Yvan Mayeur : "Le piétonnier est un projet de société pour la ville"

Par Jean-Claude Verset

Yvan Mayeur, bourgmestre de Bruxelles, était l’invité du Grand Oral La Première Le Soir. Il s’exprime à propos du piétonnier qui sera mis en place lundi, mais aussi sur le terrorisme, la mise "au pied du mur" d’Emir Kir, et la solution à trouver pour maintenir le Van Damme à Bruxelles.

Le terrorisme en France (l’émission a été enregistrée avant les événements de Tunisie)

"L’ambition de certains est de choquer tout le monde. Il faut rester sereins et continuer à mener la lutte contre le terrorisme. La présence de l’armée dans les rues en Belgique, c’est bien, mais il faudrait des moyens policiers surtout qui ont une autre approche de la sécurité. C’est plus efficace mais demande plus de moyens. C’est l’avis de mes services policiers et je fais confiance à leur conviction. A Bruxelles, il y a une douzaine de combattants revenus de Syrie. Un certain nombre sont suivis par le pouvoir judiciaire, certains sont en prison. Nous, nous tentons d’intervenir sur mesure, via les travailleurs sociaux, les écoles, les milieux de jeunes. " Sont-ils susceptibles de commettre des attentats à Bruxelles ? " Ils ont tous un gradian et sont au niveau trois de dangerosité. Mais je n’ai pas d’information car – et c’est normal vu la séparation des pouvoirs -, car ils sont suivis par le judiciaire. La sécurité dans le piétonnier sera améliorée mais pour d‘autres raisons ".

Piétonnier : la ville a changé de modèle

"Il faut changer de paradigme en ville. C’est un projet de société qu’on propose avec ce piétonnier. Tous ceux qui ont dit qu’ils voulaient le faire et ne l’ont pas fait, ont raisonné en termes de mobilité. Moi j’ai renversé la logique : faire d’abord la ville que nous voulons et adapter l’outil – la mobilité – après. Le projet de ville est plus important que l’automobile, les habitants passent avant la congestion. Cela fait 20 ans qu’on parle du RER, des communes se sont battues pour ne pas avoir le métro ! On a dit non 'ça suffit', on doit être capables de montrer qu’on peut fonctionner autrement. D’autres communes suivent par ailleurs à Bruxelles, des piétonniers sont envisagés place de la Vaillance à Anderlecht, ou place Jourdan à Etterbeek. Au fur et à mesure on trouvera des solutions aux problèmes qui vont se poser. " Qu’est-ce qui vous manque le plus pour réussir ? " Beaucoup de choses : des parkings de dissuasion,- je suis heureux que la région ait mis cela dans son programme et va les réaliser -, un ialogue entre les régions pour qu’on utilise moins la voiture quand on fait la navette vers Bruxelles. C’est peut être malheureux mais quand le politique ne fonctionne pas, il faut dire " ca suffit ", sinon on subit ce que les autres vous imposent. Je ne suis pas d’accord que les Bruxellois soient mis en danger parce que les autres ont décidé de venir en bagnole à Bruxelles. "

Vous agissez par coup de force "Moi j’ai l’impression de subir la violence des autres (automobilistes, pollution de l’air, sonore). La Région n’a pas bougé à temps, le métro n’est pas assez développé, la SNCB n’a pas fait ce qu’il fallait. Il y a des manquements de tout le monde, je ne mets personne précisément en cause, mais il faut faire quelque chose. Alors ou je continue le petite jeu classique, en essayant d’obtenir des compromis, et je n’arrive à rien. Ou on agit et on dit " ca suffit, les autres n’ont qu’à s’adapter ".

Vous êtes légitime comme bourgmestre par succession (de Thielemans) et non par élection? " Oui totalement. J’agis avec ma majorité et mon prédécesseur aurait voulu que je fasse ce projet. Le piétonnier n’est pas un enjeu personnel, c’est un choix stratégique, et je pense que cela va marcher. Ce piétonnier, je l’ai porté, je le revendique. Je suis un homme engagé, je ne suis pas par hasard en politique et ceci fait partie de mon engagement. Bien sur qu’au PS on m’a dit : tu vas trop vite ".

La politique ne fait plus avancer les choses ? " Ca c’est vrai ! Et c’est nous les hommes et les femmes politiques qui sommes responsables , il faut reprendre la main, faire ce pour quoi on a été désigné : faire des choses, travailler. En allant parfois contre l’avis des gens. " Comme Denis Ducarme le fait sur les pensions au Parlement? (il éclate de rire) " Là il y a une différence fondamentale, car il s’agit de la sécurité sociale, un domaine partagé entre les entreprises et les travailleurs. "

Une solution pour le Van Damme : "Il y a 5 ministres des sports dans ce pays."

Jacques Borlée dit que ce n’est pas à une ville de dicter la politique sportive d’un pays, en évoquant la déshérance du Van Damme contre le foot ? " J’ai beaucoup de respect pour les talents de M Borlée pour l’athlétisme mais pas dans la gestion publique. Nous avons été mis dans cette situation par tous ceux qui ont voulu ce stade pour l’Euro. On l’a fait sans état d’âme mais tout le monde savait qu’il fallait trouver une solution pour le Van Damme. Il y a 5 ministres des sports dans ce pays, je propose qu’ils se réunissent et désignent un endroit et y fassent une piste d’athlétisme. "

Le PS : "Beaucoup de jeunes veulent du changement "

Elio Di Rupo fait-il de la politique selon votre goût, avec ses chantiers ? " A l’intérieur du PS il y a beaucoup de jeunes qui veulent le changement, il y a une nouvelle génération, notamment dans ma section à Bruxelles. Elio Di Rupo , je pense qu’il fait le travail, il lance des chantiers c’est très bien. Il faut que le PS change. C’est dommage de ne pas avoir écouté ceux qui pensaient déjà certains thèmes il y a des années, on a perdu du temps. " Candidat président du PS ? " Moi ? Je ne suis pas candidat, non ! "

Emir Kir : " Emir Kir doit prononcer le mot génocide."

Si le Parlement vote une loi qui  reconnait le génocide, Emir Kir doit prononcer ce fameux mot ? " Cela me parait évident. Que Simone Susskind l’aide à faire cette évolution et à saisir cette opportunité mais c’est lui qui se mettrait en défaut et se mettrait en dehors du parti s’il agit de la sorte (en refusant de dire génocide). Si un individu ne se sent pas bien, avec les convictions et les valeurs du parti, il doit en tirer les conclusions ".

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