Vivre son histoire d’amour en tant que malvoyant

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Par Anne Pollard

C’est à l’école, en secondaire, qu’Arthur et Eléonor font connaissance. Derrière cette rencontre, la grande sœur d’Eleonor, alors bien décidée à accélérer le destin… "J’étais en classe et je reçois une dizaine de messages "Salut, ça va ?" et en parallèle, un message de ma sœur qui m’explique qu’elle a donné mon numéro aux garçons de sa classe", raconte Eleonor. "J’ai bien accroché avec Arthur et le lendemain, c’est moi qui lui ai envoyé "Salut, ça va ?", et puis tout s’est enchaîné."

S’aimer et se regarder, autrement

Ils ont aujourd’hui 24 et 25 ans. Depuis 7 ans, le couple cohabite avec le handicap. Eléonor est malvoyante. Lorsqu’elle n’a que six semaines, on lui détecte un cancer de la rétine. Elle perd alors partiellement la vue. "C’est comme si je voyais à travers le sachet en plastique d’un paquet de céréales." Elle distingue les ombres, les couleurs, assez pour percevoir le visage de son amoureux. "Arthur, il est beau ! Je vois qu’il a des yeux verts et des sourcils bien dessinés. Je peux discerner ces détails car j’ai tendance à être proche de son visage", confie-t-elle en souriant.

Dans leur couple, ils oublient le handicap au quotidien grâce à une bonne dose d’autodérision et d’empathie. Comprendre la réalité de l’autre, sans crainte, comme tous les couples finalement… "Il ne faut surtout pas avoir peur d’en parler", insiste Arthur. "Je lui ai posé beaucoup de questions par rapport à sa vision, surtout au début ! Une fois que j’ai eu les acquis, que j’avais bien compris ce qu’elle pouvait voir ou non, c’était plus simple pour moi de la guider."

Un travail d’équipe

Leur relation se base également sur la confiance en l’autre, jusque dans les gestes du quotidien. Chacun a son rôle dans l’équipe. "Dans la voiture, Arthur est le pilote et moi je suis la copilote. Je choisis la musique et je lis la carte, même si parfois je ne la vois pas alors je donne les directions un peu trop tard !" En cuisine aussi, le couple a dû faire quelques aménagements. Ils se sont installés il y a deux ans dans une maison. Un grand pas vers plus d’autonomie pour la jeune femme malgré quelques appréhensions. "J’avais peur de ne pas savoir gérer la cuisine. Le four, par exemple, m’angoissait vraiment." Rapidement, Arthur la rassure. "Il m’a dit : tu mets sur le troisième bouton et tu ne te poses pas la question, et depuis tout fonctionne très bien !" "Oui, regardez, on est toujours en vie ! Et le plat est toujours cuit" renchérit Arthur, complice.

Eléonor et Arthur abordent désormais leur avenir ensemble avec la simplicité qui les caractérise. L’esprit serein et comme toujours, avec beaucoup d’amour…

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