Lorsque vous êtes hospitalisé, une quantité de données sont stockées par l’hôpital: les médicaments que l’on vous a administrés, votre pathologie, les médecins et les spécialistes qui se sont penchés sur votre cas. Ce que vous ne savez peut-être pas, c’est qu’à votre sortie, l’hôpital revend ces données à des sociétés commerciales, pour de l’argent.
Grâce à cette pratique, l’industrie pharmaceutique peut savoir précisément ce que tel hôpital consomme comme médicaments, et comment tel spécialiste traite une pathologie spécifique. Un vrai jackpot en termes de marketing.
"C’est scandaleux!", s’insurge Jean Hermesse. Le patron de la Mutualité chrétienne (MC) vient de découvrir cette situation. "C’est tout simplement de la marchandisation des données médicales". Le patient n’a pas donné son consentement mais les données sont anonymisées. "Il n’empêche, explique Jean Hermesse, cela doit être un débat public. Ces données ont été produites par du personnel (facturation, encodage, prestation) financé par de l’argent public. Les patients ont remis à l’hôpital ces données en toute confiance, sans savoir qu’on en faisait du business! Depuis quand finance-t-on le secteur des soins de santé avec du commerce!"
Comment le système fonctionne-t-il?
La Mutualité Chrétienne a identifié une société, QuintilesIMS au cœur de ce système, chez nous. Depuis mai 2014, cette multinationale américaine a acheté un logiciel belge de gestion de données médicales, Forcea. Ce logiciel est beaucoup utilisé dans les hôpitaux en Belgique. Grâce à cette acquisition, Quintiles IMS propose à présent aux hôpitaux de lui fournir les données du logiciel pour les revendre à un tiers. Nous nous sommes procurés un contrat proposé aux structures hospitalières. La convention proposée à l'hôpital explique clairement que les "résultats de l'activité" seront mis à disposition "de tiers".