Des jeunes tout sourire devant d'anciennes chambres à gaz d'Auschwitz ou arborant des poses humoristiques devant des fosses communes du même camp d'extermination : bienvenue dans l'ère du selfie et de l'effritement de la morale.
Cela fait déjà quelques mois que beaucoup s'offusquent du manque de respect de ces touristes à la recherche de la photo-buzz, mais rien à faire, cela continue. Aussi incroyable que cela puisse paraître, Auschwitz est devenu cool et "matière à likes". La plupart de ces gens n'ont évidemment pas conscience qu'ils touchent un sujet particulièrement sensible et d'autres ne savent pas vraiment ce qu'il s'est produit durant la seconde guerre mondiale. Rien à voir avec de l'humour noir ici.
R.e.s.p.e.c.t.

Pour répondre à ces impétueux ignorants, l'artiste israélien Shahak Shapira a lancé son projet "Yolocaust". Il y interroge notre culture de la commémoration en réunissant sur son site des selfies actuels dans les camps avec des anciennes photographies qui montrent l'horreur qui habitait ces lieux, de quoi remettre les choses en perspective...
En 2015, 1,72 millions de visiteurs ont franchit les grilles de l'ancien camp de la mort Auschwitz-Birkenau, et chaque jour 10.000 personnes se rendent au Mémorial aux Juifs Assassinés d'Europe. Shapira ajoute sur son site qu'un bon nombre de ses visiteurs prennent de stupides photos sur les lieux, sans que l'on puisse les en empêcher.
C'est toute la culture de la commémoration qui est interrogée : doit-on désacraliser ces lieux en acceptant ces pratiques ou au contraire mieux informer les visiteurs avant leur entrée ? Le selfie est-il respectueux dans un tel lieu ? Réponse sûrement dans les mois à venir.
