La vaccination contre le Covid-19 sera bien autorisée pour les enfants de 5 à 11 ans en Belgique : la Conférence interministérielle Santé l'a annoncé ce lundi matin. Bien sûr, il s’agira d’un vaccin pédiatrique spécial, trois fois moins dosé que celui qui est utilisé pour les adultes, et fabriqué par Pfizer. Mais au-delà de cette décision, la vaccination pour les enfants est-elle simplement autorisée… ou recommandée ? "C’est l’ouverture d’un droit, d’une possibilité, note Alain Maron (Ecolo), ministre bruxellois de la Santé, invité dans Déclic sur la Première. Celles et ceux qui le souhaitent pourront le faire."
Mais dans quel cas est-ce que cela pourrait être utile ? La question de la vaccination pour les enfants a longtemps posé question : certains n’y voyaient pas d’intérêt, puisque les enfants développent rarement des infections graves, ou s’inquiétaient même des effets secondaires du vaccin chez ce jeune public. Alain Maron rappelle que "l’enfant peut lui-même souffrir d’une comorbidité, et on sait que dans ce cas, il est utile de se faire vacciner : le rapport bénéfice-risque individuel devient clairement positif." Le ministre note aussi que les parents peuvent vouloir protéger "la classe, l’entourage, les grands-parents".
Quelle balance bénéfice-risque pour les enfants ?
Au-delà de la question du choix personnel, les autorités souhaitent-elles que les parents vaccinent leurs enfants ? Est-ce que ce serait un devoir civique, en même temps qu’un droit ? "Il est clair que plus on aura de personnes vaccinées dans la société, y compris les enfants, plus ça contribuera à ralentir la circulation du virus et donc à faire peser moins fort l’épidémie sur la société, affirme Alain Maron. Dans la perspective d’arrivée d’Omicron, c’est important qu’un maximum de personnes soient vaccinées."
Dimitri Vanderlinden, pédiatre-infectiologue aux Cliniques Saint-Luc, à Bruxelles, est du même avis : la balance bénéfice-risque est positive, même pour les enfants. "C’est un vaccin qui a plus de 90% d’efficacité, qui apporte une réponse immunitaire forte chez les enfants et qui est sécuritaire, précise-t-il. On va protéger les enfants contre l’infection, et indirectement on va diminuer la transmission. Les enfants qui seront malgré tout infectés, vont, comme l’adulte, excréter le virus moins longtemps."
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Pourtant, les enfants sont rarement hospitalisés pour le Covid-19 : 45 enfants seulement en un an ont été aux soins intensifs en un an. "Ce n’est pas fréquent mais ça arrive, on ne peut pas dire que le risque de covid chez l’enfant est tout à fait nul", objecte Dimitri Vanderlinden. Et avec le vaccin ? On sait qu’il y a une possibilité de développer des problèmes cardiaques : myocardites, péricardites… "Ce sont des petits nombres, note le pédiatre. Aux Etats-Unis, 21% des enfants âgés de 5 à 11 ans ont déjà reçu leur première dose, et à ce jour nous n’avons vu aucun signal de myocardite ou de péricardite."
Dimitri Vanderlinden estime que la question est "complexe" et doit faire l’objet d’une vraie discussion entre parents et enfants, afin de prendre "une décision éclairée", "en demandant avis à leur pédiatre, à leur généraliste". Quant aux enfants qui ont déjà été infectés et qui disposent déjà d’anticorps, ils peuvent attendre au minimum 15 jours avant de recevoir leur vaccin.
Pas de CST pour aller à l’école
Reste que politiquement et éthiquement, il paraît difficile de demander à des enfants de participer à l’effort collectif, quand des adultes en Belgique continuent de refuser de se faire vacciner. Pourtant, Alain Maron ne voit pas les deux stratégies comme antithétiques. "La priorité, ça doit être le booster et la primo-vaccination pour les adultes, devant la vaccination des enfants, rappelle-t-il. Mais ce n’est pas parce que certains adultes refusent le vaccin qu’on ne peut pas proposer à des parents de vacciner leurs enfants. Globalement, nous avons intérêt à ce qu’un maximum de personnes soit vaccinées, dans toutes les tranches d’âge."
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Cela étant, l’incitation est moins forte pour la vaccination des enfants. "Même les avis scientifiques du Conseil supérieur de la Santé sont un peu plus prudents par rapport à la vaccination, précise le ministre. Cela doit être fait dans le dialogue, avec les familles et entre parents et enfants." Quant à un hypothétique Covid Safe Ticket pour aller à l’école, Alain Maron tranche : "on l’a explicitement exclu dans le rapport de la CIM. Il ne peut pas y avoir de droit différencié entre les enfants vaccinés et non-vaccinés. Le droit à la scolarité, au sport, doit être garanti pour tous les enfants." Même si des vaccins pédiatriques sont déjà demandés dans de nombreuses structures pour les enfants en bas âge… mais pas (encore) celui contre le Covid-19.