Une plainte déposée au comité P : que s'est-il passé dimanche à Bruxelles, à l'issue de la manifestation contre la "justice de classe" ?

Que s'est-il passé dimanche, à l'issue de la manifestation contre la "justice de classe" ?

© NICOLAS MAETERLINCK - BELGA

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Par Tom Denis avec Barbara Boulet

Un rassemblement était toléré ce dimanche de 14 heures à 14h45 sur l’esplanade du Mont des arts à Bruxelles mais n’était pas officiellement autorisé. Cette manifestation a rassemblé entre 100 et 150 personnes. Elle s’est dans un premier temps déroulée dans le calme.

À l’issue de celle-ci, un important dispositif de police a été mobilisé et finalement 232 personnes ont été interpellées. Certaines d’entre elles affirment avoir été tabassées par la police.

Ils étaient 5 à me donner des coups de pied

Un adolescent de 16 ans qui était invité à s’exprimer dans le cadre d’une conférence de presse organisée par le PTB explique qu’il discutait tranquillement en fin de manifestation à un arrêt de bus avec quelques copains. À ce moment-là, il a été encerclé par des policiers qui lui ont lié les mains à l’aide de colsons. Il est ensuite emmené à la caserne d’Etterbeek, où il s’est retrouvé avec une trentaine d’autres entassés dans une cellule. Il était calme, dit-il.

"Des policiers sont arrivés dans ma cellule. Ils m’ont appelé par mon nom pour savoir si c’était bien moi. J’ai répondu en pensant que j’allais sortir. Un premier policier m’a ensuite donné une tape sur la tête, un autre m’a foutu à terre. Ils étaient cinq à me donner des coups de pied. Je leur demandais de s’arrêter et ils me répondaient par des 'ferme ta gueule'".

Avant ça, un autre témoin nous racontait des faits similaires : "Une policière est venue avec trois, quatre autres policiers. On les a vus rentrer dans les cellules. La policière a foncé sur un jeune et lui a mis deux gifles. Un autre policier s’est jeté sur lui et lui a donné un coup de poing pour ensuite le maîtriser au sol".

Alors que plusieurs témoins dénoncent des violences physiques, d’autres décrivent des provocations, des menaces et propos insultants de la part de policiers. C’est le cas d’une adolescente de 17 ans : "Le policier qui était avec nous dans le fourgon a dit que 'ça puait la femme ici, que c’était dégueulasse'".

Autre témoignage : celui d’un passant, présent par hasard sur le lieu de dislocation de la manif. Il dit avoir vu une voiture de police heurter violemment un manifestant. "Cette voiture a percuté un jeune homme qui courait sur la rue. Ce jeune homme a rebondi de la voiture sur un fourgon de police et s’est cogné au sol. Le choc a été extrêmement violent. Deux, trois secondes après, il s’est relevé en titubant".

La plateforme citoyenne "Justice pour Mehdi" nous confie avoir été contactée pour une douzaine de faits différents. Et de manière générale, les témoins s’accordent sur "la disproportion des moyens policiers mobilisés" pour "une manifestation qui s’est déroulée entièrement dans le calme".

La police justifie les forces déployées : "Certains voulaient casser"

Contactée, la zone de police Bruxelles-Capitale/Ixelles explique que les moyens étaient justifiés après l’analyse du risque. "Certains", dit la porte-parole, "avaient l’intention d’aller casser". S’il y a eu tant d’arrestations, après une manifestation sans incident : "c’est que les manifestants n’ont pas obtempéré à la demande de dispersion". Quant aux accusations de violences, elle dit "ne pas être au courant. Aucune plainte n’a été déposée ce lundi". La police précise également qu’en cellule, des urinoirs ont été arrachés. "Cela pourrait expliquer des interventions policières".

Une plainte déposée ce mardi au comité P

Ce mardi en début d’après midi, la police des polices, le comité P annonçait finalement avoir reçu une plainte concernant le dossier. Nous avons par ailleurs contacté la Ligue des Droits Humains et son observatoire des violences policières "police Watch". Elle a effectivement reçu des plaintes en phase d’analyse mais, déjà, se dit interpellée par la nature et le nombre de faits relatés.

De nombreux mineurs interpellés, le bourgmestre réagit

86 mineurs faisaient partie des personnes interpellées. Le bourgmestre de Bruxelles, Philippe Close, a été interpellé ce lundi soir au conseil communal par le PTB sur les circonstances de ces arrestations : "Les 86 mineurs ont été remis le plus vite possible aux parents. Toutefois, quinze mineurs entre 15 et 17 ans, dont les parents ne désiraient pas venir ont été déposés à la gare centrale. D’autres plus jeunes ont été déposés à leur domicile hors de la Région bruxelloise", a exposé le bourgmestre avant de déplorer l’attitude de certains parents.

"Une jeune de 15 ans habitant Chimay a été remise à ses parents, seulement après avoir dû insister auprès de ceux-ci. Une autre jeune de 12 ans d’Anderlecht a été confiée à des amis de la famille. Un procès-verbal sera rédigé pour mineur en danger car les parents n’ont pas désiré venir la chercher. C’était ce à quoi les policiers étaient confrontés", conclut Philippe Close.

Les 232 personnes ont toutes été libérées au plus tard vers minuit.

Reportage dans notre 19h30:

Plainte devant le Comité P suite à une manifestation organisée dimanche

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