Emmeline, elle, ne veut pas se faire vacciner et sa belle famille ne le comprend pas. Elle est jeune maman et dans les discussions cela devient un enjeu. "Je n’aime pas trop cette dualité : tu es vaccinée, tu es protégée ; tu n’es pas vaccinée, tu vas mourir et tu as un enfant et c’est ta faute. Mettre un enfant au milieu de tout ça, ce n’est pas facile parce que quand on est parent, on a envie de faire les meilleurs choix possibles pour son enfant. On a envie d’être en bonne santé pour soi et pour voir grandir son enfant aussi".
Pour Emmeline, le débat autour de la vaccination "peut créer des débats mais, moi, comme je ne suis pas dans le conflit, j’évite d’en parler en fait. Je n’ai pas envie de passer pour une pestiférée".
Choix individuel et opinions tranchées
Ces tensions au sein des couples et au sein des familles peuvent parfois dégénérer en tension. Pour Bruno Humbeeck, psychothérapeute, la difficulté réside dans le choix individuel et les opinions tranchées. "C’est le problème de la radicalisation de la position. On le sait aussi, la liberté de choix est plus difficile à vivre que la contrainte parce que lorsque vous faites un choix ; vous devez l’assumer. C’est cela qui rend les choses très compliquées pour le moment. On est en fait dans l’idée que chacun aurait le choix dans un univers qui nous pousse quand même à effectuer des choix et donc qui rend la vie plus difficile pour les personnes qui, par exemple, décident de ne pas se faire vacciner. C’est le cas dans la mesure où les incitants à se faire vacciner sont de plus en plus importants".
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Pour Emmeline, les tensions au sein de sa famille auraient tout simplement disparu si la vaccination avait été obligatoire. "Ca aurait été beaucoup plus simple pour moi qu’on nous dise : 'Le vaccin a été trouvé, c’est la solution, c’est obligatoire pour tout le monde'. Mais, pour moi, le contexte autour d’un pass sanitaire où on nous empêche la vie quotidienne, forcément, ça interpelle".
Pour Bruno Humbeeck, si le vaccin avait été rendu obligatoire pour tous, "cela aurait été au détriment de la liberté individuelle mais cela aurait incontestablement créé moins de tensions. Quand vous n’avez pas le choix, vous n’avez pas non plus à assumer ces choix par rapport à l’ensemble des collectifs dans lesquels vous vivez et le premier collectif dans lequel chacun vit, c’est une famille".