Ça s’appelle "Housing First", qu’on peut traduire par "un logement d’abord". Le principe : sortir de la rue les sans-abri, en priorité les plus jeunes et les victimes d’assuétudes, en leur offrant un toit avant de mettre en œuvre les autres mécanismes de réinsertion sociale.
Le gouvernement régional a décidé de gonfler de 350.000 euros le budget qu’il y consacre, pour arriver à environ 900.000 euros par an. Avec ce financement complémentaire, la ministre de l’Action sociale, Christie Morreale (PS), entend renforcer les équipes d’encadrement des 7 relais sociaux des grandes villes wallonnes (Charleroi, La Louvière, Mons, Tournai, Liège, Verviers et Namur).
Le but est d’éviter l’ancrage dans la rue
Adrien Fievet du relais social, explique qu’il faut immédiatement briser le tourbillon qui mène de la précarité à la violence et aux dépendances diverses. "Ça part du principe qu’il est possible de reloger des personnes sans-abri sans passer par les étapes traditionnelles qui sont l’accueil dans différentes structures. Maintenant, rentrer dans un logement ça signifie modifier totalement son mode de vie. Il faut organiser un suivi extrêmement intensif autour de la personne. Dès lors, qu’on est à la rue, on se crée un réseau qui n’est pas toujours recommandable. On est sujet notamment à des propositions de consommation de produits et d’alcools. Cela va assez vite pour que la situation se dégrade. Chaque relais social va pouvoir engager des agents supplémentaires dont la fonction sera de prendre en charge directement les personnes qui viennent d’arriver dans la rue pour éviter leur ancrage", ajoute-t-il.
Des situations d’urgence
"Je suis arrivée dans la rue en 2015. Alcoolique et surendettée, je n’arrivais pas à remplir seule toutes les démarches pour trouver un logement. On ne pense qu’à attendre que le temps passe, à savoir où on va manger, prendre sa douche et dormir. Quand on se retrouve face à de telles difficultés, je ne crois pas qu’il soit possible de s’en sortir sans aide", témoigne Cindy Meirsschaut.
Après 3 ans de galère, elle a saisi la main tendue dans le cadre du projet Housing First. "L’idée, c’est vraiment de raccrocher les gens pour éviter une déstructuration plus importante et une accumulation de problématiques. C’est un accompagnement quotidien et pluridisciplinaire, pour les démarches administratives, financières, juridiques, sociales ou professionnelles", explique Maëlle Dewael, du Relais social de Charleroi.