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Variole du singe : symptômes, contagion, mortalité… Le point sur cette maladie qui touche l’Europe

Dossier de la rédaction

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Par Paul Verdeau, sur une interview de Pascal Claude

67 cas de variole du singe ont été signalés en Europe ces derniers jours, dont quatre en Belgique. Si l’infection peut faire peur, la situation est pour le moment loin d’une épidémie à grande échelle. "C’est une maladie qu’on ne connaît pas très, très bien, mais qu’on connaît quand même un petit peu, pour laquelle il y a des cas réguliers en Afrique, en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale", expliquait ce mardi Charlotte Martin, infectiologue au CHU Saint-Pierre, à Bruxelles, invitée de Matin Première. Elle a fait le point sur les questions autour de cette infection.

Les symptômes

"Pour l’instant, l’immense majorité des cas décrits sont des cas bénins, avec des gens qui font des symptômes assez clairs de fièvre, de malaises, de douleurs musculaires, explique Charlotte Martin. Et puis cette fameuse éruption cutanée comme des vésicules, qui ressemble un peu à la varicelle." En revanche, la maladie ne semble pour l’instant pas dégénérer, il n’y a "pas de signe de gravité", note l’infectiologue.

Il n’y a d’ailleurs pas eu de décès, car, rappelle Charlotte Martin, "il y a deux sortes de virus" [de la variole du singe, ndlr] : "ici on est face au virus ouest-africain, qui est celui qui est le moins dangereux".

La transmission

La variole du singe est une maladie contagieuse, "qui se transmet surtout par contact très proche et par frottement", explique l’infectiologue. La phase la plus contagieuse de cette maladie, c’est très probablement au moment où il y a cette éruption, ces vésicules, et donc simplement, quand il y a ces vésicules, il faut vraiment éviter les contacts."

Cela passe par le fait d’éviter de se serrer la main si on est porteur de ces symptômes, mais surtout des contacts plus proches. "On a l’impression ici d’une transmission essentiellement par rapports sexuels, précise Charlotte Martin. Donc, on pense que la maladie, pour l’instant, passe par une filière qui est surtout une éruption au niveau des zones génitales, peut-être du coup assez discrète. Peut-être que les gens ne le voient pas, ne s’en rendent pas bien compte et que c’est à ce moment-là que ça peut se transmettre lors des rapports sexuels", précisant toutefois qu’il ne s’agit pas forcément d’une maladie sexuellement transmissible.

Les populations à risque

Charlotte Martin précise que certaines personnes doivent être protégées en priorité de cette maladie : les jeunes enfants, les personnes immunodéprimées, les femmes enceintes, voire les personnes âgées.

Mais si la maladie fait parler d’elle, notamment en Belgique, c’est parce qu’elle semble toucher en particulier la communauté gay : les cas signalés dans notre pays sont liés à un festival fétichiste qui s’est tenu à Anvers. "Il faut être bien clair, ce n’est pas une maladie liée au fait d’être gay ou d’être un homme qui a des rapports sexuels avec les hommes, précise Charlotte Martin. C’est simplement une maladie qui est rentrée dans une communauté et qui du coup maintenant se transmet dans cette communauté."

Et l’infectiologue de témoigner : "j’ai rencontré des patients gays hier qui me disaient ça nous rappelle un peu les débuts du sida, puisqu’il semble y avoir dans certains milieux une inquiétude, mais surtout une stigmatisation du fait que c’est une maladie liée à la population gay."

"Ça aurait pu être une varicelle dans une crèche, ça aurait pu être la grippe dans une maison de repos, note Charlotte Martin. Dans quelques jours, ou peut-être déjà on n’est pas au courant, il pourrait y avoir des cas chez des personnes hétérosexuelles, ça pourrait sortir de la communauté. Ça n’est pas du tout lié aux pratiques sexuelles."

La durée de contagiosité et l’incubation

Sur ce point, il n’y a pas de certitude, selon l’infectiologue. "On pense que la période de contagiosité maximale, c’est au moment de l’apparition des vésicules et c’est via les vésicules, donc via ce frottement", explique-t-elle. Les postillons pourraient aussi être vecteurs de transmission, même si les scientifiques s’accordent plutôt sur la transmission par frottement.

La durée d’incubation, elle, se situe entre cinq jours et 21 jours. "Ça veut dire que si on a eu un contact avec quelqu’un qui avait ce type d’éruption cutanée, il faut être attentif pendant les 21 jours qui suivront", conclut Charlotte Martin.

Le traitement

Contrairement au début de l’épidémie de Covid-19, il existe un vaccin et un traitement, rassure Charlotte Martin : "Il y a un traitement, un antiviral qui a été approuvé en Europe il y a quelques mois, le Tecovirimat, qui est disponible si on en a besoin".

Quant à l’idée de vacciner une partie de la population, comme les Etats-Unis s’apprêtent à le faire, l’infectiologue approuve, pour "les personnes les plus fragiles." "Ce sont des choses auxquelles on est en train de réfléchir aussi au niveau belge et au niveau européen, ajoute-t-elle. Ne nous précipitons pas sur une vaccination de masse, on n’en est pas du tout là."

Pour elle, tout doit passer par la communication auprès des communautés concernées. "Dès qu’on ne se sent pas bien et qu’on voit apparaître des vésicules, il faut aller consulter et il faut rester à distance en termes de contact très proche, entre autres en termes de contact sexuel pendant 21 jours. Et si la communication passe bien à ce niveau-là, je crois que cette épidémie peut rapidement s’éteindre."

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