De multiples livres et films existent déjà sur Yves Saint Laurent. Que restait-il à dire ?
"Il restait l’aspect humain. Que ce soit Saint Laurent ou quelqu’un d’autre, une personne célèbre qui devient un mythe, forcément, on raconte une histoire simple pour qu’elle soit comprise du plus grand nombre. Donc, le mythe, par définition, appauvrit. Il appauvrit l’être humain qui se cache derrière le mythe. Qu’on soit un créateur de génie ou un simple quidam, nous sommes tous beaucoup plus complexes que ce qu’on donne à voir", explique Marianne Vic.
C’est pour enrichir par l’humain ce mythe, à ses yeux assez pauvre, que Marianne Vic a choisi d’écrire ce livre. C’était un homme. Et c’était un homme qui souffrait énormément. Elle était très proche de son oncle, qui, pendant quelques années, a été un peu pour elle un père de substitution. Il essayait de la guider, tout en se montrant parfois très cruel.
"Il était cruel avec tout le monde, à commencer avec lui-même. C’est quelqu’un qui avait beaucoup de problèmes pour tisser des liens affectifs, réels et durables. J’ai eu beaucoup de chance, parce que j’étais un enfant, il était un adulte. Donc forcément, le rapport est très différent et peut s’établir quelque chose de plus sain qu’un rapport entre deux adultes, dont l’un des deux adultes est dysfonctionnel. Donc, les yeux que j’ai portés sur lui, c’était un regard d’enfant. […] Donc, il y a moins de mensonges."
Marianne Vic était l’une des rares personnes de sa famille avec qui Yves Saint Laurent avait des contacts, car il était en rupture avec sa famille, extrêmement toxique.
Il a fait ce qu’il a pu, malgré la folie qui le dévorait, qui était aussi celle qui lui permettait peut-être d’accéder à des zones troubles, d’où il revenait chargé de créativité. Néanmoins, il devait plonger très profond. A l’origine de cette folie et de toute cette souffrance, il y avait une famille extrêmement dysfonctionnelle.