Le Cinéma belge est un cinéma singulier et pluriel à la fois. Depuis plus d’un siècle, il nous propose des productions de tous les genres, du drame à la comédie en passant par le documentaire, le dessin animé et l’OFNI, cet objet filmique non identifié. Pour célébrer ce 21 juillet en images, voici donc le résumé de son histoire…
Nous sommes le 1er mars 1896. Il n’est pas encore 10 heures du matin mais une certaine foule se presse déjà devant le numéro 7 de la Galerie du Roi, à Bruxelles. Ce bâtiment abrite le quotidien libéral La Chronique. Et d’ici quelques minutes, au premier étage, dans la salle des dépêches, se tiendra la toute première séance de cinéma en Belgique. Oui la première représentation belge et publique de cette merveilleuse invention des frères Auguste et Louis Lumière, le Cinématographe. Pour la petite histoire de cette grande histoire, la toute première séance publique de l’Histoire s’était tenue à Paris le 28 décembre 1895.
Tout à coup, le spectateur aperçoit des vagues déferlant sur la plage […] On est déconcerté par cette chose vivante et, avant que l’on soit revenu de son étonnement, apparaît une autre scène représentant la sortie des ateliers Lumière à Lyon…
Voilà comment la presse du lendemain décrit cette expérience hors du commun. Les séances ne durent que 15 minutes. Les premiers spectateurs belges défilent et ressortent tous de là fascinés ! Oui, ils peuvent leur dire…
Nous sommes allés au Cinéma !
Une plaque commémorative, placée dans la Galerie du Roi, atteste de l’événement avec ces quelques mots : "Ici eut lieu le 1er mars 1896 la première séance publique en Belgique du Cinématographe Lumière." En attendant, le succès est exponentiel et les séances se multiplient à midi mais aussi en soirée. Les théâtres intercalent dans leurs représentations des projections comme à l’Alcazar (au 5 rue d’Arenberg) ou au Théâtre des Galeries. Si au départ quelques bâtiments sont aménagés pour accueillir ces séances, le premier cinéma, donc une réelle salle diffusant uniquement des "images lumineuses animées ouvre ses portes en 1905 au numéro 110 du Boulevard du Nord (actuel Boulevard Adolphe Max)", peut-on lire dans le livre de Marc Crunelle, "Histoire des cinémas bruxellois", publié par le Ministère des Monuments et des Sites de la Région de Bruxelles-Capitale.

Le premier film made in Belgium est un documentaire tourné en 1897 par Hippolyte De Kempeneer et s’intitule "Le roi Léopold II à l’Exposition de Tervueren". Quant au premier film belge de fiction, lui, il a été réalisé par un français en 1913. Ce réalisateur se nomme Alfred Machin et son film, "L’histoire de Minna Claessens", un mélodrame hélas perdu. Cette année-là encore, Machin a aussi réalisé "Le diamant noir", une histoire d’amour et d’aventures se déroulant à la fois à Bruxelles et au Congo belge avec Mimir dans le rôle du léopard !
Ces films sont encore disponibles et visibles aujourd’hui grâce à l’excellent travail de restauration de la Cinémathèque Royale de Belgique aka la Cinematek ! Des films qui sont devenus avec le temps des classiques. Sautons les années pour arriver en 1933-1934 avec LE premier classique du Cinéma belge, "Misère au Borinage" d’Henry Storck. Ce documentaire militant dénonce les conditions de vie de nos mineurs.
La Belgique est une terre de documentaires. C’est un art chez nous. Mais il y a eu aussi pas mal de grands films dans les années 70 et 80 proposés par d’excellents réalisateurs/trices comme Chantal Akerman, Marion Hansël, Raoul Servais et Gérard Corbiau. Mais mais mais la consécration internationale, le Cinéma belge la connaît en mai 1999 avec la Palme d’or (cannoise donc) décernée à Jean-Pierre et Luc Dardenne pour "Rosetta" avec la toute jeune Emilie Dequenne, également Prix de la Meilleure actrice. Ensuite, les Dardenne Brothers ont encore remporté une deuxième Palme avec "L’enfant" et quasi tous les autres prix du Festival de Cannes, toutes leurs productions confondues !
Dès l’invention du Cinéma, il y a eu des courts métrages animés réalisés en amateur. Mais il faudra attendre les années 50 et le fameux studio Belvision (créé par Raymond Leblanc) pour voir apparaître les premiers longs métrages animés avec en guise de héros, et non des moindres, Tintin ! Depuis, nous sommes passés à la 3D grâce au génial Ben Stassen et ses créations comme "Fly me to the moon" ou l’histoire d’une mouche qui part pour l’espace !
Juste comme ça, avec la réforme institutionnelle du 8 août 1980 et la création des Régions en Belgique, plus l’attribution de certains pouvoirs aux nouvelles institutions fédérées, plus la création de ministères de la Culture qui gèrent les productions cinématographiques noir-jaune-rouge, il faut maintenant parler de Cinéma flamand pour le nord du pays et de Cinéma francophone belge pour le sud. Un cinéma du sud des plus tendres et poétiques avec en 1991 la sortie de "Toto le héros" de Jaco van Dormael. Un cinéma fantastique avec entre autres "Mon ange", une magnifique histoire d’amour entre un enfant invisible et une jeune fille aveugle. Les effets spéciaux sont tout aussi simples que terriblement efficaces. Un cinéma entre émotions et réflexions avec les films touchants et intelligents d’Olivier Masset-Depasse, de Joachim Lafosse et de Bouli Lanners !
Et puis, le Cinéma francophone belge ce sont aussi et encore des films qui sortent de nulle part comme "Dikkenek" bien entendu. Ou bien le cultissime "C’est arrivé près de chez vous" qui résume parfaitement ce drôle de Cinéma. Sorti en 1992 et réalisé par le trio Rémy Belvaux, André Bonzel et Benoît Poelvoorde, on y retrouve de l’émotion, des rires (jaunes parfois, noirs toujours car on regrette d’avoir ri après certaines scènes) et de la réflexion (la critique des médias sensationnalistes). Une œuvre souvent imitée mais jamais égalée. Allez les gars, avec moi…
Cinéma ! Cinémaaaaa ! De salle en salle et de film en film, je t’ai donné mon existence. Et toi, Gabin, fils de Lucien, le Cinéma a fait de toi un bon gamin. Cinéma ! Cinémaaaaa !