La situation sanitaire inquiète. L’épidémie de coronavirus en Belgique progresse. Pour l’épidémiologiste Yves Coppieters (ULB), invité du JT de 19h30, les moyens visant à freiner la propagation du virus sont connus : le testing, le tracing et la réduction des contacts. Mais les deux premiers "manquent d’efficacité", affirme l’expert.
Tout d’abord, un petit rappel : le centre de crise coronavirus a annoncé ce mercredi 5057 nouveaux cas en moyenne soit une hausse de 93% par rapport à la semaine précédente. Au niveau des admissions dans les hôpitaux, le cap des 200 hospitalisations en moyenne par jour a été franchi. Pour Yves Van Laethem, du centre de crise, il est désormais "difficile ne pas employer le terme de deuxième vague". La saturation des établissements pourrait intervenir à la mi-novembre, redoute-t-il. "Ce n’est pas pour ça qu’il faut paniquer", ajoute Yves Van Laethem puisque "nous connaissons mieux le virus et nous savons ce qu’il faut faire pour le contrôler". Il n’empêche : à Bruxelles, un test sur cinq est positif. Un taux jamais atteint.
Ce sont des stratégies très importantes dans la prévention
Pour Yves Coppieters, ces données démontrent, selon lui, que "le testing et le tracing" en Belgique "manquent d’efficacité. Ce sont des stratégies très importantes dans la prévention. Le problème du testing, d’abord : tout le processus est trop long entre une personne qui a des symptômes, une personne contact, le temps d’aller faire le test, le temps d’avoir le résultat des tests… Tout ce temps est trop long et permet la transmission tant qu’on n’est pas rassuré, tant qu’on n’est pas informé qu’on doit s’isoler."
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En marge, ajoute l’épidémiologiste, il y a la question de la mise en place de tests rapides, permettant d’avoir des résultats dans des délais plus brefs comme les tests sérologiques ou les tests antigéniques à diagnostic rapide. "On ne va pas s’en sortir."
Selon lui, il y a un problème de stratégie de la part des autorités belges, à l’inverse d’autres pays européens, alors que ces tests, même si "moins fiables", permettent de "trier les gens et de rassurer éventuellement les personnes".
Le suivi de contacts court après le virus
Quant au tracing, Yves Coppieters estime que "le suivi de contacts court après le virus". Celui-ci "n’arrive plus à identifier les vrais foyers de contaminations" pour "essayer de comprendre au niveau sociologique, au niveau comportemental, ce qui s’est passé." Sans cela, impossible de mettre en place des stratégies locales de prévention.
"Il ne faut pas enterrer encore l’application. Elle vient de démarrer avec une bonne adhésion de la population. Le problème, c’est que les médecins et les prestataires n’arrivent pas à encoder l’information. Et donc l’application devient un faux ami", donnant l’impression qu’on n’a jamais été en contact avec une personne infectée ou à risque.
Un pic survenu plus rapidement en Flandre
Les situations sanitaires interpellantes, tant en Wallonie qu’à Bruxelles, ont également une explication, selon l’expert si on compare cela à la Flandre. "Il faut se méfier du taux d’incidence". Il y a un retard de notification avec des données qui ne sont pas à jour. De plus, la Flandre "a démarré plus vite son pic" de contaminations, "fin août, début septembre". Dès lors, des mesures ont été prises alors qu’ailleurs, "on a été attentistes pour prendre les mesures". Pour Yves Coppieters, le tracing et le testing ont également été plus "efficaces, peut-être" dans le nord du pays, en raison de la régionalisation de ces compétences.
Un comité de concertation doit se réunir vendredi. Des décisions sont attendues de la part des autorités politiques. Yves Coppieters propose, lui, "des mesures fortes", il faut mettre "un coup d’arrêt aux transmissions" avec une réduction des contacts – c’est déjà fait – mais aussi des rassemblements de personnes. Il faut diminuer les contacts et les rassemblements "peu protégés" de personnes. "Cela va nourrir l’épidémie." Ceci étant, "il y a moyen de dépasser ce cap."