"Nous avons eu un cas de harcèlement dans notre école il y a quelques années", témoigne Christelle Poussière, directrice de l’école fondamentale de l’Orangerie à Wavre. "La petite fille a craqué un jour à l’école après des mois de harcèlement. Et il nous a fallu au moins un an pour démanteler le réseau de harceleurs et trouver le harceleur principal." C’est suite à cette mésaventure que Christelle Poussière a voulu entamer le plan anti-harcèlement organisé par le CLPS (Centre Local de Promotion de la Santé), comme 24 autres écoles du Brabant wallon. "On s’est dit qu’on voulait absolument stopper cette violence visible et invisible dans notre école", explique la directrice.
Le climat scolaire reste évidemment positif pour une majorité d’enfants. Seuls 8 % des élèves disent être " mal à l’aise " à l’école primaire et 3% " pas bien du tout ". La cour de récréation, mise au centre du projet, est ainsi parfois un lieu de souffrance psychosociale. Le plan anti-harcèlement est soutenu par la Province et encadré par deux chercheurs et formateurs en psychopédagogie de l’Université de Mons, Bruno Humbeeck et Frédéric Hardy. Des formations ont d’abord été proposées au personnel éducatif, comme celle qu’a suivie Christelle Poussière avant la rentrée 2013.
Abattre les petites cabanes
Ensuite le plan s’est déployé sur le terrain. Il a consisté en deux parties. D’une part, la cour a été aménagée pour éviter la violence physique et morale. Elle a été divisée en trois zones : l’une où l’on peut courir avec un ballon, l’autre où on peut courir sans ballon et une dernière dédiée au calme. Des tables de pique-nique ont été installées ; elles sont rondes pour que tout le monde se voit. D’autre part, des temps de parole ont été instaurés dans les classes pour discuter du projet et résoudre les conflits. "Les enfants peuvent y exprimer leur ressenti et leur vécu", explique Christelle Poussière.
Après un an, le projet s’avère très positif : "On a très vite constaté un effet très positif de la gestion des espaces de la cour de récréation. On a remarqué 70 à 80 % de violence physique en moins", déclare Christelle Poussière. Le secret du succès ? L’investissement de tous, des professeurs aux enfants. "Je pense que ce qui a fait le succès, c’est que toute l’équipe a été preneuse", commente la directrice de Wavre.
En effet, à côté des professeurs, les enfants sont pleinement acteurs du projet, comme en témoigne Christelle Poussière : "Les enfants sont extrêmement investis dans le projet d’aménagement des cours de récréation. Ce sont les élèves de sixième qui ont rédigé des règlements propres aux cours à partir de brainstormings faits dans les différentes classes. C’est grâce aux enfants et à leurs renseignements avisés qu’on s’est rendu compte que des situations de harcèlement se passaient dans des petites cabanes de la cour de récréation. On a enlevé ces dernières. Les enfants ont aussi demandé que soit dessiné un circuit de voiture dans la zone calme pour jouer aux petites voitures. On voudrait qu’ils puissent le réaliser eux-mêmes dans le courant de cette année."
Tout le monde semble donc satisfait du projet à Wavre. "Les parents remarquent une meilleure gestion des conflits avec leurs propres enfants. Et ils proposent eux aussi des pistes d’action pour faire avancer le projet", déclare Christelle Poussière. Quant aux enfants, "ils sont très satisfaits de l’aménagement de la cour de récré. Ils se sentent aussi plus écoutés dans leurs besoins et leurs envies."
Marie-Odile Sac