Avec 'Sauvage est celui qui se sauve', Veronika Mabardi suit les traces que son frère a laissées, comme on suit une piste. Elle remonte le chemin vers la fratrie, les jeux, les solidarités de l’enfance. Les liens de l’amitié, les premiers choix et les premiers doutes, les conflits avec les parents et leurs valeurs. Un récit habité et tremblant qui évoque l’adoption et la division intime.
C’était le premier mai et la porte était ouverte sur le jardin. Comme souvent avec Veronika Mabardi, on avance par spirales, la conversation se noue, s’enroule. Elle parle de son frère, qu’elle évoque dans son dernier récit, 'Sauvage est celui qui se sauve', publié chez Esperluète.
Ce sauvage est son frère venu tout petit de Corée, mais aussi tout autre qui cherche, brise des chaînes et se brise parfois lui-même. Comment substituer au mot projet le mot désir ?
"Il y a quelque chose qui est assez incroyable dans l'adoption. Moi, j'étais une petite fille de sept ans. Je me suis dit : c'est mon frère (...). Tu arrives, je partage tout, mon papa, ma maman, mes jouets. Si je suis sa soeur, alors je suis aussi la fille de sa maman coréenne. Et je suis aussi peut-être la soeur d'une femme qui vit là-bas et qui a mon âge et qui lui ressemble physiquement, alors que moi, je ne lui ressemble pas. Elle est peut-être vivante. Est-ce que c'est ma mère aussi ?"
La question que je me posais quand j'étais petite, c'est : puisque mon frère et ma soeur sont coréens, est-ce que je suis un peu coréenne aussi ?