A la veille du week-end, un courrier de l’ensemble des hôpitaux de la province de Liège indiquait qu’ils étaient au bord de la saturation. D’ici ce lundi, ces hôpitaux seraient dans l’impossibilité d’accueillir les patients qui en ont besoin. Qu’il s’agisse de patient Covid ou non. Le docteur Philippe Devos est président du syndicat médical ABSyM, mais il est aussi médecin aux soins intensifs du CHC de Liège. Il confirme que la situation s’est dégradée et que les places manquent pour accueillir les patients.
"Mon hôpital est dans les difficultés qu’il craignait […] on a maintenant dépassé les 100 patients Covid. Cet afflux massif va empêcher d’admettre les patients qu’on devait opérer aujourd’hui, en tout cas empêcher d’en accueillir une partie. Donc on est en train d’arrêter tout ou presque. Il reste encore quelques places en province de Liège en hospitalisation, donc je ne parle pas de soins intensifs, je parle bêtement de places d’hospitalisation", indique le médecin liégeois.
On va déjà coincer aujourd’hui
Il estime que ce lundi il reste à peine une quarantaine de places disponibles pour des hospitalisations et cela pour l’ensemble de la province de Liège. "Ces places ne vont absolument pas suffire pour gérer le flux de patients Covid d’aujourd’hui et simplement les accidentés de la route et toutes les autres choses qui continuent. Donc on va déjà coincer aujourd’hui, c’est une certitude".
Le pic de mars-avril atteint dans quinze jours
Selon les projections actuelles, on pourrait atteindre le pic d’hospitalisation de mars-avril d’ici quinze jours. Comment en est-on à nouveau arrivé là ? S’agit-il d’un manque d’anticipation ?
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Pour le Dr Devos, la réponse n’est pas évidente et il pointe plusieurs facteurs comme le manque d’anticipation, ou la lassitude de la population. "Ce n’est pas du tout la même chose d’aller faire un effort pendant deux mois que d’aller faire un effort pendant encore six-sept mois. Le port du masque est pénible pour tout le monde. La distanciation sociale aussi. De ne plus voir ses proches, c’est soutenable quelques semaines, c’est plus difficilement soutenable quelques mois". Le docteur ne souhaite blâmer personne mais inviter à "se serrer les coudes" pour arriver à se sortir de cette situation.
On est dans une situation pire qu’en mars depuis hier
Il estime que la situation actuelle dans sa province est particulièrement grave et que de l’aide extérieure est nécessaire : "Nous, en province de Liège, on a dépassé les chiffres de mars depuis ce week-end. On est dans une situation pire qu’en mars depuis hier. Voilà, j’espère qu’on va être aidé par le Limbourg et par les autres provinces autour de nous parce que sinon, ça va être vraiment très compliqué, même de pouvoir faire des soins autres que le Covid, ça va être compliqué. Soigner une fracture de hanche, ça va être compliqué, soigner des choses que nous soignons d’habitude de manière simple. C’est exactement ma crainte et ce que j’exprimais début mars et on y est. Dans les épidémies, souvent les deuxièmes vagues sont plus fortes que les premières parce qu’il y a une lassitude qui s’installe et une désobéissance politique et de la population par rapport aux mesures de base, aux mesures de base qui sont toujours la même."