Interrogé par l'Agence Belga, le ministre Dermagne s'est engagé à prendre en compte les critiques exprimées sur ce texte. "Nous ne déposerons pas cet avant-projet de loi à la table du gouvernement avant d'avoir répondu aux craintes soulevées par les associations de patients", a-t-on indiqué à son cabinet.
L'avis rendu par la Commission des assurances sur ce projet est en cours d'examen par l'administration. "Après analyse, des remédiations pourraient être apportées à l'avant-projet de loi. Il sera donc décidé à ce moment si une règlementation en matière d'accès aux données médicales sera introduite", a-t-on ajouté.
En tout état de cause, tant le Conseil d'Etat que l'Autorité de Protection des Données (APD) seront également amenés à rendre leur avis.
La fédération des entreprises d'assurance Assuralia a apporté une mise au point après la publication de ces informations. Le texte cherche en fait à combler un vide juridique sur la notion de consentement, a-t-elle expliqué, "et n'est pas destiné à accorder aux assureurs un passe-droit leur permettant de traiter tout type de données médicales". L'APD a d'ailleurs demandé au législateur de créer une base juridique pour le traitement des données médicales par les assureurs. Un certain nombre d'autres pays européens ont déjà mis en place une telle législation, a-t-elle ajouté.
Le dispositif en projet "ne signifie pas que les assureurs auront désormais accès à toutes les données médicales de la personne concernée". Les assureurs restent soumis au RGPD, ce qui signifie qu'ils ne peuvent traiter que les données médicales qui sont nécessaires et proportionnées. En d'autres termes, s'ils traitaient des données médicales dont ils n'ont pas besoin pour le contrat ou gérer la demande, ils pourraient être sanctionnés. Et par conséquent, un assureur ne peut pas traiter les données médicales d'une personne avec laquelle il n'a aucun lien, a assuré la fédération.
Dans la pratique, l'assureur n'a pas accès au dossier médical, a encore précisé Assuralia. Cela signifie donc qu'il continuera à soumettre un questionnaire médical ou demandera un examen médical.
Le secrétaire d'Etat à la Protection de la vie privée, Mathieu Michel, a fait savoir de son côté qu'il suivrait ce dossier avec attention. "Pour nous, il est clair qu'il est hors de question de brader la vie privée des citoyens", a indiqué son porte-parole.