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Weesam, réfugié en Belgique, travaille dans un bar gay : "Beaucoup de familles irakiennes n'acceptent pas les gays"

Par David Defontaine et Gilles Monnat

Difficile de vivre son homosexualité quand on sait qu’elle est vivement réprimée dans son pays. Weesam, originaire d’Irak, en sait quelque chose : "Certains se font attraper par des milices. Beaucoup de familles n'acceptent pas les gays. Elles les rejettent et dans certaines familles même, ils tuent leurs fils."

Nous sommes en 2015, Weesam quitte son domicile pour se rendre au boulot. Depuis le retrait de troupes Américaines, les quartiers de Bagdad sont contrôlés par différentes milices islamistes. Comme chaque matin, Weesam se fait contrôler à un check-point : "Ils ont commencé à blaguer et m’ont demandé mon téléphone pour le vérifier. Ils m'ont forcé à leur donner mon code pin."

Dans son téléphone, les gardes trouvent des traces de sa vie cachée et ne se gênent pas pour le faire chanter : "Ils me demandaient 300$ et comme chaque matin mon frère prenait de mes nouvelles, ils ont pris son appel."

L’affaire se règle avec son frère et ses cousins qui viennent payer la rançon. Tout le monde va très vite être au courant. Weesam craint pour sa vie et fuit. Il prend un avion pour Istanbul où il peut souffler un peu mais craint que sa famille retrouve sa trace. Il décide donc de rejoindre l’Europe. "Pour nous, Irakiens, ce n'est pas facile d'obtenir un visa pour l'Europe. J'ai donc dû prendre le risque de traverser la mer pour rejoindre une île grecque, illégalement."

La météo est clémente, la traversée en bateau pneumatique se passe sans encombre. Weesam mettra deux semaines pour rejoindre Bruxelles, alternant bus, trains, taxis… et passant les frontières à pied entre deux camps de la Croix-Rouge.

Un jour où Weesam recharge son téléphone dans la gare centrale, des policiers l’interpellent : "À l'époque, je ne parlais pas du tout le français. Ils ont demandé à voir mon téléphone. À ce moment-là, mes souvenirs m'ont rattrapé." Le policier voit des messages arriver sur le téléphone et lui demande s’il est gay : "Il m'a juste dit : 'N'ayez pas peur, tout est OK. Ne vous en faites pas.' À ce moment-là, j'ai vraiment senti que j'étais en sécurité ici."

Aujourd’hui, Weesam travaille comme barman dans un bar gay, il a appris le français et est devenu belge. 

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