Economie

Vers une sortie de la crise énergétique en 2023 ?

Prospective

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À la fin du mois d’août, au moment du pic des prix de l’énergie, le Premier ministre Alexander De Croo prévoyait 5 à 10 hivers difficiles. Nous voici au début de l’année 2023. La crise énergétique va-t-elle se prolonger ou va-t-on enfin en sortir ?

Sur les marchés de gros, le mégawattheure de gaz vaut ce lundi 72 euros, soit son niveau le plus bas depuis le début de la guerre en Ukraine. Au moment du record historique des prix, à la fin de l’été dernier, il en valait 350. Les prix ont donc fortement chuté, mais un an avant le pic, en août 2021, il fallait débourser seulement une vingtaine d’euros par mégawattheure, un prix que l’on connaissait depuis des années. On est donc loin d’un retour à la normale.

Va-t-on retrouver ces prix d’avant la crise, ou l’énergie va-t-elle rester chère ? Il est très difficile de répondre à cette question. Le marché de l’énergie dépend de multiples facteurs : les évènements géopolitiques, la météo, le comportement des spéculateurs, etc. On peut malgré tout émettre des hypothèses.

Les experts s’accordent pour dire qu’on ne retrouvera plus, en 2023, les prix d’avant la crise. L’Europe a décidé de se passer du gaz russe, elle va maintenant devoir diversifier ses sources d’approvisionnement, notamment en utilisant plus de GNL, du gaz naturel liquéfié, et cela a un coût.

Je pense qu’on est parti sur 5, 10 ans de prix bien plus élevé que ce qu’on a connu précédemment

"Je pense qu’on est parti sur 5, 10 ans de prix bien plus élevé que ce qu’on a connu précédemment", explique Florence Carlot, spécialiste énergie au cabinet de Conseil Arthur D. Little. "Pourquoi ? Parce que d’un point de vue des infrastructures, l’Europe va devoir se reconstruire. Elle va devoir construire ces terminaux GNL. Cela peut être assez rapide, mais on va aussi dépendre de sources de gaz qui vont provenir d’autres régions qui sont également assez demandées par l’Asie, par exemple. On va devoir se partager le cake."

Diminution des réserves mondiales de gaz

Selon Charles Cuvelliez, professeur à l’ULB, il ne faut par ailleurs pas sous-estimer la diminution des réserves mondiales de gaz. "On ne se pose pas assez la question de savoir si on pourra encore extraire assez de gaz dans le futur. Or, depuis 2010, on se rend compte que l’extraction du gaz manifeste un plateau, comme si un équivalent du pic pétrolier commençait à être atteint pour le gaz."

L’offre diminue donc, et la demande, elle, augmente, avec, notamment, l’industrialisation de l’Inde, du Pakistan, ou du Bangladesh. Les prix vont donc rester structurellement élevés. L’augmentation avait d’ailleurs déjà débuté avant la guerre en Ukraine.

Cela dit, le gaz ne devrait plus atteindre les prix fous que l’on a connus. Plusieurs éléments tangibles plaident pour cette hypothèse, à commencer par la décision européenne de plafonner les prix du gaz à 180€ du mégawattheure. "C’est un garde-fou pour qu’il n’y ait plus d’envolée comme on a eu cet été, et ça, c’est déjà pas mal", analyse Bertrand Candelon, professeur de Finances internationales à l’UCLouvain. D’autres mesures, comme la taxe sur les surprofits ou les achats groupés d’énergie européens, devraient permettre de contenir les prix.

Sobriété et diversification

On va donc devoir s’habituer à des prix plus élevés, mais a priori un peu moins volatiles qu’en 2022. On va aussi devoir consolider de nouvelles habitudes de consommation prises dans la précipitation en 2022. "C’est-à-dire la sobriété, dit Charles Cuvelliez (ULB), et le fait de chercher par tous les moyens à diversifier nos sources d’énergie. La pompe à chaleur, le photovoltaïque, etc. vont devoir entrer dans nos réflexes. Ça passe par un effort de toute la société."

La consommation de gaz en Europe a déjà diminué de 20% par rapport à la période d’avant Covid-19, via les petits gestes des particuliers, mais aussi via les entreprises, contraintes et forcées de diminuer leur production. La marche vers la transition énergétique s’est accélérée.

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