Haydn l’écrit dans le courant des années 1790, l’œuvre est en tout cas publiée en 1797. À cette époque, Haydn est âgé d’une bonne soixantaine d’années, autant dire qu’il connaît son métier. On sent dans cette musique toute la liberté qu’il s’octroie dans l’écriture d’un Trio, qui reste une œuvre plutôt courte, destiné aussi à être joué par des amateurs, dans des salons. Cette créativité se ressent dès l’écoute des premières notes, avec cet assemblage de pizzicatos aux cordes, d’appogiatures à la main droite du piano et de staccatos à la main gauche. C’est simple, efficace et c’est un petit coup de génie d’instrumentation ! Le deuxième mouvement, là aussi, propose à la fois une audace formelle réjouissante et en même temps un retour à l’époque baroque : après un étrange unisson aux trois instruments, le piano se lance seul, et longtemps, dans un monologue à deux voix, grand espace entre les deux mains avant de se voir rejoindre par ses deux compères et d’achever comme une improvisation ce mouvement génial. On y croise une basse comme celle d’une Passacaille baroque, la cadence finale fait penser à certains concertos de Bach, et le tout sonne comme du Beethoven, "bref", nous dit Pierre Solot, "c’est dingue !". Le final est tout joyeux, plus traditionnel, mais clôt une œuvre de maturité absolument délicieuse…