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USA : l’écrivain Salman Rushdie ("Les Versets sataniques") toujours au bloc opératoire après avoir été poignardé sur scène

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Par Agences et Kevin Dero

L’écrivain Salman Rushdie a été poignardé – au niveau du cou, selon la police – juste avant une conférence qu’il devait donner dans le nord de l’État de New York, à quelque 470 kilomètres de la ville de New York, selon le Washington Post. Un homme se serait précipité sur l’estrade de la Chautauqua Institution au moment de la présentation de Salman Rushdie et aurait commencé à frapper l’écrivain à coups de poing ou à l’aide d’une arme blanche, selon un reporter de l’agence américaine AP. Il subirait actuellement une opération chirurgicale.

Salman Rushdie blessé lors d une agression à New York

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A 23h, aucune information précise sur son état de santé n’a encore été communiquée, la police de l’Etat de New York se contentant de dire pendant une conférence de presse qu’il avait été blessé au cou et à l’abdomen avec une arme blanche. Elle a cependant dit qu’il était toujours au bloc opératoire plusieurs heures après y avoir été admis.

L’auteur de l’agression, dont le mobile n’est pas encore connu, a été arrêté et placé en garde à vue. La police a indiqué qu’il s’agissait d’un homme de 24 ans originaire du New Jersey, qu’elle a identifié et dont elle a dit penser qu’il avait agi seul.
 

Evacuation en hélico

Salman Rushdie serait tombé au sol, soigné et l’agresseur maîtrisé. L’écrivain aurait aussitôt été entouré d’un petit groupe de personnes qui ont tenté de lui venir en aide. L’auteur a été évacué par hélicoptère vers un hôpital.

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Fatwa

L’intellectuel faisait l’objet de menaces de mort depuis les années 80 et d’une fatwa lancée par l’ayatollah Khomeini en 1989. Une prime de plus de 3 millions de dollars avait été alors offerte à quiconque lui donnerait la mort."Les versets sataniques", roman que certains musulmans considèrent comme blasphématoire, est interdit en Iran depuis 1988. Le gouvernement iranien a depuis longtemps pris ses distances avec le décret de Khomeini, mais un ressentiment envers Salman Rushdie persiste.
Né à Bombay, en Inde (alors encore britannique) en 1947, deux mois avant l’indépendance, il est de nationalité britannique. Il vivait à New York et avait pris la nationalité américaine depuis l’an 2000.

Sur cette photo d’archive prise le 17 février 1989, des Iraniennes tiennent des banderoles sur lesquelles on peut lire "Holly Koran" et "Kill Salman Rushdie" lors d’une manifestation contre l’écrivain britannique Salman Rushdie à Téhéran.
Sur cette photo d’archive prise le 17 février 1989, des Iraniennes tiennent des banderoles sur lesquelles on peut lire "Holly Koran" et "Kill Salman Rushdie" lors d’une manifestation contre l’écrivain britannique Salman Rushdie à Téhéran. © AFP or licensors

Protection policière

"Mon problème, c’est que les gens continuent de me percevoir sous l’unique prisme de la fatwa", avait dit il y a quelques années ce libre-penseur qui se veut écrivain, pas symbole.

Mais l’actualité – la montée en puissance de l’islam radical – n’a cessé de le ramener à ce qu’il a toujours été aux yeux de l’Occident : le symbole de la lutte contre l’obscurantisme religieux et pour la liberté d’expression.

Déjà en 2005, il considérait que cette "fatwa" avait constitué un prélude aux attentats du 11 septembre 2001.

Contraint dès lors de vivre dans la clandestinité et sous protection policière, allant de cache en cache, il se fait appeler Joseph Anton, en hommage à ses auteurs favoris, Joseph Conrad et Anton Tchekhov. Il doit affronter une immense solitude, accrue encore par la rupture avec sa femme, la romancière américaine Marianne Wiggins, à qui "Les versets sataniques" sont dédiés.

Installé à New York depuis l’an 2000, Salman Rushdie avait repris une vie à peu près normale tout en continuant de défendre, dans ses livres, la satire et l’irrévérence.
 

"Menace réelle"

En 2012, il était interrogé par Fréderic Gersdorff, de la RTBF. Salman Rushdie décrit qu’il avait ressenti le jour de l’annonce de la fatwa : "J’ai pensé que ma vie n’allait plus durer très longtemps. C’est ce que j’ai pensé, en même temps, c’était très troublant parce qu’on n’était pas sûr que ce soit réel ou théorique, si c’était vraiment très dangereux. Et donc ce jour-là, il y avait beaucoup de confusion, je ne savais pas comment me comporter ou ne pas me comporter. Et malheureusement à la fin de cette journée, c’est devenu très clair que la menace était réelle et dans les 24 heures, on m’a offert la protection de la police britannique".

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