Salvatore Adamo, si vous vous retournez sur votre vie d’homme, d’enfant, que voyez-vous, que retenez-vous ?
Ce que je retiens de ma vie, ce sont les moments vécus avec mes parents. Ils sont toujours présents. Je regarde leurs photos tous les matins et tous les soirs. C’est une espèce d’habitude que j’ai prise. Je pense à ces moments de bonheur que j’ai vécus, inconscient de la difficulté dans laquelle mes parents se trouvaient. Déracinés, venant d’un pays du soleil, arrivant en plein hiver dans les brumes du nord.
J’ai revu et entendu mon père et ma mère s’exprimer, mon frère et mes sœurs chanter. Je me suis recueilli avec la tristesse de l’absence, mais j’ai ressenti l’émotion agréable de revoir mes chers disparus vivants.
"Pour tous les travailleurs italiens qui descendront dans les mines en Belgique, 200 kilos de charbon par jour et par homme seront livrés à l’Italie. Le gouvernement italien s’efforcera d’envoyer en Belgique 2 000 travailleurs par semaine". Que provoquent ces mots lourds de sens en vous ?
Je suis au courant de ce contrat. Et ce n’était pas 200 kilos, mais une tonne de charbon par ouvrier. On en a reparlé en 1996. C’était le 50e anniversaire de la vague d’émigration. Cela a choqué énormément de monde. Je ne pense pas que mon père le savait. Ni ses collègues, d’ailleurs. Mais j’imagine que s’il l’avait su, il aurait quand même fait le travail. Ce labeur, qu’on le veuille ou non, a rendu leur dignité à tous ces ouvriers, celle de pouvoir nourrir leur famille. Ce qui n’était pas le cas en Sicile ou dans d’autres régions d’Italie…
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