Pas d'immunité collective contre le Coronavirus: seuls 5% des 61.000 participants à une étude espagnole ont des anticorps

5% de 61.000 particiapnts a une étude espagnole ont de santicorps contre le Coronavirus

© dowell - Getty Images

Une vaste étude espagnole publiée dans le journal médical The Lancet montre que l’immunité collective au coronavirus est loin d’être atteinte. Les mesures de distance physique, d’hygiène et le port du masque restent la meilleure façon de gérer la pandémie.

Les scientifiques ont étudié 61.000 personnes pour savoir quelle était la proportion d’entre eux qui avait des anticorps qui peuvent combattre la maladie. Seuls 5% d’entre eux avaient cette immunité.

L’immunité collective en question

"C’est une étude très intéressante, la première menée dans un grand pays très touché par la pandémie": nous confirme Marius Gilbert, spécialiste de l’épidémiologie spatiale à l’ULB, "elle montre que même dans les régions les plus touchées d’Espagne par la première vague, on trouve des niveaux de cette immunité sérologique (par les anticorps), relativement faibles. On est très loin d’une immunité collective." (Ndlr : à savoir les 50 à 60% de la population qui auraient des anticorps).

Mais pour l’épidémiologiste, il y a d’autres enseignements à tirer de cette étude : "Si l’on regarde la cartographie de l’épidémie là-bas, Il y a des régions plus périphériques par rapport à la première vague comme la Galice ou la Catalogne qui sont des régions ou les niveaux d’immunité par anticorps sont beaucoup plus faibles encore de 1 à 2%. Ces régions sont justement celles où l’on constate une résurgence de cas. Cela montre qu’en termes de deuxième vague, des régions moins touchées par la première pourraient être plus à risque en raison de cette faible immunité par les anticorps."

Il reste de nombreuses inconnues autour de ce nouveau virus

Cela dit, il reste aussi beaucoup d’inconnues autour de ce nouveau virus. Il y aurait peut-être des mécanismes de défenses immunitaires qui ne passeraient pas par une production d’anticorps. Et puis, ces anticorps ne resteraient pas nécessairement longtemps chez tout le monde après l’infection. Enfin, un certain nombre de personnes semblent être protégées sans avoir nécessairement produit les fameux anticorps.

 Pour Marius Gilbert, ce sont justement ces inconnues qui vont déterminer le risque auquel nous allons être exposés dans les prochaines semaines ou les prochains mois. On ne connaît toujours pas tous les facteurs qui pourraient empêcher une reprise de la transmission.

"Il y aurait par exemple, une réaction de l’organisme qui passerait par les lymphocytes T. Une certaine protection dont on n’évalue pas très bien l’étendue. C’est une autre inconnue pour le moment. De récents travaux publiés récemment montrent aussi que même chez des patients qui ont fait une forme bénigne de la maladie, on a trouvé des anticorps" nous rappelle le scientifique.

L’étude démontre aussi qu’environ un tiers des participants qui avaient contracté le virus restaient asymptomatiques, ce qui, selon les auteurs, présente "d’importantes implications pour la santé publique". On l’aura compris de nombreuses zones d’ombre demeurent.

Il faut continuer d’observer l’épidémie dans le temps et dans l’espace

Marius Gilbert, lui, continue de suivre l’évolution de la pandémie. Et par exemple, de savoir si une région fortement touchée par la première vague, sera touchée par une deuxième vague (Wuhan, nord de l’Italie..). Jusqu’ici cela ne s’est pas encore produit. Si cela devait arriver, cela confirmerait les craintes, selon lui, qu’il n’y aurait définitivement pas de protection dans le temps. Qu’on ne pourrait sortir de cette pandémie que grâce à un vaccin efficace.

En revanche, si seules les régions faiblement touchées par la première vague sont atteintes par la deuxième, cela pourrait suggérer que nous aurions une sorte de protection pas forcément mesurable.

D’ici là, les auteurs de l’étude comme notre expert rappellent qu’il vaut mieux ne pas baisser la garde, conserver des distances physiques, se laver les mains et porter le masque.

La recherche a été entamée en avril, lorsque l’Espagne restait confinée. Le pays a été une des nations les plus fortement frappées par la pandémie, avec plus de 28.000 morts et 250.000 cas.

"CQFD" consacrait une émission à l'immunité, le 11 juin dernier:

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