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Vainqueur de la guerre et dictateur sanguinaire : 70 ans après sa mort, Staline continue de diviser en Russie

70 ans de la mort de Staline

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Par V. de Thier, sur base d'un reportage de V. Bayenay et P. Jacquemotte (avec AFP)

Il y a 70 ans jour pour jour mourait Joseph Staline. Arrivé au pouvoir à la fin des années 1920 et mort le 5 mars 1953, il a transformé l’URSS en vaste État totalitaire. Il restera dans l’Histoire comme un dictateur sanguinaire, mais il est aussi l’un des vainqueurs de la Deuxième guerre mondiale.

À l’heure de la guerre en Ukraine, son héritage continue de diviser l’opinion publique russe, comme on peut le voir dans ces différents témoignages recueillis à Moscou.

Il a sauvé notre pays dans les moments difficiles. Il a empêché l’URSS de s’effondrer. Les choses allaient bien dans le pays grâce à lui.

Daniil, résident de Moscou

Lorsqu’il y a eu la Deuxième guerre mondiale, sa devise 'pas un pas en arrière' a aidé le pays à devenir ce qu’il est aujourd’hui. Par contre, je ne voudrais pas discuter de sa politique intérieure.

Sergeï, résident de Moscou

C’est une personne négative pour moi car il y a eu beaucoup de morts, beaucoup d’exécutions, de fusillades, d’expulsions. Les arts ont été interdits aussi.

Madina, résidente de Moscou

Des personnes portent les portraits du défunt dirigeant soviétique Joseph Staline lors d’une cérémonie commémorative marquant le 70e anniversaire de sa mort dans sa ville natale, Gori, le 5 mars 2023.
Des personnes portent les portraits du défunt dirigeant soviétique Joseph Staline lors d’une cérémonie commémorative marquant le 70e anniversaire de sa mort dans sa ville natale, Gori, le 5 mars 2023. © AFP

Vainqueur de la deuxième guerre mondiale…

Les partisans du dictateur assurent qu’il a fait de l’URSS une superpuissance et permis à lui seul – même si de nombreux historiens le contestent – de vaincre Hitler en 1945. Une victoire célébrée aujourd’hui avec un faste belliqueux en Russie.

La bataille de Stalingrad, un moment clé de l’histoire russe pour repousser l’Allemagne nazie en 1943, est régulièrement reprise dans les discours politiques des autorités russes.

C’est notamment le cas du président Vladimir Poutine qui, lors de la commémoration de cet évènement le mois dernier, avait déclaré : "Nous sommes à nouveau menacés par des chars Léopard allemands avec des croix sur leurs côtés. De nouveau, les Occidentaux se préparent à combattre la Russie sur la terre de l’Ukraine avec les mains de petits partisans méprisables d’Hitler."

Un discours qui trouve encore un certain écho dans la société russe aujourd’hui.

Photo prise le 28 novembre 1943 du leader soviétique Staline (G), du président américain Roosevelt (C) et du Premier ministre britannique Churchill (D) lors de la conférence de Téhéran.
Photo prise le 28 novembre 1943 du leader soviétique Staline (G), du président américain Roosevelt (C) et du Premier ministre britannique Churchill (D) lors de la conférence de Téhéran. © AFP

… et dictateur sanguinaire

Mais Staline, c’est aussi l’exécution de centaines de milliers de personnes et l’envoi de millions d’autres dans les camps du goulag.

Le Kremlin ne nie pas les répressions soviétiques mais les minimise dans les écoles et les médias publics, en les présentant comme une tragédie sans réel coupable. En parallèle, il glorifie bruyamment la puissance géopolitique et militaire de l’URSS.

Signe de cette volonté de promouvoir une image positive de l’Union soviétique, les autorités ont dissous, fin 2021, Memorial, une ONG qui se battait pour transmettre la mémoire des répressions.

Dans une rhétorique renvoyant à celle de l’époque stalinienne, le pouvoir russe appelle aussi de plus en plus à poursuivre les "traîtres" ou les "agents de l’étranger" qui s’opposent au conflit en Ukraine.

Des bustes du "camarade" réapparaissent

Contrairement au créateur de l’URSS, Lénine, dont les statues sont toujours présentes dans les villes du pays, les autorités n’ont pas entrepris, pour l’heure, de réinstaller des monuments à Staline, démontés après son décès et le début d’une politique de "déstalinisation".

Néanmoins, à travers la Russie, elles ne s’opposent pas à des groupes de militants, souvent liés au parti communiste, qui ont bien inauguré ces dernières années quelques monuments à la gloire du camarade.

Une photo montre la tombe de l’ancien dirigeant soviétique Joseph Staline lors d’une cérémonie commémorative pour marquer le 70e anniversaire de sa mort sur la Place Rouge à Moscou, le 5 mars 2023.
Une photo montre la tombe de l’ancien dirigeant soviétique Joseph Staline lors d’une cérémonie commémorative pour marquer le 70e anniversaire de sa mort sur la Place Rouge à Moscou, le 5 mars 2023. © AFP

Début février, un buste de Staline a notamment été érigé à Volgograd, ancienne Stalingrad, pour célébrer la victoire soviétique décisive dans cette ville.

Dimanche matin, plus de 1000 admirateurs de Staline se sont retrouvés à Moscou sur la place Rouge, a constaté l’AFP, pour aller déposer des milliers de fleurs sur sa tombe située tout près de là, dans les murs du Kremlin.

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