Au premier abord, l’album Bartoli cuvée 2021 ne semble pas tout à fait à la hauteur des précédents. Pas de concept fort (le titre, Unreleased, signifie inédit, mais au sens d’un disque non publié et non au sens de musique révélée), pas de compositeurs inconnus (Beethoven, Mozart, Haydn, à peine un petit Myslivecek pour surprendre le grand public), et un design de pochette… comment dire ? Cecilia, en tenue de sport, semble se prendre pour une écolière écoutant au casque le dernier Adèle en rentrant de sa séance de zumba.
Et pourtant, quand on l’écoute, on est une fois de plus séduit. Les sept grandes scènes vocales (airs de concert pour la plupart) réunies ici ont beau être familières (de Ah perfido de Beethoven à la Scène de Bérénice de Haydn en passant notamment par Ch’io mi scordi di te ? de Mozart), le disque vaut le détour. Parce que certaines versions ne sont pas celles que l’on croit (la dernière nommée n’est pas la version avec pianoforte, mais une autre avec violon), les musiciens (Orchestre de Chambre de Bâle dirigé par Muhai Tang et Maxim Vengerov en guest star) sont excellents et, surtout, il y a Bartoli : captée ici en 2013 (l’enregistrement était resté dans les tiroirs, mais ce n’est pas du fond de tiroir), l’Italienne concilie superbement son formidable tempérament théâtral avec sa non moins formidable technique – projection souveraine, intonation impeccable, contrôle rigoureux et riche palette de nuances. Du grand art.
CD Decca/Universal