" Nous sommes transportés dans une autre dimension, une dimension faite non seulement de paysages et de sons, mais aussi d’esprits. Un voyage dans une contrée sans fin dont les frontières sont notre imagination. Un voyage au bout de ténèbres où il n’y a qu’une destination : la quatrième dimension. "
C’est ainsi que les épisodes de la série culte "La Quatrième dimension" - alias "The Twilight Zone" - avaient l’habitude de débuter : un générique sur lequel glissent des objets fantastiques et ésotériques, accompagné de ces quelques phrases mystérieuses et prometteuses. Les mots prononcés par le créateur de la série, Rod Serling, ont changé au cours des saisons, mais leur proposition reste invariablement la même : entrez dans un monde étrange, où notre réalité n’est plus que l’ombre d’elle-même.
L’invitation formulée par Pierre Cendors avec son dernier roman n’est pas très éloignée de cette injonction. Auteur intertextuel par excellence, il est un adepte des superpositions littéraires et cinématographiques, comme "Archives du Vent", dans lequel il imaginait la vie d’un réalisateur de génie reclus. "Vie Posthume d'Edward Markham", son septième ouvrage, poursuit ce travail. Il y est question d’un script, celui de l’ultime épisode de "Twilight Zone", mettant en scène Usher, un scientifique à la dérive. Le scénariste de l’épisode, Todd Traumer, figure aussi dans les pages du roman, presque personnage principal, mais pas complètement. Le récit nous fait également part de la vie de l’acteur principal de l’épisode, ce fameux Edward Markham. Les existences de Todd, Usher et Edward se font mutuellement écho, s’entrechoquent, se complètent, dans un flou progressif entre fiction et réalité.
Évidemment, tout est faux.