Une fois de plus, le cinéma belge a créé la surprise au Festival de Cannes. La section "Un certain regard" accueillait hier la projection d’un premier long-métrage d’une jeune cinéaste, Laura Wandel, intitulé "Un monde". Il a été salué par une longue ovation, et l’émotion était palpable dans la grande salle Debussy du Palais des Festivals.



"Un monde" raconte la rentrée scolaire de Nora, qui rejoint l’école où se trouve déjà son grand frère, Abel. Mais très vite, la fillette est désemparée : elle découvre que son frère est victime de harcèlement de la part de ses camarades, et elle ne sait comment faire pour lui venir en aide… Tout raconter à leur père ? Ce serait trahir la confiance d’Abel, et peut-être aggraver la situation.
La caméra de la réalisatrice ne quitte pas d’une semelle le personnage de Nora, interprétée par une jeune Carolo, Maya Vanderbeque, repérée parmi plus de cent candidates lors du casting. Maya avait neuf ans au moment du tournage, elle en a onze aujourd’hui… Les avis sont unanimes : elle crève l’écran dans un rôle difficile. Car le film de Wandel va au bout de son sujet avec une radicalité impressionnante : pas de graisse inutile, aucune scène anecdotique ne vient distraire l’attention du spectateur, entièrement focalisée sur les tourments de la petite fille.
Il y a trois ans, un autre film belge, "Girl" de Lukas Dhont, faisait sensation dans la même section du Festival, "Un certain regard", et remportait la Caméra d’Or, le prix du meilleur premier film de la sélection cannoise. Or, "Un monde" est aussi un premier film, et Laura Wandel peut donc, elle aussi, prétendre à remporter la Caméra d’Or.
On s’interroge d’ailleurs : pourquoi le délégué général du Festival Thierry Frémaux et son équipe placent régulièrement dans "Un certain regard" des films belges qui auraient largement mérité d’être dans la compétition pour la Palme d’Or, une compétition trop souvent encombrée de films qui ne méritent pas d’y être. Comment expliquer cette injustice, si ce n’est à cause d’une absence de flair ?