Bien qu’ils apparaissent dans le film en habit traditionnel, les Uru-eu-wau-wau et leur jeune chef Bitate — au cœur du documentaire — n’hésitent pas à s’emparer des technologies modernes pour riposter.
"Quand le Covid est arrivé, Bitate a pris la courageuse décision de dire : ok, il n’y aura plus de journalistes sur notre territoire, plus de réalisateurs, plus d’Alex, plus d’équipe documentaire, plus personne", raconte Alex Pritz.
"Il a fallu que nous ayons une conversation avec lui : est-ce qu’on a fini le film ? est-ce qu’on a tout ce qu’il nous faut ?… est-ce qu’on commence à monter ?", poursuit-il.
"Bitate a été très clair : on, nous n’avons pas fini. Nous avons encore beaucoup de travail. Vous n’aviez pas fini avant, pourquoi auriez-vous fini maintenant ?", se remémore le réalisateur.
Et le chef de tribu d’ajouter :
Envoyez-nous simplement de meilleures caméras, envoyez-nous du matériel audio et on tournera et produira la fin du film.
Résultat : un "modèle de co-production" où un cinéaste Uru-eu-wau-wau est crédité comme directeur de la photographie et où la tribu a plus largement participé à la production, avec une part des profits et leur mot à dire dans les décisions commerciales en termes de distribution.
La décision de fournir du matériel aux Uru-eu-wau-wau et de les former a permis d’apporter un "point de vue direct" sur les activités de la tribu, y compris lors des patrouilles en vue d’arrêter les intrus.
"J’avais tourné quelques missions de surveillance moi-même, aucune ne s’est retrouvée dans le montage final !", sourit M. Pritz. "Pas parce qu’on voulait changer de réalisation, mais parce que c’était plus viscéral, plus immédiat".