On ne parle plus que d’elle : la voiture sans pilote est promise pour 2030. Mais cela se fera durant un processus qui compte 5 niveaux. Savez-vous que votre voiture a peut-être déjà entamé cette lente métamorphose dont la phase ultime est la disparition du volant ?
Les six niveaux d’indépendance de votre voiture
Sur une échelle de 5, l’autonomie de décision d’une voiture atteint aujourd’hui le niveau 3.
Au début, il n’y avait le néant. Le niveau 0 de la voiture autonome, la Simca 1000, ou presque. Par exemple, l’ABS n’est pas considéré comme une aide à l’autonomie du véhicule. Viennent ensuite les 3 premiers niveaux d’autonomie déjà atteints. Mais ils se limitent, plutôt à des systèmes d’aide à la conduite. Il faut atteindre le niveau 4, voire 5 pour réellement parler d’une voiture indépendante, sans conducteur humain.
Votre voiture, c’est 1,2 ou 3?
Niveau 1: l’apéritif
Au niveau 1 de l’autonomie, on évoque le régulateur de vitesse adaptatif ou le freinage d’urgence automatique pour les piétons. C’est aussi le cas de l’assistance au maintien de la trajectoire sur une voie de circulation. La direction automatique "reprend la main" lorsque le véhicule à tendance à quitter sa bande de roulement. Mais pas question de lâcher le volant. Après 15 secondes, si le véhicule constate qu’il est le seul aux commandes, un message vous intime l’ordre de reprendre le volant. Et la direction automatique se déconnecte. Le niveau 1 permet à tout moment au conducteur d’outrepasser les initiatives du système informatique. Ce niveau est aujourd’hui banalisé sur de nombreux véhicules.
Niveau 2: elle se gare toute seule
Le niveau 2 de l’autonomie automobile introduit le contrôle relatif du véhicule qui peut désormais se parquer seul. Le système maintient la voiture sur sa voie de circulation (LKS lane keeping Systems). Et pour certains modèles déjà plus haut de gamme permet une certaine liberté du véhicule dans les files à l’aide d’un limitateur de vitesse adaptatif. AutoPilot de Tesla en fut la première application, suivie par Mercedes, VW et d’autres. Mais l’automobiliste est toujours responsable du comportement de son véhicule et doit maintenir les mains sur le volant.
Niveau 3: le début du pilotage automatique
Le niveau 3 introduit la notion de pilotage automatique. La voiture commence à surveiller son environnement. C’est le niveau technologique atteint aujourd’hui par certains véhicules haut de gamme. Cette fois, le "système" maîtrise à la fois le contrôle longitudinal (s’intégrer dans le flux du trafic) et transversal de la trajectoire (rester sur sa bande). Le "système" maintient le véhicule sur sa voie de circulation et adapte sa vitesse au flux des voitures. Le pilote peut commencer à être distrait mais doit pouvoir intervenir en cas de problème. Dans ce cas, le pilote automatique demande au "conducteur" de reprendre les commandes. C’est le niveau atteint par certains modèles Audi (8) et l’Autopilot 2.0 de Tesla. Le conducteur ne conduit plus totalement son véhicule, mais doit pouvoir remettre les mains sur le volant si le système le lui demande.
Le niveau 4: "Maman, sans les mains !"
C’est avec le niveau 4 que les choses sérieuses commencent. A ce stade, l’autonomie est pratiquement complète. Mais dans un univers simple, comme un parking bien balisé, des déplacements sur autoroutes, des voiries au marquage bien visible. On parle alors de conduite hautement automatisée. Pour des environnements complexes (météo, fort trafic…), le pilote automatique peut se désactiver pour rendre les commandes au pilote humain. Le volant est toujours dans l’habitacle.
Niveau 5: mais où est donc passé le volant?
Le niveau 5 étend cette autonomie parfaite à tous les environnements, même dans des situations critiques. Apparaît ce que certains nomment la "certitude machine" qui présuppose qu’un humain ne ferait de toute façon pas mieux que l’ordinateur embarqué. Un ordre humain pourrait même ne pas être appliqué s’il est jugé dangereux. Ce sont les capteurs, omniprésents, sur les véhicules comme dans l’espace urbain, qui prennent les décisions en s’échangeant des données. Pour la première fois, le pilote n’est plus qu’un passager.
Ce qui suscite de nombreuses questions, toujours sans réponses, sur les plans éthiques (le choix pris par la voiture en cas d’accident), et légal (qui est responsable de l’accident ? Le propriétaire ou le constructeur ?). Faute de normes actuelles pour le niveau 5, plusieurs constructeurs ne croient pas en une voiture vraiment autonome avant 2035.
Car si la voiture intelligente a 5 niveaux, l’homme a 5 sens. Sans parler de cette intuition qui nous prévient parfois qu’un véhicule se prépare à changer de bande sans mettre son clignotant.