Dans la Table d’écoute de ce dimanche 8 janvier, Pierre Solot convoque des esprits tout aussi affûtés que le sien pour discuter du Quatuor n°1 en la mineur opus 41 composé par Robert Schumann. Autour de la table de notre animateur, le musicologue Jean-Marc Onkelinx, ainsi que deux membres du Quatuor Tana, la violoncelliste Jeanne Maisonhaute et le violoniste Antoine Maisonhaute.
Pour cette table, nous nageons en plein XIXe siècle puisque nous nous penchons sur un Quatuor à cordes de Robert Schumann mais aussi sur un moment, une année décisive pour le compositeur allemand. Printemps 1842, son épouse Clara part pour la première fois en tournée. Le compositeur reste à la maison et se met à étudier les quatuors à cordes de ses prédécesseurs Mozart, Haydn surtout, et puis des quatuors de Beethoven qu’il tient légitimement en haute estime. Il étudie le contrepoint, la fugue, il se fait studieux pendant que Clara se fait applaudir un peu partout sur les scènes d’Europe.
C’est ainsi qu’aux mois de juin et juillet 1842, il va écrire 3 quatuors à cordes, les Quatuors opus 41, les seuls qu’il écrira. C’est donc une inspiration, une poussée créatrice vigoureuse qui préside à l’écriture de ces pages devenues essentielles pour le répertoire romantique des quartettistes. Quand on sait à quel point l’écriture pour quatuor à cordes a torturé les compositeurs de toutes les époques, et notamment ceux qui ont suivi Beethoven et ses expérimentations miraculeuses, la rapidité avec laquelle Schumann écrit ses Quatuors est particulièrement étonnante. Un coup de génie.
Le Quatuor en la mineur le premier de ces trois Quatuors, est écrit au tout début du mois de juin 1842, en seulement quatre jours. Il va le dédier, comme les deux autres, à son ami Félix Mendelssohn, dont les Quatuors opus 44 avaient été créés quelques années plus tôt, et faisaient à la fois l’admiration et l’inspiration de Robert Schumann. Mendelssohn en fut tout ravi. On perçoit aisément dans ces Quatuors à cordes de Schumann la volonté de déborder la forme-sonate, sans complètement y parvenir. On notera quand même l’étonnant rapport harmonique de ce premier Quatuor en quatre mouvements, oscillant entre les tonalités de la mineur et fa majeur de manière étonnante.