Virus mangeurs de bactéries contre infections nosocomiales

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Par AFP/RTBF

Quelque 700.000 personnes contractent chaque année des infections à l'hôpital et 4.000 en meurent. Des chiffres rappelés lors des 3èmes Etats généraux des infections nosocomiales organisés jeudi et vendredi à Paris et qui réunissent des professionnels et des patients comme Caroline Lemaire, 41 ans aujourd'hui.

"Je n'avais plus rien à perdre. j'étais en rupture de traitement", raconte la jeune femme à l'AFP. En 2008, elle refuse une amputation qu'on lui "avait déjà proposée en 2001!", précise-t-elle. En cause, "un staphylocoque doré contracté au bloc" en 1995 lors de sa première opération.

"Douleurs, morphine, neuroleptiques, j'ai pris des médicaments quasiment pendant dix ans", souffle-t-elle.

Après de "multiples opérations", le "pied se rouvre" en 2007. Nouvelle opération en 2008, à Paris. Et "là, j'ai fait une allergie virulente aux antibiotiques, je me suis retrouvée en ''réa'' pendant huit jours. Ca a failli m'être fatal".

On lui décèlera une hypersensibilité médicamenteuse, un syndrome "long à soigner". Peu à peu, elle voit son pied "dégénérer".

Grâce au Lien (une association consacrée aux victimes et à la sécurité des patients), elle rencontre le Dr Alain Dublanchet et le Dr Olivier Patay de l'hôpital intercommunal de Villeneuve Saint-Georges, qui lui proposent la "phagothérapie", vieille méthode reposant sur l'utilisation de bactériophages (ou phages, du grec phagein : manger). Il s'agit de virus spécifiques de l'agent bactérien responsable de son infection.

Le traitement, sous forme de gouttes appliquées localement dans la plaie en association avec des antibiotiques, est d'origine étrangère. Dans les pays de l'Est, la tradition des phages n'avait pas disparu, note le Dr Dublanchet.

Résultat du traitement : le pied s'est amélioré et Caroline peut désormais se chausser. Côté travail elle "redémarre".

Autre témoignage : Henri Lemaitre, 46 ans, est "tombé du toit d'un immeuble de cinq étages en février 2005. "Accident professionnel". "Gros dégâts, 37 fractures", il perd "30 kilos". Henri déroule un périple douloureux dans divers hôpitaux (Draguignan, Nice, Amiens, Lille, Paris) avec une infection du pied droit par "un méchant staphylocoque doré et un peu de bacille pyocyanique"."troué", "tellement charcuté qu'à la 14e opération", il faut se résoudre à l'amputation, lui dit-on. Mais un médecin l'oriente sur la phagothérapie."adapté". "Je suis retourné bosser il y a un an, dès que la plaie s'est refermée", dit-il soulignant que sa demande de faire reconnaître son infection comme nosocomiale a été rejetée."Les phages ne vont pas remplacer les antibiotiques, mais dans des cas où l'on n'a pas de solutions de traitement, on peut y recourir", estime le microbiologiste de l'Institut Pasteur, Laurent Debardieux qui plaide pour relancer la recherche dans ce domaine controversé.

Des portes se ferment, des praticiens l'abandonnent. Son pied est

Mars 2008, début du traitement. Il le termine lui aussi à la maison. Bien sûr, il a des séquelles, mais il s'est

 


AFP

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