En cause, "l'intensification des voyages, qui leur permet de se diffuser plus rapidement et de manière incontrôlée", souligne Marc Eloit, responsable du laboratoire Découverte de pathogènes à l'Institut Pasteur. En occupant des zones du globe de plus en plus larges, l'homme contribue aussi à perturber l'écosystème et à favoriser la transmission des virus.
L'intensification des élevages industriels accroît le risque de propagation de pathogènes entre les animaux. Le commerce d'animaux sauvages augmente aussi l'exposition humaine aux microbes qu'ils sont susceptibles de porter.
La déforestation renforce, elle, le risque de contacts entre la faune sauvage, les animaux domestiques et les populations humaines.
"Quand on déforeste, on réduit la biodiversité, on perd des animaux qui régulent naturellement les virus, ce qui leur permet de se diffuser plus facilement."
Le dérèglement climatique va par ailleurs pousser nombre d'animaux à fuir leurs écosystèmes pour des contrées plus vivables, a alerté fin avril une étude parue dans Nature. Or, en se mélangeant plus, les espèces se transmettront davantage leurs virus, ce qui favorisera l'émergence de nouvelles maladies potentiellement transmissibles à l'homme.
"Nous avons besoin d'une surveillance améliorée à la fois chez les animaux urbains et sauvages afin de pouvoir identifier quand un agent pathogène est passé d'une espèce à une autre", a déclaré Gregory Albery, spécialiste de santé environnementale à l'université de Georgetown aux Etats-Unis et co-auteur de l'étude. "Et si l'hôte récepteur est urbain ou à proximité des humains, nous devrions nous inquiéter particulièrement."