Cours et examens à distance, surcharge de travail… La pandémie de coronavirus a bouleversé l’enseignement supérieur, ce qui inquiète beaucoup la communauté étudiante. Plus de 23.000 jeunes ont signé une lettre ouverte soutenue par la Fédération des étudiants francophones (FEF), demandant jeudi à la ministre de l’Enseignement supérieur Valérie Glatigny de "nouvelles discussions" pour trouver des solutions convenant à toutes les parties. L’Union syndicale étudiante (USE) requiert, elle, l’annulation pure et simple des examens à distance dans l’enseignement supérieur.
Matériel, "financiabilité" des étudiants, etc.
Dans sa lettre ouverte, la FEF pointe de multiples problèmes qui sont apparus lors de l’organisation des cours à distance. Ainsi, l’encadrement des professeurs et les supports de cours n’ont pas été les mêmes partout : certains ont droit à des podcasts, d’autres doivent se contenter de powerpoints sans explications. Une surcharge de travail est également apparue, les enseignants demandant des travaux supplémentaires par exemple. Plusieurs jeunes ne disposent en outre pas du matériel adéquat. Certains n’ont à leur disposition qu’un ordinateur pour toute la famille, utilisé par leurs parents obligés de faire du télétravail. Un échec peut également mettre en péril la "finançabilité" des étudiants, relève encore la Fef. Lorsqu’un étudiant est déclaré non finançable, aucun subside de la Fédération Wallonie-Bruxelles n’est octroyé pour financer le coût de ses études. L’établissement peut alors refuser son inscription. L’Union syndicale étudiante demande dès lors que les éventuels échecs obtenus à l’issue de ce quadrimestre perturbé par le coronavirus, ainsi que pendant les sessions d’été, "n’aient aucun impact négatif sur la finançabilité des études". Dans leur lettre ouverte, les étudiants plaident pour de nouvelles discussions avec la ministre Glatigny afin de garantir les chances de réussite de tout un chacun "malgré la perte d’encadrement pédagogique".
"Une situation d’égalité lorsque les étudiants doivent présenter la même épreuve"
La ministre de l’enseignement supérieur, la MR Valérie Glatigny, a réagi. Elle dit comprendre l’inquiétude des étudiants. "Dans trois jours, le 27 avril, tous les étudiants devront avoir reçu les modalités de chaque examen. La matière aura pu être adaptée. Les étudiants sauront aussi comment s’organisent les examens : à distance ou de façon présentielle, écrit ou oral, QCM ou à livres ouverts." En cas de difficulté matérielle, dans les trois jours après l’annonce des modalités, l’étudiant pourra interpeller son université ou sa haute école. Et selon la ministre, "l’établissement devra trouver une solution adéquate." Une semaine "blanche" est également prévue entre la fin des cours et le début des examens, des subsides sociaux seront disponibles.
Par rapport à la difficulté, pour certains, de suivre les cours à distance, la libérale veut rassurer : "On a décidé d’une série de balises, comme une semaine blanche entre la fin des apprentissages et les examens. Il y a une série de dispositions qui prévues pour permettre aux jurys d’apprécier les circonstances particulières, de façon à ne pas les pénaliser. On sait que ce n’est pas une année comme les autres." Raison pour laquelle des balises spécifiques sont prévues pour les travaux de fin d’étude ou les mémoires, en raison de la fermeture des bibliothèques.
La ministre le concède, tous les étudiants ne pourront pas être logés à la même enseigne : "on a fait passer le message : il faut mettre tous les étudiants dans les mêmes conditions. Mais toutes les écoles ne sont pas dans les mêmes situations pour pouvoir basculer vers l’enseignement à distance. Une haute école ou une école supérieure des Arts, pour laquelle, par exemple, un travail de fin d’étude est une pièce de théâtre ou une œuvre d’art. C’est très difficile d’uniformiser. En fait, l’uniformisation dessert l’équité, ici. Il s’agit donc d’avoir des mesures adaptées pour chaque étudiant et de les mettre dans une situation d’égalité lorsqu’ils doivent présenter la même épreuve. C’est la consigne qui a été passée aux établissements."