nouveau pour la quarantaine. Malgré cette amélioration, le comité de concertation tranche : il n’y aura pas d’élargissement de la bulle pour Noël, Seule ouverture : la possibilité d’un couvre-feu étendu jusqu’à minuit. La Wallonie et la Flandre adoptent la mesure, mais pas Bruxelles. Par contre, les magasins non essentiels pourront rouvrir dès le 1er décembre. Mais pas les « métiers de contact ».
16/12
Cendrillon ne fêtera pas Noël à Bruxelles
Alors que Bruxelles a la plus faible incidence du pays et que ses chiffres sont à la baisse, la conférence des bourgmestres des 19 communes affiche une position ferme : le couvre-feu est maintenu à 22h pour le réveillon de Noël. Christos Doulkeridis, le bourgmestre (Ecolo) d’Ixelles, parle d’une « position vraiment unanime de l’ensemble des bourgmestres, de la Région et des spécialistes, qui voient la situation évoluer plutôt dans le mauvais sens depuis quelques jours. Très sincèrement on a beau chercher, on ne trouve pas d’élément qui permettrait de se dire qu’on peut changer les règles actuellement en vigueur. »
31/12
Maintenant que nos chiffres sont bons, n’allons pas ramener des variants
Les autorités britanniques attribuent l’ampleur de la nouvelle vague au « variant britannique ». Mais dans les autres pays, la deuxième vague commence à se faire sentir alors que les chiffres belges restent positifs. La Belgique veut donc éviter de réimporter le virus : la quarantaine devient obligatoire pour tous les voyageurs revenant de zone rouge, ainsi qu’un double test à J-1 et J-7. Et on annonce de nombreux contrôles.