C'était le 6 janvier 2021, galvanisés par Donald Trump, des militants de l’Alt-right prenaient d’assaut le capitole, à Washington. Bien avant ce discours du président vaincu, sur les réseaux sociaux, les esprits avaient été chauffés à blanc. Sans doute vaut-il mieux d’ailleurs parler d’intoxication. Des messages contestant la validité des résultats de l’élection circulaient, des appels à manifester relayés par milliers avaient fait monter la tension.
Et si tout cela avait été orchestré ? Et si finalement, certains s’étaient attelés à intoxiquer l’opinion publique américaine ?
Dans le jargon on appelle cela : l’astroturfing.
David Chavalarias est mathématicien, auteur du livre "Toxic Data, comment les réseaux manipulent les opinions" : "L’astroturfing consiste à créer une foule factice de manière à ce que, quand des citoyens vont se tourner vers d’autres concitoyens pour voir ce qu’ils pensent, en fait ils vont se tourner vers des comptes qui eux seront pilotés, qui vont tous diffuser la même opinion. Ça, ça va augmenter la probabilité pour que ces citoyens adoptent ce genre d’opinion."
L’astroturfing c’est donc une campagne de manipulation des foules censée faire croire à l’émergence d’un mouvement populaire et spontané. Un mouvement qui est en réalité télécommandé, inventé, falsifié pour gonfler l’importance d’une thématique. Notre expert rajoute :
"Il y a des profils qui sont entièrement faux, de la photo de profil jusqu’aux textes et à l’historique. Il y a maintenant moyen de créer de fausses images de profil entièrement synthétiques, par intelligence artificielle. Donc, c’est un peu donner vie à un faux compte. L’objectif c’est d’avoir des comptes qui sont présents sur plusieurs mois et qui vont avoir des discussions un peu anodines. Ils créent des connexions avec des vrais citoyens, de manière à créer de la confiance. Ce qui rendra la propagande d’autant plus efficace quand ils commenceront à en faire."