Malgré les désagréments, certaines compagnies aériennes recommencent à faire du bénéfice. C’est le cas de Lufthansa, dont fait partie Brussels Airlines – en tout cas pour ce qui concerne les six premiers mois de l’année-. Les compagnies aériennes voleraient-elles quand même vers une meilleure santé financière ? Jean Collard nuance : "il y a une remontée de trésorerie, mais ça ne veut pas dire que les compagnies aériennes vont être bénéficiaires".
Car les pertes sont encore d’actualité dans le secteur : "elles restent dans le rouge. Manifestement, on s’attend encore à une perte de l’ordre de sept milliards pour l’année en cours au niveau des compagnies de l’IATA, donc de l’Organisation internationale du transport aérien. Il y aura donc encore une perte, même si la trésorerie s’est améliorée, parce qu’il y a une montée très rapide de la demande. Mais est-ce que cette demande va rester constante d’ici à la fin de l’année ?"
Il y a une remontée de trésorerie, mais ça ne veut pas dire que les compagnies aériennes vont être bénéficiaires
Rien n’est moins sûr… Un plan géopolitique instable, des coûts du pétrole fluctuants… "Dans la vie de tous les jours, ça impacte considérable notre vie et nos dépenses. Il est donc clair que dans le contexte actuel, après deux ans de Covid, les gens ont tout fait pour partir en vacances. Mais lorsque l’on reviendra sur terre — passez-moi l’expression — dans le domaine de l’aviation, il y a la réalité qui va nous rattraper très vite". Les compagnies seraient pour Jean Collard "particulièrement attentives à cela". "Il ne faut pas oublier qu’un avion est fait pour voler. S’il est au sol, ce sont des coûts considérables. Donc, il y a une certaine réticence de la part des compagnies aériennes de mettre toute une flotte en route, de louer ce qu’on appelle des queues blanches, c’est-à-dire des avions qui seraient disponibles sur le marché, parce qu’une fois que c’est loué, mais qu’on ne peut plus les faire voler à partir du mois d’octobre ou du mois de novembre…"
Lorsque l’on reviendra sur terre — passez-moi l’expression — […] la réalité va nous rattraper très vite
Ce qui engendrerait des coûts considérables. Dans le contexte actuel, les compagnies aériennes sont prises de court. "Mais en même temps, on a un tel goulot d’étranglement parce qu’il y a eu un tel apport de liquidités sur très peu de temps — personnellement, je n’ai jamais vu ça —, surtout en Europe. Ce qui fait que les compagnies sont effectivement débordées et qu’il y a beaucoup d’avions qui restent au sol. Sans compter tous les problèmes que nous connaissons dans le domaine qui est directement lié aux conditions de travail du personnel navigant et des pilotes…".