"Ma mère, qui passe rarement inaperçue, est décédée d’un coup de bière aux obsèques de son cancérologue. Le porteur avant gauche avait marché sur son lacet, et le cercueil qui remontait l’allée de la cathédrale l’avait percutée de plein fouet."
Ces deux phrases sont les premières du nouveau roman du prix Goncourt 1994 Didier van Cauwelaert, édité chez Albin Michel : "Une vraie mère… ou presque". Deux phrases qui marient la mort et l’humour, et résument à elles seules tout le livre, selon son auteur :
C’est très important pour moi, avant de commencer la rédaction d’un livre auquel j’ai rêvé longtemps, d’avoir cette première phrase, comme un diapason pour un musicien. Et il faudrait que tout le livre soit contenu dans cette phrase.
À sa mort, la mère de Pierre lui demande de continuer à faire rouler sa voiture. Ce qu'il fera, mais sans mettre la carte grise du véhicule à son nom. Des lettres sont adressées à sa mère pour excès de vitesse et la défunte finit par perdre la presque totalité de ses points de permis. Et arrive ce qui devait arriver : l'administration, qui la croit encore vivante, la convoque à un stage de récupération de points.
La nouvelle arrive aux oreilles de Lucie Castagnol, comédienne à la retraite et sosie de sa mère ; "une bouillonnante d’énergie [qui] fait des spectacles de stand-up dans sa maison de retraite pour payer son loyer" et emmène en minibus les autres pensionnaires dans des manifestations pour les réveiller. Elle se propose à Pierre pour "relever le défi" et se rendre à la convocation. Elle va alors "non seulement lui rendre les apparences de sa mère, mais lui permettre de découvrir le vrai visage de cette femme".