Variant Omicron dominant : faut-il raccourcir les quarantaines afin de ne pas paralyser notre société ?

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Par Xavier Lambert

Les Etats-Unis ont assoupli lundi leurs règles de quarantaine et d’isolement des cas Covid pour faire face aux conséquences d’une vague Covid dont le variant Omicron est devenu le principal acteur. A l’inverse, les Pays-Bas ont décidé un durcissement des règles sanitaires, afin de freiner sa propagation : les membres d’un même foyer ainsi que tous les contacts étroits doivent désormais observer une quarantaine de dix jours.

En France, en Italie, on s’interroge, des voix réclamant un assouplissement.

Et en Belgique ? Le débat ne semble pas réellement lancé au niveau politique, mais des experts en santé publique tirent aussi la sonnette d’alarme : si on ne change pas notre stratégie, le variant Omicron risque bien de paralyser notre société.

Extrait du JT du 24 décembre :

Omicron/moins dangereux mais plus contagieux

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La solution pragmatique des Etats-Unis

Les autorités sanitaires américaines ont réduit lundi de moitié la durée recommandée de quarantaine pour les personnes positives au Covid-19 : la durée d’isolement passe ainsi de dix à cinq jours pour les personnes asymptomatiques et de 14 à cinq pour les cas contacts non-vaccinés, ont indiqué les Centres de prévention et de lutte contre les maladies (CDC). Les cas contacts pleinement vaccinés n’ont pas besoin de s’isoler.

Pourquoi cette décision ? "La majorité des infections ont lieu dans les deux jours précédant et les trois jours suivant l’apparition des symptômes", ont expliqué les autorités dans un communiqué. Et la hausse brutale des cas positifs a conduit ces derniers jours les compagnies aériennes à annuler des centaines de vols en pleines fêtes de fin d’année.

Même si les avis restent prudents, de plus en plus de sources et d’études tendent à montrer que le variant Omicron est bien plus transmissible mais semble provoquer des symptômes moins graves.

C’est le constat que fait aussi un responsable d’une chaîne d’hôpitaux britanniques dans un fil Twitter :

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Chris Hopson note d’abord qu’il y a certes une augmentation du nombre de lits occupés dans les hôpitaux, mais qu’on en est à Londres, épicentre d’Omicron, au tiers du pic de janvier 2021, et pour l’Angleterre au quart du pic (8487 contre 34.336 en janvier).

Mais surtout, lui qui est en contact avec les différentes directions rapporte qu’un grand nombre parmi eux sont des asymptomatiques admis pour d’autres raisons et testés positifs à l’hôpital, et qui n’ont pas besoin d’être oxygénés. L’augmentation d’hospitalisés avec Covid s’expliquerait donc en partie simplement par la plus grande circulation du virus dans la société.

Et quand on examine le total des hospitalisations, "celles-ci n’ont pas augmenté en une semaine dans nos hôpitaux", rapporte-t-il.

Par contre, il souligne un souci qui pourrait être identique en Belgique : "la combinaison d’absences du personnel, de reports de soins, de services de soins d’urgence très chargés et des campagnes de vaccination exercent une pression importante" sur les hôpitaux.

Mais il est frappé que "les directeurs généraux, sur base des données actuelles, pensent que les absences du personnel liées à l’Omicron peuvent être un plus grand défi que le nombre de patients gravement malades liés à l’omicron qu’ils doivent traiter": "Si la trajectoire actuelle des absences du personnel covid est maintenue, ces pressions augmenteront considérablement. Dans ce contexte, même un nombre relativement faible de cas supplémentaires de covid apportera de grandes difficultés.."

Et en Belgique ?

Le professeur de santé publique à l’ULB Yves Coppieters plaide pour cette raison à un assouplissement des règles de quarantaine aussi en Belgique : "C’est très important car 80% des infectés à Omicron sont asymptomatiques, et le variant touche pour le moment surtout une population jeune, active. Avec notre stratégie actuelle, on est en train de paralyser la société, pour éviter des formes graves avec nos critères qui correspondaient à Delta".

Pour lui, "il faut être pragmatique : si on continue avec nos critères on va bloquer notre société avec notre gestion actuelle de ressources humaines, alors que des gens sont bloqués chez eux sans symptôme ou avec un nez qui coule".

Ce qui ne veut pas dire qu’il ne faut plus protéger les populations plus fragiles selon le professeur : il faut poursuivre les gestes de prévention, mais "il faut être raisonnable en permettant aux cas-contacts asymptomatiques de travailler".

Vu le nombre de contaminations attendu, la politique de testing/tracing devrait aussi selon lui s’adapter à Omicron : "Il faudra moins tester avec des PCR, qui sont chers et prennent beaucoup de temps, on peut miser d’avantage sur les tests antigéniques rapides". Quitte à laisser passer un peu plus de faux négatifs ? "Chaque jour qui passe laisse de plus en plus penser que la dissociation est forte avec Omicron entre les contaminations et les indicateurs hospitaliers".

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