"On envisage une augmentation qui ne pourrait pas être supérieure au doublement", a déclaré mercredi la porte-parole du gouvernement, Valérie Pécresse, à l'issue du conseil des ministres.
Selon le rapporteur général du Budget à l'Assemblée nationale, Gilles Carrez (UMP), cette taxe rapporterait désormais 120 millions d'euros de recettes supplémentaires, soit 240 millions d'euros en 2012, et resterait sur le périmètre actuel, autrement dit les seules boissons à sucres ajoutés. Les boissons +light+ ou encore les jus de fruits ne sont pas concernés.
L'annonce de la première taxe, le 24 août, dans le cadre de la réduction des déficits publics, avait provoqué la colère des industriels, indignés que le gouvernement justifie cette contribution par la lutte contre l'obésité.
La filiale française Coca-Cola avait même menacé de suspendre un investissement de 17 millions d'euros dans une des ses usines, dans les Bouches-du-Rhône, avant de faire marche arrière devant la levée de boucliers de responsables politiques.
Le patron de l'asssociation nationale des industries alimentaires (Ania), Jean-René Buisson, avait qualifié cette référence à l'obésité "d'inacceptable".
Mercredi, M. Buisson s'est félicité que la nouvelle taxe n'y fasse désormais plus allusion. "Cela ne nous amuse pas d'avoir un doublement de la taxe soda à 240 millions d'euros, mais notre premier objectif, qui était de n'avoir aucun lien entre cette taxe et l'obésité, est acquis", a-t-il déclaré à l'AFP.
"Ce point n'était pas négociable", a-t-il ajouté, précisant que l'arbitrage datait de mardi soir.
Devant les parlementaires, Valérie Pécresse a fait valoir que le gouvernement avançait "sur le terrain de la fiscalité comportementale" avec la mise en place de cette taxe.
"Nous avons voulu donner un signal sur les boissons à sucres ajoutés parce que nous avons des études de l'OMS (organisation mondiale de la santé) qui nous montrent que c'est la mesure la plus +coût-efficace+ de prévention contre les risques liés à l'obésité", a-t-elle ajouté.
Pour moitié, la taxe, dans sa nouvelle version, va contribuer à l'allègement du coût du travail permanent dans le secteur agricole, qui souffre d'un manque de compétitivité face à nombre de ses concurrents comme l'Allemagne, l'Espagne ou encore l'Italie.
Le Premier ministre François Fillon en avait fait la promesse en mars dernier lors du congrès annuel de la FNSEA, le syndicat agricole majoritaire.
Elle consistera en une exonération de charges patronales des salariés agricoles et devrait être appliquée au début 2012. Ces exonérations devraient surtout aider les exploitations agricoles qui produisent des légumes et des fruits, des secteurs particulièrement consommateurs de main d'oeuvre.
Le coût d'un salarié devrait baisser d'un euro par heure, comme l'a promis de son côté à plusieurs reprises le ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire.
Pour améliorer leur compétitivité, les agriculteurs réclament avec insistance une réduction du coût du travail. Ils ont déjà obtenu gain de cause sur le travail saisonnier, un "effort considérable" de 500 millions d'euros par an, avait alors rappelé M. Fillon.
Ce nouveau coup de pouce du gouvernement l'aiderait à renouer avec un électorat traditionnellement acquis à la droite, mais qui, lors des régionales puis des cantonales, a soit déserté l'isoloir, soit lui a préféré le FN. Le basculement du Sénat a lancé une nouvelle alerte.
Les producteurs de fruits se sont félicités de ce prochain allègement des exonérations patronales mais ont demandé son élargissement à toutes les exploitations agricoles et pas seulement à celles comptant moins de 20 salariés.
AFP