Du roman graphique à la BD tout public, en passant par quelques bonus, et en bouquet final, les meilleures des meilleures, toutes catégories confondues..
Le Prix du Roman Graphique

- Idée, de Frans Masereel, chez Martin de Halleux
Masereel a inventé le roman graphique il y a cent ans. En 1920, il raconte la naissance d’une idée en 83 gravures muettes sur bois formant une suite narrative. Toute la grammaire est posée !
- Andy : un conte de faits, de Typex, Casterman
En 600 pages, Typex s’approprie totalement son sujet : la vie et l’époque d’Andy Warhol. Il se paye le luxe de changer d’approche graphique en fonction des époques. Brillant.
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- L’Âge d’or T.1, de Cyril Pedrosa & Roxanne Moreil, Dupuis Aire Libre
Mais comment a-t-il fait ça ? C’est une des questions qu’on peut se poser en regardant cette merveilleuse quête médiévale un brin féministe au dessin époustouflant. Le genre est renouvelé.
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- La langue du diable, d’Andrea Ferraris, Rackham
1831, une île émerge au large de la Sicile. Un pêcheur s’y aventure, convaincu que la fouler en premier fera de lui le propriétaire des lieux. Mais les nations convoitent toute nouvelle terre…
- Servir le peuple, d’Alex W. Inker, Sarbacane
Peut-on servir le peuple et une femme en même temps ? Utilisant l’imagerie populaire de l’époque, Alex Inker interroge la Chine de Mao. L’Histoire revue. Corrigée. Coloriée. Waouw !
- Malaterre, de Pierre-Henry Gomont, Dargaud
Le portrait d’un égocentrique bien décidé à amener toute sa famille dans SON rêve. On imagine Poelvoorde dans le rôle ! Le livre confirme le talent de metteur en scène de Gomont.
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- Les lumières de Niteroï, de Marcello Quintanilha, Ça & Là.
Années 50, Brésil. Un footballeur en herbe et un bossu observent une pêche à l’explosif au large. Ils veulent en profiter. Mais le destin en décide autrement. Incroyable roman d’apprentissage !
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- Du sang sur les mains : de l’art subtil des crimes étranges, Monsieur Toussaint Louverture
Matt Kindt, génial auteur américain ici en solo, propose dans ce livre une anthologie des crimes les plus improbables. L’étrange, au service d’une mécanique narrative implacable. Indispensable.
- Cinq branches de coton noir, Cuzor & Sente, Dupuis, Aire Libre
Paru au tout début 2018, le livre a su assurer une persistance rétinienne indéniable ! Il revisite à sa manière le combat des noirs américains. Au dessin, Steve Cuzor est au sommet de son art !
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- Jonas Fink, Le Libraire de Prague, Vittorio Giardino, Casterman
On a attendu vingt ans cette conclusion des aventures de Fink, né dans la Tchécoslovaquie aujourd’hui disparue. Toujours politique, mais surtout terriblement gracieux : l’immense Giardino !
Le Prix du Meilleur Album tout public

- Spirou, l’espoir malgré tout, d’Émile Bravo, Dupuis
Émile Bravo revient à Spirou et profite du contexte de la Seconde Guerre Mondiale pour lui donner de l’épaisseur, beaucoup d’épaisseur. Salutaire ! Loin des images convenues.
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- Charlotte impératrice, de Nury & Bonhomme, Dargaud
L’impératrice du Mexique, fille de Léopold Ier, de ses premiers tourments amoureux au sommet et du sommet à la chute ! Un personnage historique unique, magistralement mis en scène ici.
- Jamais, de Bruno Duhamel, Bamboo Grand Angle
Quand les falaises normandes s’effritent, menaçant d’envoyer par le fond la maison d’une petite vieille un brin sénile mais très butée, on touche à un conte moderne d’une grande justesse.
- Une histoire corse, de Dodo & Glen Chapron, Glénat
Quittant le registre animalier, Dodo raconte la rencontre d’un frère et d’une sœur qui ne se sont jamais connus. Peu à peu, le livre embrasse toute l’histoire de la Corse moderne.
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- L’obsolescence programmée de nos sentiments, de Zidrou & Aimée De Jongh, Dargaud
Le Livre de l’année, tous critères confondus

- Les Rigoles, de Brecht Evens, Actes Sud BD
Brecht Evens peut tout faire : tordre la perspective et écrire en couleurs. Ce génie pousse toujours plus loin l’audace et propose des livres à relire et relire encore. Fabuleux !
- L’Arabe du futur T.4, de Riad Sattouf, Allary
L’autobiographie centrée sur son père que nous propose Riad Sattouf est incontournable. Après les épisodes libyens et syriens, ce 4è tome, plus français que les autres, est le plus bouleversant !
- Moi, ce que j’aime, c’est les monstres, d’Emil Ferris, Monsieur Toussaint Louverture
Sensation de la rentrée, le livre d’Emil Ferris est plus qu’un roman graphique hype. C’est une incursion dans un monde fantastique obsessionnel où le moindre trait révèle une forme de génie.
- Les grands espaces, de Catherine Meurisse, Dargaud
Pierre après pierre, Catherine Meurisse construit l’après attentat de Charlie Hebdo auquel elle a miraculeusement échappé. Ici, l’éloge de la nature et des grands écrivains comme remède.
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- Ailefroide : altitude 3954, de Rochette, Casterman
Passionnante autobiographie du dessinateur du Transperceneige dans laquelle on découvre qu’il aurait pu, à un morceau de roche près, devenir guide de montagne. Les clés d’une vie.
Et les bonus
- L’Homme sans talent de Yoshiharu Tsuge, Atrabile
Peu passionné par le dessin, un mangaka imagine mille métiers pour nourrir sa famille. Tous sont voués à l’échec. Le livre parle du déclassement sur fond de poésie. Dessin très maîtrisé.
- Le Fleuve Shinano, de Kamimura & Okazaki, Kana
Pour la première fois en intégrale, le chef-chef-d’oeuvre de plus de 700 pages de Kamimura. Une variation autour de l’amour et de la place de la femme dans le Japon provincial. Beau à pleurer !