Le 22 mars 2016, Jessie Manzanza étudie à la bibliothèque quand son téléphone se met à vibrer avec insistance. Son grand frère Christian était dans la rame de métro du kamikaze. La famille, les amis, les proches, tous veulent savoir si Christian va bien. Il faudra attendre jusque 14h pour avoir des nouvelles. Christian était à moins de quatre mètres du terroriste. Il est gravement brûlé au visage et aux mains. Jessie, ses sœurs, son autre frère et ses parents plongent en enfer.
Aujourd’hui, quand Jessie repense à cette journée, elle se souvient de son impression : "C’est comme si j’étais dans un film. Je voyais la situation et ma propre vie de l’extérieur". Dans les jours qui suivent, cette impression persiste. Et les troubles post-traumatiques apparaissent : "J’avais du mal à dormir et à m’alimenter. Il y avait aussi un silence pesant quand on se retrouvait tous à table. On ne savait pas comment en parler ou aborder d’autres sujets", se souvient-elle.
Longtemps après les attentats, grâce au travail de l’association Life4Brussels, Jessie Manzanza et sa famille apprennent l’existence du statut de victime indirecte.
Statut de victime indirecte : un long parcours administratif
Pour obtenir ce statut, il faut remplir de nombreux formulaires avec des questions telles que : "Où étiez-vous quand vous avez appris l’attentat ? Avez-vous visité votre proche à l’hôpital ? Comment avez-vous vécu le changement de comportement de votre proche ? Avez-vous vous-même éprouvé des souffrances, cauchemars, angoisses ? Avez-vous, vous-même, changé de comportement depuis les faits ?".
Il faut donc se replonger dans des souvenirs douloureux, il faut aussi apporter des preuves. "C’est normal", estime la jeune femme, "mais c’est très froid, il faut apporter beaucoup de détails et cela donne le sentiment qu’il faut se justifier. Il m’est arrivé de remplir certains documents en versant des larmes", glisse-t-elle.