Tensions autour de l’Ukraine, répressions de l'opposition, inflation, gestion de la pandémie du Covid-19... Ce sont les principaux sujets "chauds" sur lesquels Vladimir Poutine a été interrogé ce jeudi pendant près de quatre heures, lors de sa Conférence de presse annuelle.
Journalistes et observateurs avaient encore à l’esprit les discours toujours plus véhéments ces derniers jours du président russe, Vladimir Poutine, à l’égard de Washington et des européens. Changement de ton : "Pour l’heure nous voyons une réaction positive. Nos partenaires américains nous disent qu’ils sont prêts à commencer cette discussion, ces négociations, dès le début de l’année à Genève", a déclaré le chef du Kremlin.
Le président russe faisait référence à l’annonce de discussions à venir entre Washington et Moscou à propos d’une demande russe de garantir le non-élargissement de l’Otan aux pays frontaliers, notamment l’Ukraine. Vladimir Poutine réclame aussi l'arrêt du soutien militaire de l'Otan et de Washington à l'Ukraine et la fin de toute activité militaire occidentale à proximité de la Russie. Et cela, sans proposer de contreparties.
Une demande légitime de Moscou ? "Inadmissibles" pour de nombreuses voix occidentales qui craignent de lourdes conséquences pour l'architecture sécuritaire européenne.
Difficulté à décoloniser le regard sur cet espace post-soviétique
"Tout Etat a une légitimité à défendre sa sécurité", analyse Aude Merlin, chargée de cours en science politique à l'Université libre de Bruxelles (ULB). "Mais là, on a une inversion du vocabulaire et une inversion des réalités. Vladimir Poutine et plus généralement les autorités russes, arguent d’une situation de vulnérabilité de la Russie par rapport à l’Otan".
"En réalité, c’est la souveraineté de l’Ukraine qui est déjà entamée, en ayant perdu la Crimée en 2014 et en subissant les velléités indépendantistes dans le Donbass", note encore Aude Merlin. "Il y a donc une difficulté en Russie, dans le chef des autorités et des élites russes, à décoloniser le regard sur cet espace post-soviétique. Pour Vladimir Poutine, russes et ukrainiens seraient un même peuple, il n’y a pas d’Etat Ukrainien indépendant. Et il a beaucoup de mal à reconnaitre que ce pays puisse choisir librement ses alliances sécuritaires".
La Russie a présenté deux projets de traités pour bannir tout élargissement de l'Alliance atlantique, notamment à l'Ukraine, et mettre fin aux activités militaires occidentales à proximité des frontières russes. Selon Moscou, il s'agit du seul moyen de juguler l'escalade des tensions. "Il ne doit y avoir aucune avancée de l'Otan vers l'Est, la balle est dans leur camp", a-t-il déclaré.
Et d’ajouter, "J'espère que la première réaction positive (des Etats-Unis), avec l'annonce du début des négociations (à Genève) en janvier, va nous permettre d'aller de l'avant".