Le vice-Premier ministre et ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne (Open VLD) vient de procéder au retrait de la reconnaissance de l'Exécutif des Musulmans de Belgique (EMB), a-t-il fait savoir par communiqué. Plusieurs demandes visant à rendre l'organe plus indépendant, plus représentatif et plus transparent n'ont pas abouti, justifie-t-il. Le mandat des membres de l'EMB a expiré depuis presque 2,5 ans. Les décisions de l'EMB ne sont prises que par quelques membres du conseil d’administration. Et malgré les multiples promesses de l'EMB, il n'y a toujours aucune élection démocratique crédible en vue, estime le ministre.
L'Exécutif des Musulmans de Belgique (EMB) est devenu officiellement un interlocuteur du gouvernement en 1996, en tant que point de contact pour la communauté musulmane assez différenciée de notre pays. Ses compétences comprenaient la demande de reconnaissance des mosquées, l'organisation de l'enseignement religieux islamique, la désignation et la formation des imams et l'établissement de parcelles islamiques dans les cimetières publics.
Mais l'EBM a fait l'objet de plusieurs discussions au cours des dernières années. À l'automne 2020, par exemple, la Sûreté de l'État a constaté qu'il était question d’ingérence étrangère. L'EMB a fait preuve de peu de transparence par la suite. Malgré un conseil d'administration composé de 17 membres élus censés représenter les différents courants de la communauté musulmane, la gestion était de facto entre les mains de quelques individus.
Le conseil d’administration ne s'est plus réuni depuis octobre 2019. Son propre rapport d'évaluation 2020 faisait déjà état de plusieurs lacunes, telles que le manque de représentation féminine et l'infiltration d'extrémistes.
Deux lettres de mise en demeure ont suivi le 8 juillet 2021 et le 4 octobre 2021 pour tenter de les faire changer de cap. Le vice-Premier ministre et ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne, compétent en matière de cultes, a organisé plusieurs moments de concertation entre son cabinet et l'EMB en réitérant la demande d'organiser des élections transparentes et démocratiques afin que l'organe soit inclusif, pluraliste, représentatif et transparent.
La communauté musulmane lésée
Malgré de nombreuses promesses, les mesures nécessaires à cette fin n'ont toujours pas été prises à ce jour. De ce fait, la communauté musulmane de notre pays ne dispose toujours pas de la représentation à laquelle elle a droit, ce qui entrave l'intégration des musulmans dans notre pays.
Pour le ministre Van Quickenborne, cette absence de perspective de renouvellement réel est tout simplement inacceptable. C’est pourquoi le ministre a décidé de retirer définitivement la reconnaissance de l'EMB, et ce, dès aujourd'hui. Une lettre en ce sens a déjà été envoyée aux membres de l'EMB hier.
Le ministre appelle la communauté musulmane de notre pays à s'organiser de manière transparente, indépendante et pluraliste, sur la base de la liberté religieuse et du caractère démocratique et libre de notre société. Dans le cadre de la séparation de l'Église et de l'État, seules les communautés religieuses sont en mesure de créer un organe représentatif en tant qu'interlocuteur du gouvernement.
Les affaires en cours seront toujours observées afin d'assurer la continuité de certaines tâches administratives, telles que la reconnaissance des communautés religieuses locales par les entités fédérées, la désignation de consultants en islam et d'enseignants en islam.
" Je n'ai encore jamais vu un tel amateurisme, assène Vincent Van Quickenborne. Et cela, en plus, pour un organisme qui joue un rôle crucial pour la communauté musulmane de notre pays. La communauté musulmane mérite mieux, c'est pourquoi j'ai décidé de retirer la reconnaissance de l’EMB. Nous voulons ainsi ouvrir la voie à un exécutif musulman véritablement représentatif, transparent et professionnel. Tant qu'il n'y aura pas de nouvel EMB, aucune nouvelle subvention ne sera versée, comme c'était déjà le cas pour les moyens prévus pour 2022. "