Paul Magnette, le président du parti socialiste (PS), était ce vendredi matin l’invité de La Première. Une interview presque un an jour pour jour après la création du gouvernement Vivaldi au niveau fédéral. Ce même gouvernement Vivaldi qui se trouve d’ailleurs en plein bouclage du budget de l’Etat.
"J’ai perdu un an de ma vie à faire ce gouvernement, glisse Paul Magnette qui en a été co-formateur avec Alexander De Croo (Open VLD) en 2020. Pendant un an, je n’ai fait qu’essayer de faire naitre ce gouvernement avec ces sept partis. Evidemment c’est pour […] qu’il stabilise le pays à l’horizon 2024."
Le président du PS hausse le ton en évoquant "la crise climatique et sociale la plus grave que l'humanité ait connue, que les experts du Giec [le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, NDLR] nous disent qu'il faut qu'on atteigne la neutralité carbone dans 25 ans, que pour ça il faut qu'on ait fait l'essentiel du travail dans les 10 ans".
Certains vivent enfermés dans le monde d’avant
Dans ce contexte, il estime que "c’est une urgence historique d’investir" dans l'isolation des bâtiments fédéraux, le renforcement de l'offre ferroviaire et l'accès aux transports en commun pour tous. Il se fait ironique : "A quoi ça va nous servir de dire à nos enfants et petits-enfants : 'Vous avez des bons comptes en équilibre, mais le monde est invivable on est désolés, c’est le réchauffement climatique partout […] C’est absurde. On doit aujourd'hui investir, c’est le cours de l’histoire et on doit être à la hauteur de ces attentes." Il tacle alors ceux qui "vivent enfermés dans le monde d’avant" la crise sanitaire.
Dès lors, affirme-t-il, "on doit investir massivement pour cette transition climatique et sociale. Il y a une urgence absolue. Il faut que tout le monde se secoue un peu les esprits et s’en rende compte".
Energie : 100 euros de réduction sur la facture ?
Reste ce gros dossier du moment, l’augmentation des prix de l’énergie. Le président du PS rappelle qu’il a "connu ça dans les années 2009-2010" et propose de reprendre trois mesures de l’époque qui, selon lui, restent d’actualité :
- Plafonner les prix : "Avec le régulateur, on peut vérifier les coûts de production réels et faire en sorte que les producteurs ne facturent pas avec une marge bénéficiaire excessive" ;
- Extension et maintien du tarif social pour les personnes les plus précaires ;
- Une réduction forfaitaire de 100 euros sur la facture. "Idéalement, il faudrait cibler et faire proportionnel au revenu du ménage mais c’est compliqué à faire", reconnaît le socialiste. D’où cette volonté de "donner 100 euros à tous les ménages".
Comment financer cette dernière mesure dont il estime le coût à 524 millions d’euros ? Paul Magnette fait valoir que "quand les prix augmentent, les recettes en matière de TVA et d’accises augmentent aussi donc on va avoir de la marge. Cette marge on doit la restituer au consommateur. Il n’y a pas de raison que l’Etat engrange plus de recettes".