"Le Marché Matinal" était consacré ce mardi à la taxe sur les billets d’avion. Le principe de la taxe a été validé à l’automne. Il y a eu un accord politique en décembre, mais il a fallu attendre vendredi dernier pour qu’un texte définitif soit validé par le gouvernement Vivaldi, et ce, à la suite des décisions concernant l’énergie, raison pour laquelle on a d’ailleurs assez peu parlé de cette taxe ces derniers temps.
Le texte, qui est définitif au niveau politique, doit maintenant passer au Conseil d’État. Mais désormais, on sait enfin à quoi ressemble cette " taxe sur l’embarquement dans un aéronef ".
À partir du 1er avril, quiconque en Belgique achète un billet d’avion au départ d’un aéroport situé sur notre territoire devra s’acquitter de cette taxe d’embarquement. Si votre vol vous emmène à moins de 500 kilomètres, vous payerez 10 euros. Cela concerne donc les vols, par exemple, vers Zurich, Londres, Francfort.
Attention, précision importante, les vols de transit ne sont pas concernés. Si vous prenez donc un vol transatlantique avec un transit via Amsterdam ou Francfort, par exemple, vous ne pourrez pas cette taxe.
Si le vol est plus long que 500 kilomètres, ça dépend de la destination. Si vous volez en Europe, Suisse et Grande-Bretagne comprises, vous payerez deux euros. Si, par contre, vous quittez les frontières européennes, vous devrez vous acquitter de quatre euros.
Le secteur, que ce soit les compagnies ou les aéroports, reste silencieux, prétextant le fait de n’avoir pas encore vu le texte. L’Institut wallon de l’évaluation, de la prospective et de la statistique (IWEPS) a cependant publié une étude concernant l’avenir des aéroports wallons. Pour Jean-Luc Guyot, l’un des deux co-auteurs de cette étude, il n’est pas vraiment surprenant que le secteur aérien soit mis à contribution par l’État.
Rendement budgétaire
"Le secteur aérien, que ce soit en matière de transport de passagers ou de fret, a quand même jusqu’à présent bénéficié de pas mal d’avantages au niveau fiscal, et cela au niveau international, puisque, par exemple, la taxation sur le carburant, le kérosène est très faible, si pas inexistante dans la plupart des cas. Donc, effectivement, si on réfléchit en termes de justice, il est peut-être compréhensible que le secteur se voie soumis à une contribution un peu plus marquée que ce qu’elle a été par le passé", déclare Jean-Luc Guyot.
Cette taxe sur l’embarquement serait-elle de nature à modifier le comportement des voyageurs ? Seul le temps le dira. En tout cas, le principe écologique de la taxe, où il était question de favoriser les déplacements en train pour les courts déplacements, a été mis de côté en faveur d’un rendement budgétaire en taxant cette fois-ci tous les vols.
Cette taxe n’est donc pas très verte, mais elle préfigure tout de même un certain changement de ton pour le secteur aérien. La Commission européenne veut une taxe sur le kérosène en 2023 et au sein même du secteur, selon Jean-Luc Guyot, de l’IWEPS, des voix se font entendre pour évoluer.
Selon lui, "il y a une véritable prise de conscience que la question de la transition énergétique s’avère nécessaire. Ce n’est pas nécessairement un discours qui est promu par des anti-aériens, c’est aussi un discours qui est tenu par les gestionnaires conscients du secteur aérien. Et je pense qu’il y a une conscientisation qui est très forte dans certains pays, notamment en France, et ici en Wallonie, je pense qu’il y a déjà des mouvements qui s’enclenchent sur le biocarburant ou des alternatives au kérosène. C’est donc un mouvement qui doit s’amplifier si on veut atteindre les objectifs fixés, notamment en termes de décarbonation à l’horizon 2050. La vitesse de transition reste lente".
Rendez-vous donc en 2023 pour la taxe sur le kérosène. En attendant, cette taxe sur l’embarquement en Belgique est surtout symbolique et ne devrait guère changer nos habitudes.