Belgique

Vers un taux d’emploi de 80% d’ici 2030 ? "Il faut aussi se poser la question du type d’emploi", nuance le FOREM

L'invitée: Marie Kristine Vanbockestal, administratrice générale du Forem

Pour voir ce contenu, connectez-vous gratuitement

Par Miguel Allo sur base d'une interview de Danielle Welter via

L’objectif de la Vivaldi est d’atteindre un taux d’emploi de 80% d’ici 2030. C’était l’engagement ancré dans l’accord du gouvernement fédéral. Et si on y arrivait finalement ? Jamais le nombre de chômeurs en Belgique n’a été aussi bas, y compris en Wallonie. Ce constat est-il correct ? N’est-ce pas faire un raccourci ?

En Wallonie toujours, il y a actuellement près de 215.000 demandeurs d’emploi. Alors que l’an dernier, 500.000 offres d’emploi ont été proposées.

Quels sont encore les efforts à faire afin d’atteindre le taux d’emploi de 80% ?

En Belgique, le nombre de chômeurs vient de passer sous les 300.000. Du jamais vu depuis 1977. Est-on sur la bonne voie pour faire baisser le chômage en Belgique ?

Pour Marie-Kristine Vanbockestal, administratrice générale du FOREM (service public wallon de l’emploi et de la formation), on assiste en ce moment à un marché de l’emploi qui est tout en contraste ; avec effectivement de moins en moins de chômeurs.

Mais elle souligne aussi que la demande d’emploi reste importante. Dans le même temps, il circule un nombre important d’offres d’emploi. "C’est presque un miracle, je dirais, après les crises successives que nous avons connues."

Il y a eu, dit-elle, des "stabilisateurs qui ont permis effectivement de garder le marché de l’emploi bien vivifié".

Mais tout cela est contrasté. Le marché de l’emploi "reste tendu par certains côtés des fonctions critiques, des emplois difficiles à pourvoir et, reconnaissons-le, un nombre encore important de demandeurs d’emploi, si pas de chômeur."

80% de taux d’emploi, c’est possible ?

Le taux d’emploi de 80% à l’horizon 2030 voulu par le gouvernement fédéral, la Vivaldi, est-il un objectif atteignable ? L’administratrice générale du FOREM constate et répète que malgré toutes les crises, les taux d’emploi - national ou des régions - sont en progression. Dans certaines régions, cette progression est faible, mais le constat est bien là.

Que cache un taux d’emploi ?

Marie-Kristine Vanbockestal souhaite apporter quelques nuances lorsque l’on parle de taux d’emploi. Elle revient sur l’objectif du gouvernement qui souhaite atteindre un taux d’emploi de 80% d’ici 2030. Cela veut dire plus de personnes au travail et qui pourront donc contribuer socialement et fiscalement aux recettes du pays.

"Mais il faut aussi parfois se poser la question : 'quel type d’emploi ?'. Moi je préfère parler en heure travaillée, parce que si dans les 80% vous avez beaucoup de temps partiel, par exemple, ce ne sont pas les recettes fiscales telles qu’elles sont calculées."

Comprendre ce que reflète le taux d’emploi

Derrière les chiffres, il y a souvent une réalité plus nuancée. La Wallonie compte actuellement 119.000 chômeurs et 215.000 demandeurs d’emploi. Quelle est la différence entre ces deux chiffres ?

Les chômeurs sont indemnisés par l’ONEM (Office national de l’emploi), explique Marie-Kristine Vanbockestal. Le nombre restant, c'est, soit des jeunes qui arrivent sur le marché de l’emploi - plus de 40.000 - et qui n’ont pas droit à des allocations. Soit des personnes exclues temporairement ou définitivement du chômage et qui émargent au CPAS, c’est 25.000 personnes. Enfin, il reste des demandeurs d’emploi inscrits librement. Il est possible de travailler (ou faire autre chose) et rester inscrit comme demandeur d’emploi.

Autrement dit, le nombre de chômeurs peut diminuer alors que d’autres catégories augmentent. Et en fin de compte, on a toujours autant de demandeurs d’emploi. L’administratrice générale du FOREM constate qu’il y a effectivement beaucoup de demandeurs d’emploi : "Ce qui est intéressant aussi c’est de voir pourquoi ? On constate en tout cas en Wallonie que 43% de ces personnes sont réputées éloignées du marché de l’emploi pour des raisons de déqualification, de chômage, des problèmes personnels, de santé, etc. Et donc c’est ce à quoi nous devons absolument nous atteler, a fortiori quand il y a autant d’offres d’emploi. C’est le rôle du FOREM aussi."

Et Marie-Kristine Vanbockestal de rappeller, à ce propos, la réforme de l’accompagnement des demandeurs d’emploi. Réforme dont l’objectif est d’aller "chercher ces personnes et pouvoir, sur base d’un accompagnement très adapté, les ramener sur le marché de l’emploi."

Problème de formation ?

Comment expliquer le nombre important de demandeurs d’emploi en Wallonie, alors que l’an dernier, il y avait 500.000 offres d’emploi ? Depuis le début de cette année, on en compte déjà pratiquement 90.000.

L’administratrice générale du FOREM reconnaît qu’il y a un problème "de non-adéquation de la réserve de main-d’œuvre en termes de qualifications, parfois même de compétences par rapport à ces offres d’emploi qui, certes, sont assez traditionnelles. Il y a beaucoup d’offres d’emploi, par exemple, dans le secteur de l’aide ménagère. Mais il y a aussi des métiers qui se spécialisent de plus en plus, qui vont aller requérir digitalisation et automatisation. Cela demandera davantage de compétences qu’on ne possède pas toujours en quittant l’école, par exemple. Et là, je pense à ces jeunes qui arrivent chez nous, non adéquatement qualifiés par rapport à ces nouveaux métiers."

Faut-il en déduire un problème dans la formation ? "Absolument." Cela implique dès lors un nombre insuffisant des bons profils pour correspondre aux offres d’emploi.

Des jeunes plus touchés par le chômage

Pourquoi les jeunes sont-ils les plus touchés par le chômage ? Au FOREM, ce qui est observé depuis 4 ou 5 mois c’est une diminution du nombre de chômeurs, mais dans le même temps "le nombre de jeunes qui arrivent à s’inscrire comme demandeurs d’emploi, (a tendance) à augmenter."

Les analyses du FOREM montrent qu’il y a de toute évidence un allongement des études. Les jeunes prennent une année Erasmus, une année sabbatique ou une spécialisation. Et puis, et cela est propre à la période post-Covid, une augmentation de l’abandon scolaire. Le rôle est dès lors pour le FOREM de convaincre ces jeunes de reprendre une formation, notamment pour certains métiers qui souffrent d’un déficit d’image.

Inscrivez-vous aux newsletters de la RTBF

Info, sport, émissions, cinéma... Découvrez l'offre complète des newsletters de nos thématiques et restez informés de nos contenus

Sur le même sujet

Articles recommandés pour vous