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"Yakouta", briser le silence autour des violences faites aux femmes

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Dans le cadre de la programmation Tunisie en Mouvements et à l’invitation du Comité de vigilance pour la démocratie en Tunisie, l’autrice-comédienne Leila Toubel présentera ce samedi 12 mars à la Cité Miroir à Liège sa pièce Yakouta. Son théâtre à découvrir est un cri pour en finir avec les violences de genre.

Leila Toubel est originaire de Hammam Lif, une ville côtière de la banlieue sud de Tunis. Militante féministe, autrice, comédienne et dramaturge, elle est l’une des figures du théâtre tunisien contemporain. Nous l’avons rencontrée à quelques jours de la représentation de son spectacle.

Un espace d’amour, de partage

"Très jeune déjà, j’écrivais. J’étais une grande solitaire, j’avais besoin de mettre des mots sur mes sentiments malmenés." À l’âge de 13 ans, Leila Toubel fait ses premiers pas dans le club de théâtre de son école. L’écriture dramaturgique l’anime, elle trouve sa voie. En 1990, sa carrière décolle. "J’ai commencé à travailler avec le metteur en scène feu Ezzedine Gannoun au théâtre El Hamra. Ce lieu portrait un réel projet militant tant du point de vue artistique que citoyen. Selon moi, être artiste et citoyenne, c’est inséparable."

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En 2014, elle crée sa propre compagnie Resist’Art. Depuis, elle avance dans ses projets, comme elle l’entend. Après Solwen et Hourya, Yakouta constitue le dernier monodrame d’une trilogie de seule en scène. Chaque spectacle porte un prénom de femme. "Avec Yakouta, je boucle cette expérience qui m’était très importante de travailler sans direction d’acteurs. Il y a une histoire humaine qui se tisse entre moi qui raconte sur scène et les spectateurs, spectatrices dans la salle. Et ce lien se prolonge au-delà du salut… Aussi, je n’aime pas être dans LA vérité, je tâtonne à chaque rencontre avec le public." Pour l’autrice, le théâtre se révèle avant tout un espace d’amour, de partage. "Lors d’une représentation théâtrale, je considère que nous sommes toutes et tous ensemble, que nous partageons une énergie, un voyage."

Personne n’a le droit de briser le corps d’une femme

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Yakouta parle, à travers le corps abîmé et l’âme saccagée d’une femme, des conséquences dramatiques de nos sociétés patriarcales. Cette pièce universelle inscrite dans le contexte tunisien résonne comme un plaidoyer contre toutes les formes de violences faites aux femmes et minorités de genre.

"En Tunisie, comme partout ailleurs, les choses évoluent pour briser le silence par rapport aux violences, aux viols, à l’inceste. Mais ces sujets restent tabous ; on veut en finir avec l’omerta. Nous, les féministes, nous crions quand ils accusent les femmes d’être la cause de tous les torts…"

Selon Leila Toubel, il est important de ne pas se limiter aux rapports et aux chiffres pour dénoncer les violences. Elle explique qu’il est temps de passer à une autre stratégie, une autre volonté. "Il faut écouter ces corps malmenés. Il faut crier haut et fort que personne n’a le droit de briser le corps d’une femme."

Yakouta a déjà tourné en Tunisie et en Europe. "Le spectacle a été très bien reçu. Ce que je raconte résonne chez de nombreuses femmes. Parfois, après les représentations, les spectatrices m’envoient des messages pour me raconter les violences qu’elles ont subies." La pièce se veut aussi une porte d’entrée vers l’espoir. "J’envoie de la lumière en rappelant qu’il faut s’accrocher, qu’il faut lutter. C’est une invitation au voyage pour partager et avancer ensemble vers autre chose."

Aussi, la mort a entouré l’écriture de cette œuvre qui est dédiée à la mémoire de l’icône nationale, l’activiste Lina Ben Mhenni et rend hommage à la militante et actrice Zeyneb Farhat.


Informations pratiques

Yakouta, un spectacle à ne pas manquer samedi 12 mars à la Cité Miroir. La représentation sera suivie d’un débat avec le public. Plus d’infos.

À savoir, cette pièce se joue dans le cadre de la programmation Tunisie en Mouvements. Des rendez-vous entre la Belgique et la Tunisie lors des Assises Internationales du Journalisme : 17 au 19 mars 2022 à la Cité de la Culture Tunis. L’agenda de toutes les rencontres par ici.


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