Van Cau: "Je pense pouvoir encore rendre des services au parti"

J-Cl Van Cauwenberghe: "il y avait une espèce d'obsession du parquet"

© NICOLAS LAMBERT - BELGA

Par RTBF

Ancien homme fort du PS de Charleroi, Jean-Claude Van Cauwenberghe sort totalement blanchi d’une saga judiciaire qui aura duré une décennie. Onze ans après l’éclatement d’un scandale politique hors norme.

Au micro de la RTBF, Jean-Claude Van Cauwenberghe dit ne pas vouloir crier vengeance. Soulagé, il en ressort amer, en pointant un pouvoir judiciaire qui, selon lui, n’a "pas été correct".

Au total, une dizaine de dossiers (fourniture de mobilier au gouvernement wallon,  rénovation  d'un hall omnisports, notes de frais douteuses, Sodexo …).  Pour celui qu’on appelait "Van Cau", ce n’était rien d’autre que de l’acharnement. "Il n’y avait pas une affaire à Charleroi sans que la juge d’instruction et le parquet n’y voient ma main. Cela a consommé l’argent du contribuable. On tirait dans le tas, on allait à la pêche pour trouver dans chaque affaire quelque chose qui aurait pu m’accrocher. Il y a avait une espèce d’obsession."

Une succession de vices de procédures

L’ancien bourgmestre de Charleroi et ministre-président wallon est persuadé qu’il représentait aux yeux du parquet le parrain d’une mafia politique carolo.

"Les enquêteurs avaient une sorte de frustration. Ce qui m’a choqué, ce sont les vices de procédures : deux perquisitions reconnues irrégulières, des écoutes et des saisies de dossiers illégales, la violation permanente du secret professionnel… Il y avait un drôle de contexte. Un homme politique ne doit pas bénéficier de faveurs dans les procédures, mais, à l’inverse, il ne doit pas non plus subir ce que d’autres ne subissent pas."

Une justice politique

Jean-Claude Van Cauwenberghe explique cette situation par le ressentiment de certains magistrats  debout (juge d’instruction) à l’égard du monde politique : "Une sorte de 'leçon' donnée par les petits juges comme on l’a connu en France". Des juges qui voulaient nettoyer les écuries d’Augias. "Mais le bilan est que des juges indépendants ont tranché. À part le parquet et le juge d’instruction, toutes les juridictions m’ont rendu raison, y compris la plus haute. Et le procureur (Christian) De Valekeneer a, malgré tout, été en Cassation contre cet acquittement, témoignant d’un acharnement qui le trahissait. Il ne voulait pas perdre."

Si Jean-Claude Van Cauwenberghe sort totalement blanchi de toutes les procédures à son égard, des condamnations ont été prononcées, comme pour Claude Despiegeleer et dans l’affaire des marchés publics tronqués. Mais Van Cau nie toute connaissance de ces affaires : "J’avais quitté Charleroi depuis 1995 pour être ministre et ministre-président. On ne venait pas le samedi matin me faire mettre un cachet sur les décisions de la ville".

Il en retient que, pour une centaine de personnes poursuivies, il y a eu quelques condamnations pour manque d’orthodoxie administrative. Il reconnaît un estompement de la norme, mais pas d’intention  frauduleuse : "Si on fait le bilan, il y a eu quelques erreurs, mais si vous mettez 75 enquêteurs dans n’importe quelle ville, vous obtiendrez la même chose. C’est ce que m’ont dit des collègues. Je pense que beaucoup de pratiques ont changé à la suite de cela et partout".

Le "système" PS ?

Le PS de Charleroi fonctionnait-il trop en vase clos ? Jean-Claude Van Cauwenberghe le reconnaît "en partie". Mais c’était, dans la plupart des cas, la recherche de l’efficacité et pas de l’enrichissement personnel. "Ce qui a troublé l’opinion publique est la détention préventive à l’excès. Un excès honteux. C’était pour faire plier des gens et leur faire des dire des choses qu’autrement ils ne diraient pas."

À propos des attitudes d’Elio Di Rupo et de Paul Magnette durant cette période, l’ancien bourgmestre dit avoir "un jugement nuancé… Ils étaient en responsabilité et ont dû faire face à un tsunami judiciaire. Avec le recul ils disent avoir trop rapidement condamné. Lorsque l’on gratte, on se rend compte qu’il ne fallait pas des réactions aussi fortes".

Jean-Claude Van Cauwenberghe se réjouit cependant d’une réhabilitation publique qui a déjà commencé. "Di Rupo a dit que je n’ai rien fait et qu’il est dommage de m’avoir fait subir tout cela, mais on m’a écarté de toute responsabilité, du moindre conseil d’administration bénévole. Je pense pouvoir encore rendre des services au parti, dans l’une ou l’autre petite fonction."

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