Des chercheurs de l’UCLouvain ont vérifié le filtre de 750 voitures lors de leur passage au contrôle technique. L’objectif était de connaître l’impact réel de ces filtres sur l’environnement et la qualité de l’air. Francesco Contino est professeur à l’Ecole polytechnique de l’UCLouvain, il a dirigé l’étude avec Hervé Jean-Marc. Cinq ans après le dieselgate et compte-tenu de la mauvaise réputation de ce carburant, cette enquête apporte des résultats intéressants.
"L’objectif était d’avoir une vision plus proche de la réalité quant aux émissions de particules fines", explique Francesco Contino. "Celles-ci sont calculées sur des principes théoriques d’émissions par véhicule, nous voulions vérifier ces chiffres pour avoir des données plus précises."
Une majorité des filtres sont très bons
Pour réaliser leur enquête, les chercheurs ont utilisé des outils de laboratoire plus précis que les mesures effectuées lors des contrôles techniques. "On a effectué des mesures dans plusieurs centres de contrôles techniques. Pour cela on a utilisé des capteurs de très bonne qualité qui compte le nombre de particules issues de l’échappement." Bonne nouvelle, 85% des véhicules testés étaient équipés d’un bon filtre. Encore mieux, dans 65% des cas, aucune particule ne s’échappe.
Mais pour 15% des voitures, le filtre était défectueux ou carrément absent. Parmi ces 15%, quelques véhicules émettent jusqu’à 10.000 fois plus de particules qu’une voiture normale. Ces nouvelles informations pourraient avoir de lourdes conséquences. En effet, les données actuelles liées l’émission de particules fines ne prennent pas en compte cette proportion de filtres défectueux. Selon l’estimation des chercheurs UCLouvain, cela multiplierait par 5 les particules émises par les véhicules de la flotte belge vendus après 2010.
Ces véhicules diesel restent trop souvent en ville
"Il n’y a pas de marque de véhicules qui est ressortie dans les mauvais résultats", détaille Francesco Contino. "Il y a plusieurs raisons qui expliquent que ces filtres ne fonctionnent pas. La première, c’est que ces véhicules diesel restent trop souvent en ville. Ils n’ont pas l’occasion de monter en température et donc de nettoyer leur filtre à particules ce qui peut même l’endommager. Le problème c’est que changer un filtre à particules coûte très cher, certains garagistes conseilleraient à leur client de l’enlever plutôt que de le changer. Malheureusement à l’heure actuelle cela ne se voit pas lors du contrôle technique. "
Danger pour la santé
Concrètement, cela veut dire que 15% des véhicules belges passent le contrôle technique alors qu’ils émettent trop de particules fines dans l’air. Les appareils actuels de mesures des contrôles techniques ne perçoivent pas ces particules qui sont pourtant dangereuses pour notre santé. Les particules fines pénètrent profondément dans les voies respiratoires. Pire, les particules ultra fines peuvent entraînent une inflammation des alvéoles respiratoires, mais aussi du système cardiovasculaire.
Pour Francesco Contino, "cela ne veut pas que les véhicules diesel récents sont des mauvais élèves en termes de pollution. Ils émettent par exemple moins de CO2 que les véhicules essences. Malheureusement, certaines personnes achètent un véhicule diesel alors que leur utilisation ne correspond pas à un véhicule diesel . Ils ne respectent pas en quelque sorte le mode d’emploi de leur voiture, ce qui la rend plus polluante que ce qu’elle devrait être."
Les centres de contrôle technique vont mettre en place de nouveaux standards de mesures. L’objectif est ne plus laisser circuler des voitures trop polluantes sur la voie publique. Les chercheurs espèrent aussi sensibiliser le public à la bonne utilisation de leur voiture diesel.