"Jusqu'à ce matin, j'ai eu peur... Il a plu hier, il pleuvra demain et aujourd'hui, c'est vraiment 'le' bon jour ! C'est un miracle comme peut en offrir cette abbaye", se réjouissait sur place le maitre de chai, Christophe Waterkeyn. "Le grain est sucré, craquant sous la dent avec son goût de fruit rouge et une acidité tout à fait raisonnable, Le taux d'alcool tourne autour de 11,5 degrés et nous devons l'amener aux alentours de 12 : c'est parfait".
Le printemps, inexistant cette année, a retardé la floraison et donc la date des vendanges, qui viennent normalement 100 jours après la fleur. Mais le soleil d'août et de septembre a amené le raisin à maturité dans des conditions idéales, et dans un bel état sanitaire : environ 1% de perte seulement.
Parce qu'à Villers, une fois cueillies, toutes les grappes sont inspectées une par une, et les grains suspects écartés sans pitié. Une opération qui nécessite de la main d'œuvre mais dans cette confrérie de passionnés, ce n'est pas un souci. Le tri sur table, dans une bonne humeur communicative, c'est un des bons moments de la saison.
"On a la même qualité que le Cheval Blanc et le Petrus... La même qualité de tri, je veux dire !", sourit Christophe Waterkeyn. "Vous avez compris : ici, on fait les choses sérieusement mais sans se prendre au sérieux".
Avec 300 kg de raisins en fin d'opération, ce cru 2013 produira environ 250 bouteilles. Et pour la première fois, les confrères vinifieront à l'abbaye, dans le chai inauguré cet été face de leur vignoble. L'ancienne grange cistercienne a été rénovée dans ce but, dans le cadre du plan du schéma de développement du site. Le vin des confrères sera donc désormais un véritable vin d'abbaye.
VINCENT FIFI